Accueil > Les interdits de Redeker : Bernard Lallement soutient Bellaciao... Merci Bernard

Les interdits de Redeker : Bernard Lallement soutient Bellaciao... Merci Bernard

Publie le mercredi 4 octobre 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Bernard Lallement

Dans un état démocratique nous ne pouvons admettre qu’’il puisse être porté atteinte à la vie d’un homme à cause des idées qu’il exprime, fussent-elles injustes ou partisanes.

Il faut donc condamner, sans réserve, les menaces dont Robert Redeker fait l’objet pour une tribune sur l’Islam, publiée par Le Figaro. Toutefois, chacun connaît, ou devrait connaître, l’islamophobie dont le professeur de philosophie est coutumier. Déjà le 22 novembre 2001, dans une opinion du Monde, il relevait qu’aucune idéologie n’est plus rétrograde que l’islam, et, par rapport au capitalisme dont les Twin Towers, dans leur majestueuse beauté figuraient le symbole, la religion musulmane est une régression rebarbarisante.

Et, peut-être, pourrait-on attendre d’un philosophe une articulation un peu plus fine dans ses jugements que celle de voir en "Jésus un maitre d’amour" et en "Mahomet un maître de haine."

J’ai eu l’occasion de le dire ici, la liberté d’expression est absolue et ne peut fluctuer en raison des caprices du temps. Pour autant, parce qu’il est en situation dans son époque, pour reprendre une expression du fondateur des Temps modernes dont Redeker est aujourd’hui membre du comité de rédaction, l’intellectuel a une responsabilité particulière dans ses propos : celle de faire sens en prenant garde de ne pas confondre le monde des passions avec celui de la raison.

Il semble qu’à l’ombre du Capitole cette distinction ne fasse pas toujours recette. C’est bien dommage pour la philosophie, dont le fondement faut-il le rappeler est la Sagesse et pour notre démocratie, dont les principes républicains célèbrent la tolérance.

La vérité naît du débat, jamais de l’anathème ou de l’exclusion, et toute violence est la manifestation d’un échec rappelait, fort à propos, Sartre.

Il n’est pas question de se lancer dans une discussion byzantine, et sans fin, sur les qualités belliqueuses éventuelles des sourates du Coran opposées à celles des versets de la Bible, mais de relever que cette nouvelle intrusion du religieux dans la vie publique est le symptôme d’une société forgée du sceau de l’intolérance et de l’impossible altérité.

Guerres et religions ont, de tout temps, fait bon ménage et l’évangélisation des peuplades lointaines a souvent été le prétexte au pillage de la richesse des territoires conquis. Tous les dictateurs ont invoqué Dieu et permirent, en son nom, toutes les exactions. Les textes sacrés servent les mêmes alibis que ce soit à Téhéran ou à Washington.

Certes, l’absence d’institution coranique, où le spirituel serait indépendant du temporel, n’est guère propice à une autocritique et une actualisation de la religion du Prophète. Et, dans notre tradition judéo-chrétienne, le Christ n’a cessé de nous mettre en garde contre les clercs et les lévites. Il suffit de relire la parabole du Samaritain pour s’en convaincre. Quant à la laïcité, elle connaît aussi ses dévots dont les vaticinations sont parfois élevées au rang d’un Discours de la Méthode.

Aussi, est-ce bien du côté de l’homme, et de lui seul y compris avec ses imperfections, qu’il nous faudra résoudre le défi du « vouloir vivre ensemble » cher à Hannah Arendt.

Ordre, autorité, nation

Malheureusement, nous avons renoncé à construire un espace commun de dialogues et d’entendements. La pensée unique, qui nous sert de charpente intellectuelle, ne véhicule plus que des concepts aux contours flous convergant tous vers les notions d’ordre, d’autorité et de nation.

Ordre : Celui revendiqué par Mahmoud Ahmadinejad et combattu par Georges W Bush. Celui maintenu par un Nicolas Sarkozy auquel s’oppose l’ordre juste d’une Ségolène Royal, etc.

Autorité : Celle de la Loi, y compris religieuse, de l’Etat, de la Justice, des Maîtres sur les élèves, des parents sur leurs enfants, etc.

Nation : La défense de celle d’Israël menacée, celle espérée d’une Palestine. L’honneur au drapeau que l’on retrouve, maintenant, dans tous les discours de la planète, etc.

Je vous laisse le soin de collationner, dans l’actualité, toute une cohorte d’exemples signifiants.

La démocratie d’opinion en sacralisant l’individualisme a généré un philosophisme de la protection. Il s’agit moins d’affirmer sa liberté que de dénoncer ce qui serait susceptible de l’entraver. Dans ce contexte paranoïde nous en venons même à implorer des législations liberticides pour pouvoir, enfin, revendiquer notre condition d’être libre à l’encontre de cet autre, mythique, cause de tous nos maux : L’étranger, forcément, sur lequel l’opprobre scelle la cohésion d’un peuple en plein désarroi tandis que la vacuité intellectuelle installe l’interdit en nouvelle rhétorique. A croire qu’il suffit de subir pour exister.

