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LENDEMAIN DE FÊTES

Publie le mercredi 13 décembre 2006 par Open-Publishing
16 commentaires

de Le Yéti

Vous vous rappelez, le film de Jacques Tati, Les Vacances de M. Hulot ? Il se terminait en apothéose par un feu d’artifice ravageur, suite à une mèche allumée par inadvertance.

Eh bien, c’est grosso modo ce qui arrive à notre paysage politique et médiatique. Le pétard ravageur, c’est le non du référendum de 2005. Il a commencé par cramer sérieux la suffisance de nos institutions politiques officielles de droite (PS compris). Il a calciné la certitude des médias du microcosme gonflés d’importance. Voilà qu’il enflamme maintenant la gauche antilibérale, je veux parler des vieux appareils chenus, ceux qui pensaient retrouver là une seconde jeunesse et se hisser en haut du mat de cocagne, poussés au cul par de jeunes collectifs providentiels.

Raté. Fait-on du neuf avec du vieux ?

Regardez bien tous les billets, tous les articles écrits au fil de tous ces blogs, ces forums, ces espaces de discussion. Jetez un œil sur les commentaires qui les suivent. D’enthousiastes et excités par l’événement qu’ils étaient, les voilà qui s’affolent. Cascades vertigineuses de mots sans suite, bouquets d’arguments indéfiniment ressassés, embrasements d’injures et d’imprécations, échappant au contrôle de ceux-là mêmes qui les prononcent.

C’est terrible les feux d’artifice, surtout quand il n’y a plus d’artificiers pour les maîtriser.

Réveil difficile. Le champ de décombres, après le bouquet final des 9 et 10 décembre est un peu pitoyable. La LCR et FO vont continuer à faire de la figuration, rien que de la figuration. Le PCF, fourvoyé derrière son dernier quarteron de caciques dans une posture désespérée de forteresse assiégée, a d’ores et déjà perdu toutes chances de sauver les ultimes lambeaux de son âge d’or révolu.

Mais la nature a horreur du vide, surtout à gauche où on aurait plutôt des problèmes de trop-plein. Le seul mérite de cette pré-campagne douloureuse aura été de décanter les choses. Chacun est à même de savoir désormais où il veut aller, avec qui, mais aussi sans qui. L’union n’a pas forcément un caractère universel et obligatoire.

Peu à peu, le paysage va se remettre en place avec, espérons-le, des têtes nouvelles, des organisations toutes fraîches, des enthousiasmes tout neufs. Une gauche véritablement sociale, et non plus stupidement "antilibérale"

Dans combien de temps ? Nul ne saurait le dire. À chacun d’y mettre du sien. Pour ma part, j’en reste à ma proposition émise dans mon précédent article (Refondation)

Pour l’heure, il est grand temps de balayer les restes des fumigènes calcinés, les cadavres de pétards, les rampes de lancement noircies des fusées à invectives, de chasser cette odeur âcre de vieille poudre qui vous prend la gorge. Avant de passer à autre chose, en essayant d’éviter de rejoindre la petite cohorte grise des "j’vous l’avais bien dit".

— Ça va toi ?
— Oui, oui. On va faire aller !

Messages

  • Même toi, le yéti tu roule pour le FN. quoiqu’il en soit pour le deuzième tour se sera le pen sarko et bien moi avec vos connerie je jette l’éponge. Le jour des élection je déchirerais ma carte d’électeur pour la mettre dans l’enveloppe. Il y a trop longtemps que j’attend et a cause de certains gogoles la fusée a foirée. Je vous souhaite beaucoup de bon temps avant de rayer Bellacio de mes favoris
    Varenne 42

  • Souvent dans la vie politique, il y a deux temps : celui de l’union et celui des clarifications (les clarifications creent une désunion).

