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Le Monde sur la conférence nationale du PCF

Publie le vendredi 20 octobre 2006 par Open-Publishing
11 commentaires

AVEC OU SANS MARIE-GEORGE

LE MONDE | 20.10.06

Une présidentielle 2007 sans candidature communiste ? La question ne semble plus incongrue. Pour la première fois depuis trente ans, l’éventualité que le PCF s’efface derrière une autre candidature, si les collectifs de la gauche radicale décidaient de lui préférer José Bové, Clémentine Autain, Yves Salesse ou un autre outsider, est ouvertement discutée par les militants.

Après la divine surprise de la victoire du non au référendum européen de mai 2005, les communistes se sont découvert des affinités avec toute une galaxie de gauche non socialiste. L’éternelle alternative - alliance avec le PS ou candidature identitaire - est devenue caduque.

Le débat a traversé tout le parti et doit être tranché les 21 et 22 octobre, lors d’une conférence nationale réunie à Villejuif (Val-de-Marne). Faut-il présenter Marie-George Buffet dans le cadre du "rassemblement antilibéral" ou accepter de se faire représenter par un autre candidat ? Faut-il maintenir une candidature PCF coûte que coûte ? Absent aux présidentielles de 1965 et 1974, le PCF s’est toujours présenté depuis sous ses propres couleurs. Tour de piste avant le choix décisif dans trois bastions historiques du parti.

Quartier de la Rose à Marseille, ancien fief de Guy Hermier, figure du communisme marseillais, mort en 2001. La cité du Frais Vallon, hautes tours en lente dégradation, jouxte un quartier en pleine rénovation. Ce lundi 16 octobre, 25 militants sur les 120 cotisants ont fait le déplacement. Têtes grisonnantes, peu de femmes. La position du parti de présenter Mme Buffet comme candidate du rassemblement occupe la majeure partie de la discussion.

"PEUR QU’ON FERME LA PORTE"

Liliane Chouraqui, retraitée de la Poste, au long passé communiste, s’estime "satisfaite" de la ligne de la direction : "J’avais peur qu’on ferme la porte qu’on avait ouverte après le 29 mai, souffle-t-elle d’entrée. Le parti ne peut pas exister pour lui-même et se taper sur la poitrine en disant ’on est les meilleurs’. Ça a été l’engagement de toute ma vie, mais il faut qu’il change." Mais très vite, elle précise : "J’ai du respect pour l’action que mène Marie-George : elle est très capable de mener la campagne, mais ce ne sera pas forcément elle. L’important, c’est de rassembler pour faire changer la vie des gens." L’assemblée sourit, Liliane a longtemps été un pilier de la ligne.

Gilles Lebolay, retraité et président d’une association de locataires dans une cité HLM, embraye : "J’ai une préférence de coeur, c’est Marie-George. Mais est-ce que tous les autres suivront ?", interroge-t-il, raide dans son polo crème.

"Si c’est elle qui était retenue par les collectifs, je serais satisfaite, sinon je n’en serais pas surprise ni déçue", assure Catherine Pontais, professeure de sport, la cinquantaine. "Après l’expérience de la gauche plurielle, nous ne sommes pas forcément perçus comme une garantie de crédibilité."

D’autres préfèrent la boutade pour faire sortir leur aveu : "On a toujours dit que ce n’est pas la personne qui compte mais le programme. On a bien voté pour Chirac, pourquoi on ne pourrait pas voter pour une autre candidature que la nôtre si on défend les mêmes choses ?", lance Sébastien Tomasi, maçon à la retraite, de sa voix rocailleuse. L’assistance s’agite, presque choquée, mais finit par rire.

Moins surprenant, la tonalité était identique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), une semaine plus tôt. Le député rénovateur Patrick Braouezec écoute la cinquantaine de participants rassemblés à la Bourse du travail. La section est acquise à l’"ouverture du parti", qu’il prône depuis longtemps, mais aussi très attachée à l’identité communiste.

ANCIENS ET MODERNES

Jean-Claude Cluzel, enseignant à la retraite, se lève : "Je vous avais prévenus : si on veut que le rassemblement soit efficace, cela ne peut pas être Marie-George. Et si le parti décide quand même d’y aller, on ira à la catastrophe", assène ce vieux militant. Pour Serge Mairesse, salarié à l’aéroport de Roissy, c’est la conception même du parti qui est en débat : "Ça fait vingt-cinq ans que je suis communiste. J’ai fait la campagne de Marchais, puis Lajoinie. Hue je n’ai pas pu... Si on en est encore à l’idée du parti au coeur du rassemblement, moi je ne reviens plus !", s’énerve-t-il, tout rond dans son bleu de travail.

Face aux "vieux" qui monopolisent les premières interventions, Benoît Roblin, assistant social, la trentaine, se risque : "Je n’ai jamais vu le parti aussi fort que dans la campagne unitaire du 29 mai. Je vous rappelle que, tout seul, le parti a fait 3,34 % en 2002."