Pourtant, nous avons été avertis de ces instants de repli où, tout vacillant autour de nous, aucun devenir ne semble perceptible.

Ainsi, après le congrès de Tours les « néo-socialistes » de la SFIO devinrent majoritaires, au sein du groupe parlementaire, avec à leur tête Pierre Renaudel, directeur de l’Humanité et Marcel Déat, fondateur du réformisme.

Ils créeront le Parti socialiste de France (PSdF), dont le slogan était justement « Ordre. Autorité, Nation », qui plus tard fusionnera avec le Parti socialiste français.

Après la débâcle de 1940, Déat fonda le Rassemblement national populaire et devint ministre de la guerre et de la solidarité nationale du gouvernement de Pierre Laval. Condamné à mort, par contumace, il réussira à s’enfuir vers l’Italie, aidé par l’Eglise, où il finira ses jours à San Vito (près de Turin).

Sociologue, agrégé de philosophie, Marcel Déat symbolise, comme beaucoup d’autres de cette époque, le naufrage de l’intelligence.

L’histoire ne repasse jamais les mêmes plats prophétisait Hugo. Rien n’est moins sûr.

http://sartre.blogspirit.com

Messages

  • "islamphobie" est un concept médical, fogé par les islamistes, au service du prosélytisme islamiste.

    A bas toutes les religions, a bas tous les prosélytes religieux !

    • oui oui oui et continuons A bas tous les pouvoirs qui vous maintiennent engoncés dans vos peaux de betes qui,n’est-ce pas ,ont aussi des chefs,une hierarchie et gnagnagna...
      cela prouve que cet etat ne doit rien a la pensee humaine .Tout ce que vous etes arriver a faire c’est d’etablir le moins pire des systemes confirmant, en passant , que le pouvoir releve du pire .La pensee specifiquement humaine s’ est developpee en dehors,contre pets et dhiarrées,vive comme le vent,pleine comme la mer,infinie comme la nuit sous les etoiles, là ou seuls les reves de liberte pleinement comprise et voulue arrivent ...

      CH@T

    • Robert REDEKER :
      Distinguons son méfait de la menace qu’il subit !

      Mon souci tient en deux points : d’une part la forte montée du racisme contemporain qu’il faut combattre sous toutes ses formes et d’autre part la nécessité de maintenir l’esprit critique y compris contre les fétiches religieux et le droit d’expression qui le permet.

      Aujourd’hui la critique sévère à la limite du racisme de Robert REDEKER contre l’islam provoque des menaces de mise à mort. Comment prendre position ?

      Avant de se poser la question de la solidarité (2) il faut savoir dire si les propos étaient racistes ou non. La critique de la religion ne peut-elle pas déboucher sur des propos racistes ? Si oui à quel moment situé le dérapage raciste ? (1)

      1 - Le moment du dérapage raciste :

      Ces affaires de racisme implicite ou explicite ayant pour point de départ la critique de la religion méritent de distinguer les champs d’expression. Ce n’est pas si aisé. Gerard KERFORN ne tranche pas nettement en faveur du racisme (cf site MRAP-Landes) alors que Pierre TEVANIAN a dit l’essentiel en "dix remarques sur un collègue" sur Bellaciao à propos du texte de Robert Radeker . Un second texte de Pierre TEVANIAN concernant la position de la FSU montre que les choses ne sont pas si claire pour tous. Je vais essayer de poser les élements de clarification.

      La critique des religions, même sévère, est une conquête de libération historique de l’homme contre les fétichisme qui veulent le rabaisser, le soumettre, l’agenouiller. Mais cette critique ne saurait sortir de son champ, sortir de sa route par dérapage racisant. Quand sort-on du champ licite ?

      1 - Il est évident que l’on peut critiquer les religions toutes les religions.

      Il est d’ailleurs aisé de trouver de quoi le faire, qu’il s’agisse de la religion juive, catholique ou musulmane. La critique porte en général sur les textes sacrés ou sur les propos des maïtres religieux . Elle peut aussi porter sur des pratiques religieuses, celles mises en application des textes ou par coutume religieuse. Mais la critique de la religion doit rester la critique de la religion.

      2 - Or, le racisme n’en reste pas là.

      La critique n’est que le prétexte, le moyen. L’interprète dira que le texte de telle religion contient des éléments de violence. Soit. Ou il dira, en plus nuancé : "le texte de telle ou telle religion contient beaucoup plus d’éléments négatifs que positifs". Là encore, à mon avis, pas de problème. On a le droit d’opinion. Le propos peut être "scientifique" ou idéologique. Il est dicible et bien sûr criticable à son tour.

      3 - Mais, la pensée raciste va plus loin que de dire son "opinion" sur une religion donnée.