    Je ne suis pas sûr que le premier temps soit définitivement révolue et j’espère encore un renoncement du PCF à la candidature de MG Buffet, des clarifications sur notre stratégie et un retour de la LCR majo. Peu probable, mais souhaitable. Quand ce premier temps sera fini, s’il y a echec, il faut souhaiter une refondation, je suis d’accord avec toi. Elle est prévue et attendue, ne t’inquiète pas.

    Ceux qui favorisent le FN sont ceux qui empêchent l’union de la gauche antilibérale, et qui ceux qui dans le passé ont cautionné une gauche qui a trahit les espoirs des classes populaires (sans démissionné de leur fonction), ceux qui en restant dans le conseil régional n’apporte pas une critique sans ambiguité sur les propos racistes de Frêche.

    Ceux qui favorisent le FN sont qui mentent à la "classe" en disant que l’on peut gagner avec une gauche unie sur l’antilibéralisme..c’est un mensonge car la direction du PS est libérale et ne changera plus, un mensonge car MG Buffet a aucune chance de faire 25% sur son nom et être devant Ségolène Royale.

    Ceux là font le lit du FN, par contre une candidature unie des antilibéraux derrière Autain avec Bové, Salesse, Besancenot, Buffet peut faire un gros score et même si elle est pas au second tour, changer la donne dans le pays, mettre une pression énorme sur le PS et surtout donner confiance aux travailleurs et citoyens qui luttent...

    Hendrik Davi

  • "Le Yéti" montre au moins un certain talent journalistique, avec ses brillantes images de feu d’artifices imprévus, et ses références à Jacques Tati.

    Dommage pour lui que sa démonstration que "tout serait perdu" est entièrement fallacieuse. A preuve, il se trompe même dans les dates et confond septembre et décembre en affirmant : "Le champ de décombres, après le bouquet final des 9 et 10 septembre est un peu pitoyable."

    Il se berce d’illusion s’il s’imagine que les choses seraient perdues parce que la décision des 9 et 10 décembre a du être reportée.
    En effet, la dynamique est bien lancée et s’exprime dans les meetings unitaires. De même la détermination de tous pour trouver la solutions aux difficultées rencontrées est réelle et présente.
    Et ce qui s’est passé les 9 et 10 décembre était prévu depuis de nombreuses semaines.

    Donc cela va prendre un petit peu plus de temps que prévu au départ, mais pas de faux espoirs aux adversaires de la gauche antilibérale : cela va aboutir dans les prochaines semaines, même si l’accouchement est difficile !

    Ne vous bercez pas d’illusions, tenants du mondialisme libéral...

    Pierre F., Meudon-Bellevue.

    • Ce malin plaisir a affirmer que tout est foutu et que les autres sont vraiment trop nuls ressemble trop à l’aigreur de ceux qui ont jeté l’éponge et cherchent, inconsciemment à le justifier.
      Mathilde

    • Personnellement je n’ai jamais jeté l’éponge et je participe à des actions unitaires depuis 95. Si si !
      Le Yéti n’a pas tort. Il n’y a que déception dans ses propos. Pas d’aigreur. L’aigreur et l’agressivité on les perçoit ailleurs. Dans les mots de celles et de ceux qui se sont emballés avec la machine folle du PC et qui sciemment ou non alimentent la locomotive identitaire qui roule comme une folle sur son glacis d’avant-guerre.
      Moi, je garde l’espoir. Bien sûr, nous reconstruirons. Mais ça ne sera qu’avec certains camarades. Ceux qui lucident on recherché la logique collective et unitaire.
      Les autres, ceux qui nous invectivent avec les rescapés du Politburo, seront absents. Ils s’en seront déjà retourné aux vieux démons de la Gauche plurielle qui seule leur offrira le goutte à goutte nécessaire à leur pauvre survie politique.
      Le temps n’est pas loin où ceux-ci, quand Marie-Georges aura payé au prix fort la note de l’aveuglement de l’appareil, négocieront des postes d’adjoints à la voirie en lieu et place des idéaux de la gauche antilibérale et des espoirs des peuples.
      Nous recommencerons. Sans eux, définitivement.