Mardi 17 octobre, Vierzon (Cher). Dans cette ville ouvrière, le PCF demeure une force politique qui pèse. 65 militants se sont déplacés. Une majorité de cheveux gris mais un plaisir manifeste d’être là, ensemble, de discuter du prochain match de foot ou de la cueillette des champignons, exceptionnelle cette année. "D’accord, nous, on ne peut pas faire autrement que désigner un candidat communiste, et tant mieux si c’est Marie-George. Mais, après, si notre proposition n’est pas retenue par les collectifs du non, on retourne à notre boutique ? Moi, je préfère une force antilibérale qui pèse face au PS qu’un petit score communiste", prévient Annie Fadeau, fonctionnaire territoriale.

Jean-Luc Marty, la cinquantaine, chemise en jean, veut encore croire à l’"utilité de Marie-George", mais lui non plus n’est pas prêt à prendre le risque de l’isolement politique : "Elle est un atout, essayons de la défendre. Mais il faut dire en même temps que, si ce n’est pas elle qui est désignée, on reste avec les autres !"

"On s’est mis une balle dans le pied en disant ’c’est Marie-George sinon rien’", admet Pascal Poupat, roulant à la SNCF. Les militants n’y croient pas eux-mêmes, et le matériel - tracts et affiches à l’effigie de la candidate - est resté dans les cartons.

Michel Touzeau, retraité de l’industrie mécanique sonne la fin du débat avant l’apéritif : "En tout cas, on ne va pas foutre un an de boulot en l’air parce qu’il y a quelques staliniens qui se crispent."

Sylvia ZAPPI

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EN 2007, MME BUFFET VEUT "Y ALLER"

LE MONDE | 20.10.06

Marie-George Buffet a "envie d’y aller". Pour tirer son parti, revigoré par la victoire du non et incarner le rassemblement de la gauche radicale, elle pense toujours être la mieux placée. "Le parti, c’est un enracinement populaire, 10 000 élus. L’engagement unitaire du 29 mai 2005 s’est traduit à travers moi", assure-t-elle, sans sourciller.

La secrétaire nationale du PCF a même houspillé ses camarades qui osaient, lors d’une réunion de l’exécutif, faire part des "difficultés à convaincre" que sa candidature était la meilleure. "Il n’est pas normal que le parti hésite à y aller", leur a-t-elle fait comprendre. Mme Buffet reste persuadée qu’à côté de José Bové, Yves Salesse ou Clémentine Autain, elle est la seule capable de "créer un début d’alternative et de faire bouger la gauche". "Ma candidature est un apport", explique-t-elle dans la nouvelle novlangue unitaire.

DOUTES DE LA BASE

Les sondages semblent pourtant continuer à montrer qu’elle ne convainc pas. Selon une étude de l’Ifop, réalisée pour Paris-Match du 13 octobre, elle se maintient à 3 % des intentions de vote. Parmi les électeurs du "non de gauche", sa cote de popularité stagne à 65 %, derrière Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et José Bové, remarque Jérome Fourquet, directeur de l’institut. "Même dans le noyau dur de l’électorat communiste, elle n’a pas réussi à creuser l’écart", explique-t-il. "L’espace électoral de Mme Buffet est limité car le PCF n’a pas encore clarifié s’il partait derrière une candidature unitaire de la gauche de la gauche ou s’il se lançait seul", renchérit Stéphane Rozès, directeur de l’institut CSA-Opinions.

Pour l’heure, la secrétaire nationale veut s’imposer comme une évidence en obtenant un vote interne des communistes le plus large possible. Dimanche 22 octobre, elle devrait y parvenir : le PCF devrait la présenter "comme candidate du rassemblement antilibéral". Les trois autres candidats "orthodoxes", Maxime Gremetz, Jean-Jacques Karman, André Gérin, concurrents, ont peu de chances. Les doutes de la base seront-ils entendus ?

Sylvia ZAPPI

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Messages

  • La participation de MGB au gouvernement JOSPIN fait d’elle la candidate idéale de la la gauche radicale

  • Je retrouve globalement la tenneur des discussions dans ma section. Si ce n’est qu’il y a aussi des gens qui craignent un effacement du PCF.

    J’ai toutefois une remarque personnelle : j’en ai marre de voir le terme "Stalinien" utilisé à tout bout de champ.
    Le PCF a soutenu Staline pour des raisons stratégiques, c’est vrai et je pense que cela a été une grave erreur. Mais de là à répéter sans arrêt que le PCF a été Stalinien, il y a un pas à ne pas franchir. Il ne faut pas oublier que Staline, c’est les purges, les camps... brefs des milliers de morts. Et je ne vois pas en quoi le PCF ait pu ressembler à ça.