      Elle passe au réel, aux "gens" en globalisant. Autrement dit, elle affecte le "négatif" de sa critique à des personnes mais sans distinction. Là ce n’est plus la religion qui est concernée.Ce sont ses adeptes. Et pas des adeptes critiqués pour tel ou tel pratique, comme par exemple l’exhibition de signes hostensibles mais des adeptes critiqués globalement. Ils sont essentialisé sous une caractérisation globalisante. Ce n’est alors plus une opinion.

      Voici ce que dit la pensée raciste : Les gens de tel continent sont adeptes de telle religion dont j’ai dit tout le mal. Là ce sont bien les croyants eux-même qui sont qualifiés négativement. Cet essentialisation d’une religion combinée à l’essentialisation d’un peuple suffit pour dire ce n’est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste. Robert Redeker relève de ce régistre

      4 - Mais bien souvent le racisme va plus loin.

      La critique de la religion n’est qu’un point de départ. Ils disent : Tel peuple croit en une mauvaise religion ; mais aussi tel autre peuple croit en une bonne religion. Nous sommes dans le cas d’une comparaison hiérarchisante classique du racisme.

      2 - La question de la réaction à la violence raciste

      En fait je vois trois questions sur cet aspect.

      A) - Ces menaces sont injustifiées.

       Réponse ambigue : La réponse du MRAP laisse entendre que non tout en faisant le lien entre les propos et les menaces. Mouloud a parlé en quelque sorte de réponse disproportionnée. Ce qui donne lieu à une offensive de Respublica sur le net.

       Réponses claires mais sur fondements différents :
      Cela constitue les points 1et 2 des "Dix remarques à un collègue" de Pierre Tévanian sur Bellaciao.
      C’est clair aussi dans la position de Gérard Kerforn publiée sur le site MRAP Landes

      B) - Qu’elles sont les motivations de ces menaces ?

      Les mollahs lancent-ils la guerre contre ce racisme ou contre le blasphème de leur fétiche. Les maîtres spirituels ne s’adonnent pas en général à ce genre de riposte. Ils reconnaissent que dans leur camp il y a des tarés. Il y a des tarés dans toutes les grandes religions. Il y a aussi des personnalités plus réfléchies dans toutes les religions. La théologie de la libération promeut beaucoup plus l’égalité des sexes, la laïcité et appelle à participer auxluttes contre toutes les formes de domination, d’exploitation, d’oppression.

      C) - Que faire face aux menaces ?

      Face aux menaces de mort contre Robert Redeker, il faut le protéger mais pas aux côtés des racistes .
      Faut-il s’accoquiner avec certains républicains qui par dogmatisme aveugle sur la laicité ignore le moment du dérapage raciste. Je pense que non.

      Christian Delarue
      Secrétaire national du MRAP

    • Je ne suis pas lecteur du FIGARO, c’est la raison pour laquelle je ne suis pas touché par les élucubrations de ce REDEKER qui sont conformes à un état d’esprit correspondant à ce qu’attendent les lecteurs de ce journal. Ses écrits d’intellectuel de droite enfoncent des portes ouvertes de la bêtise et du racisme , à la manière du conformisme conservateur antisémite des années 30. L’antisémitisme était tellement "naturel", qu’on le trouvait tout aussi "naturellement" dans les oeuvres parmi les plus reconnues de la littérature, dans le journalisme quotidien (au Figaro par ex.) .. . Redeker n’a pas besoin de moi pour défendre une liberté d’expression dont ne bénéficie pas tout le monde dans les médias, cette "menace" d’origine prétend-t-on , religieuse tombe à pic pour nous faire croire à l’existence une presse libre chez les défenseurs du CAC 40 .

  • Depuis quelques temps, s’est répandu un étrange concept, celui de « civilisation judéo-chrétienne », généralement destiné à être opposé à l’Islam dans le cadre du « choc des civilisations ». Bien que vous soyez vous-même très loin d ’adhérer à l’idée de ce fameux choc, vous cédez pourtant à l’air du temps en utilisant une ou deux fois ce concept aussi mal défini que fréquemment utilisé.

    Je me permettrais de suggérer à ceux qui opposent à l’Islam une prétendue civilisation judéo-chrétienne, d’ouvrir le premier dictionnaire venu, et d’avoir la patience de compter les mots français provenant de l’Hébreux, et ceux de racine arabe. Ils seraient surpris. Tous les penseurs, artistes, créateurs, inventeurs juifs, et ils sont très nombreux, qui ont contribué à la civilisation occidentale, étaient fondus en son sein. Leur apport n’est pas juif. Il est occidental. La preuve ? Comparez cette richesse de la diaspora juive historique à la désolante stérilité israélienne contemporaine.

    S’il y a eu quelque part, à un moment donné, une symbiose créatrice du Judaïsme en tant que tel avec une autre culture, c’est plutôt en Andalousie, et avec… l’Islam.