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PCR : Si on pense qu’on a raison d’aller à contre-courant, alors il faut y aller...

Publie le mardi 17 octobre 2006 par Open-Publishing

Et elle s’en est allée, à contre-courant

LIBRES PROPOS

QUAND ces quelques lignes arriveront chez vous, Maud Fontenoy aura quitté notre île depuis un peu plus de quinze heures. Sûrement que certains d’entre nous l’auront pendant un long temps suivie du regard, à la jumelle ou accompagnée avec un “voilier à moteur”, le temps qu’elle disparaisse au bout de l’horizon ou que, d’un ultime geste - le dernier avant quelques semaines - elle ait fait signe qu’il faut maintenant la laisser assumer son choix.

Paul Vergès - toujours sage et plus visionnaire que jamais - a sans aucun doute ému cette fille de Meaux qui eut un jour le coup de cœur pour notre île. C’était jeudi dernier à Stella Matutina.
Les journalistes ont eu la bonne idée de zoomer sur l’échange... disons politico-poétique... qui eut alors lieu entre le Président et la jeune femme.
"Vous êtes une grande leçon pour les hommes politiques de cette île, dira Paul. Si on pense qu’on a raison d’aller à contre-courant, alors il faut y aller..." Et encore : "Si certains pouvaient se retirer quelque temps pour réfléchir, alors vous aurez été une pédagogue efficace"... Et puis encore : "Quels que soient les vents, il faut savoir où on veut aller..."

En grande dame chez qui la valeur n’a pas attendu le nombre des années, Maud sut se placer à la hauteur de cet hôte dont elle avait dit à plus d’un qu’elle rêvait de le rencontrer : "Quelle que soit la tempête, répondra-t-elle, elle finit toujours par passer... L’objectif, c’est de tenir le coup jour après jour sans se demander combien de temps cela va durer... Et puis, comme une vérité mille fois vérifiée : "Le plus dur, c’est de dire au revoir. Le départ, c’est quand il n’y a plus personne, plus de téléphone. Il n’y a plus qu’à assumer"...

Maud Fontenoy est partie pour une grande boucle, "une ronde" chanteraient les écoliers et les écolières qui entreront en contact avec elle depuis leurs écoles de France et d’ici. Elle nous reviendra dans un peu moins de cinq mois ou un peu plus de quatre.
Je vous fais le pari qu’elle n’aura pas vieilli d’un jour ni d’une ride quand son “L’ORÉAL” franchira alors dans l’autre sens le chenal de notre Port.
C’est que, à contre-courant, on avance dans le temps tout en le remontant jusque ses dernières sources.

À contre-courant, on réfléchit pour demain en s’appuyant sur tous nos hiers... À contre-courant, on s’enrichit de tout ce que l’on endure, avec pour compagnons tout ce qui peuple les océans et s’y meut sans les soucis qui hantent nos quotidiens. Là-bas, à contre-courant, tout est immense, loin de nos bruits tellement dérisoires... Tout est si calme qu’on ne craint pas le danger puisqu’il ne surprend jamais : il est présent...
Tout est grandiose, unique, à la dimension de notre audace et de nos rêves de vie...

Là-bas, à contre-courant, une jeune femme mesure combien la Terre est ronde et se demande elle aussi : quelle idée d’appeler “Terre” cette planète alors qu’elle est pleinement “Océan” ? Et puis, avec un petit sourire d’humilité, elle se rappelle encore une fois pourquoi “là-bas”, mille peuples l’attendent.

R. Lauret

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