    • Lire le monde gib n’a rien d’autre à faire que lire ce torchon anticommuniste ?aprés l’express ?ça c’est des journaux anti libéraux n’est-ce pas ? qui soutiennent le rassemblement bien sur ?qui veulent le voir réussir ?à mourir de rireanti communiste un jour anti communiste toujours mais cette fois on se présente comme anti libéral.
      Jean Claude des Landes

    • Que veux-tu, Jean-Claude, je pense qu’il est intéressant de savoir ce qui se dit et s’écrit autour du rassemblement anti-libéral. Pas pour suivre ou imiter mais pour savoir à partir de quoi pensent les citoyens.

      Mais tu n’es pas obliger de lire l’article.

      gib

    • Jean Claude des Landes, il faut laisser la liberté aux gens de lire ce qu’ils veulent. Le mieux étant de commenter après la lecture, c’est tellement plus enrichissant que de blâmer et montrer du doigt. Donc ok avec Gib. J

    • Oui il est intéressant de savoir ce qui se dit autour du rassemblement anti-libéral, vu que pour le moment on pourrait plutôt se plaindre de la confidentialité du dit rassemblement... Le fait de ne pas avoir de candidat(e) officiel(le) commence à être un sacré handicap...

      Cela dit je n’ai jamais lu dans le Monde ou dans l’Express un article favorable au PCF, ni même un article bien informé... Qu’il me soit permis de noter que celui-ci commence par faire une erreur puisqu’il déclare que le XIII e est "le fief" des communistes, l’ancien "fief" de Guy Hermier, c’est une erreur, le XIII e a toujours été le fief des socialiste, la Rose en particulier, le "fief de Guy Hermier et des communistes c’est le XVe et XVIe arrondissements...

      Quant au croquis d’ambiance je veux bien croire qu’ils correspondent à une réalité, puisque le XIII e et les communistes qui restent "encartés" sont parmi les plus attachés aux solutions des refondateurs... Les plus unitaires avec le PS également... Avec Aubagne, c’est là où les croquis d’ambiance ont toute chance d’aller en ce sens... Ce n’est pas une critique c’est un simple constat...

      Depuis trois ans que je ne fréquente plus les réunions du PCF marseillais, je ne peux pas dire si telle est l’atmosphère, mais ce dont je suis sûre c’est que les assimilés, les militants de la CGT par exemple refléteraient d’autres réalités... Marseille présente une situation compliquée que ce croquis ne reflète pas... Pourtant j’ai toujours pensé que s’il y avait un lieu ouvert, où toutes les rencontres, l’innovation politique, sur fond de respect et de considération pour les communistes, était possible c’était bien à Marseille et dans tout le département des Bouches du Rhône...

      Honnêtement donc je crois que pour la force du rassemblement la compréhension de ce qui se passe réellement à marseille, où le NON a été largement majoritaire, nous n’avons donc pas intérêt à nous enfermer dans les caricatures du Monde et de l’Express, mais ce serait intéressant que chacun fasse un bilan honnête de ce qui a réellement avancé et quelle candidature est la plus crédible, la plus représentative...

      Sur marseille, je me trompe peut-être mais je suis convaincue que la meilleure (ou la moins pire) candidate de rassemblement est bien M.G.Buffet... Dans l’état actuel toutes les autres ne rassemblent rien du tout... Mais une campagne électorale est-elle susceptible de changer la donne ? Je n’en sais rien... Ce qui est sûr c’est que plus le temps passe moins cela semble vraisemblable... Et on finit pas se dire : n’importe qui pourvu qu’il y ait enfin quelqu’un...

      Danielle Bleitrach

    • Gib lit le Monde et l Express et libé aussi ?
      Gib as tu lu ces journaux pendant la campagne du référundum ?
      N as tu pas encore compris qu ils ne sont pas de notre bord ?
      Francesca

    • Gib, heureusement que Francesca est là pour t’expliquer, hein ?!

    • A "L’ami" qui se plaint d’être traité de stalinien.Lenine disait « les faits sont tétus »
      Le stalinisme ne ce reduit pas à la personne de Staline, il sagit du soutien indéfectible à la bureaucratie stalinienne, non seulement le pcf à eté stalinien jusqu’au bout mais mais force ést de dire qu’il fut l’un des pires, dire que les comunistes(dirigeants et militants ignoraient les camps,les assassinats des opposants dans les procès de Moscou,c’est ce moquer du monde, qui à assassiné Pierre Tresso dirigeant Trotskyste italien dans les bois du Puy de Domme apres l’avoir fait évader de prison en compagnie de comunistes, la liste de toutes ces trahisons serait longue, alors cher ami de grace un peu de décence.
      Aujourd’hui nous sommes côte à côte dans les collectifs, pour ce qui me concerne je ne m’adresse pas aux militants comunistes dans les termes que vous déplorez
      S.Dedalus

    • Ben oui, heureusement qu’elle est là. Je suis un curieux non-repenti et fier de l’être. L’idée ne m’est pas encore venue de m’abonner aux Nouvelles de Pyonyang pour éviter de me poser des questions !

      gib