      Le Mammouth : http://lemammouth.over-blog.fr

  • CHER YÉTI...

    Il y a chez toi ce côté qui me séduit éminemment du gars qui voyage dans sa tête et qui le fait avec une sensibilité et un humanisme qui maintiennent haut la foi en l’être humain.
    Il y a cette culture, cette expertise, même si tu fais le modeste, sur des choses fondamentales du fonctionnement de l’économie... que tu n’oublies pas de relier à l’ensemble des activités humaines...

    Et il y a la part si largement partagée et répandue de l’irrationnel chez l’espèce humaine.
    Cette part, comme les autres, comme nous, comme moi, elle est bien présente aussi chez toi.
    Cette part de l’ombre te tiens éloignée des collectifs, des partis, peut-être des syndicats, brefs des groupes humains organisés... C’est un choix que je respecte, mais qui ne te permets pas de condamner ceux qui y cherchent et y trouvent la solidarité nécessaire et la force de remettre en cause, parfois avec succès les injustices...
    Bien sûr, tu ne t’es pas laissé aller jusqu’à l’invective... les choses chez toi sont dites avec plus d’élégance et parfois de manière plus elliptique... C’est une question de balancier : moins le bras du balancier est éloigné de la verticale, moins l’amplitude de son mouvement est importante...
    Il n’en reste pas moins qu’à ta façon tu as prononcé tes exclusives, tes condamnations, tes jugements discriminatoires et injustes.
    Comme Socrate, Le Yéti est un homme...

    Tu dis ici, aujourd’hui, comme tu conçois ces outils patiemment construits, forgés dans les combats sociaux de décennies et de décennies (donc "chenus") et, ayant découvert le vide, tu prédis que "la nature" ayant horreur du vide, elle le comblera avant longtemps.
    Je ne suis pas loin de penser aussi comme cela, sauf que le vide que tu prétends découvrir, à mon sens n’est pas là, n’existe pas. Il n’est tout au plus aujourd’hui que le souhait de quelques uns et l’angoisse de beaucoup d’autres.

    Alors, puisque toi, Yéti, tu aimes les paraboles et les détours naturalistes, je te proposes de te documenter sur la vie et le fonctionnement du tardigrade.
    J’en reste attaché à ce que nous dit François-Noël "Gracchus" BABEUF : "...Donc, les chefs d’une société qui loin de garantir à chaque homme le maintien de ses droits cherchent à ravir ceux de la plus forte partie d’entre eux sont des pestes politiques, des êtres monstrueux"

    NOSE DE CHAMPAGNE, TARDIGRADE CHEZ LES TARDIGRADES.

    • @ NOSE DE CHAMPAGNE

      Cher Nose,

      Je suis assez d’accord sur tous les points de ton analyse (y compris ceux soulignant mes parts d’ombre).

      Je voudrais cependant t’apporter les petites précisions suivantes :

      1/ Je n’ai pas "découvert le vide", j’ai constaté le blocage des appareils politiques censés apporter une réponse à ce vide (le PCF en fait partie). Ce blocage est récurrent depuis plusieurs années. J’essaie juste de trouver une solution, même un petit peu brusque, pour échapper à cette paralysie.

      2/ Je déplore la paralysie de ces appareils mais ne confonds certainement pas les appareils et les êtres humains qui les font fonctionner. Je peux dénoncer telles ou telles attitudes qui me déplaisent, mais ne me permets certainement pas de remettre en cause les individus eux-mêmes (sauf conflit direct de personne avec quelques-uns, plutôt rares heureusement).

      3/ Ne crois pas que je vive uniquement dans ma tête. J’appartiens à une très grande entreprise, je suis syndiqué (actif), et mon métier consiste précisément à rencontrer des tas de gens dans la journée (d’où l’usage du pseudo, pour ne pas prêter aux confusions de genre).

      4/ Mon action politique ne me tient pas non plus éloignée des contacts humains. Rien que pour Bellaciao, j’ai écrit à ce jour 84 articles (mes "tracts" à moi) qui m’ont valu 1360 commentaires, parfois plutôt "physiques" ! Si j’en crois les statistiques de mon blog, j’ai touché à ce jour à peu près autant de lecteurs que le PCF compte d’adhérents (et je n’ai pas les stats de visites de Bellaciao.)

      5/ Enfin, je ne m’intéresse pas qu’à mes articles et essaie toujours de répondre, comme en ce moment, aux commentaires qu’on m’adresse, pour peu qu’ils soient plus argumentés que… "frappants" !

      Bien à toi,
      Le Yéti

    • MERCI YÉTI,

      ... de ce petit mot qui prouve - qui devrait prouver à tous ceux qui y ont intérêt - que même avec des divergences sérieuses, on peut continuer à se parler... et peut-être trouver une porte de sortie à la crise...
      Qui n’a jamais souffert d’être un bouc-émissaire pour les angoisses (à cause de l’ignorance) des autres ("Les autres !" comme dit Abdel Malik...) ne peut pas comprendre le réel soulagement que j’ai là à te lire...
      Enfin, voilà...
      Je crois en la solidarité et j’espère en la fraternité !

      NOSE

    • Cher Yéti,

      Je partage dans son intégralité le papier de Nose. J’ajouterai que je m’attendais à autre chose de ta plume. Grande est ma déception.
      Les obscènes débats nécrologiques de ces derniers temps m’indisposent au plus haut point.
      l’éternel optimiste,
      Tzigane

  • Après toutes ces querelles absurdes, ces combats fratricides piteux et malsains, je jette l’éponge et voterai sans état d’ame pour Besancenot... J’espère qu’on se mettra d’accord la prochaine fois !

  • Mon cher Yieti

    Je partage tellement tes idées, que l’on m’a demandé récemment (dans mon collectif) si je n’étais pas toi.
    Je te suis, intellectuellement parlant, sur bien des points.
    Sauf peu être, quand tu écris : « la nature a horreur du vide ».
    C’est vrai pour la nature, mais la politique n’est pas un milieu naturel !
    On pourrai bien se casser la figure, et se faire très mal sur ce coup là.
    Sans réduire les neo libéraux et leurs adeptes de tout poile comme le PS, à d’horrible méchants.
    Je tenterai bien une comparaison !
    J’ai souvent en tête l’image de la Rome antique.
    Tantôt la Légion, tantôt les Marchands, et leurs soifs ne s’étanchent qu’a l’hégémonie totale.
    Qui d’autre que nous sera gêné par la disparition de la Gauche ?
    Une disparition a l’Américaine par exemple.
    J’en viens à la même conclusion : REFONDATION !
    Surtout, ne lâche rien.

    Laurent Delanoë /Cholet

  • "Champ de décombres" dit le Yéti. Et s’il allait un peu vite en besogne, le Y ? Et si cette façon de crier à la catastrophe, non pas imminente mais déjà survenue, n’était qu’une façon de tenter de la conjurer ? Une façon bien humaine de crier son catastrophisme dans l’espoir que quelqu’un viendra le contredire ? Lui dire : mais non, pas de panique, rien n’est joué, tout est encore possible.... c. rébral

  • Les jeunes avec Le Yéti et Mammouth !

    Que les vieux ronchons du PC, de la LCR, de la CGT et de l’UNEF (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : tous les vieux du PC, de la LCR et de la CGT ne sont pas des ronchons, loin de là ! Et quant à l’UNEF, me direz-vous, il n’y a pas de vieux là-bas ? Et bien croyez moi ou non, il y a des jeunes qui sont déjà vieux avant d’avoir été jeunes...), bref que les vieux appareils se préparent à voir débouler une jeunesse qui sait voir ce qu’elle doit au passé, mais qui sait aussi voir ce qu’elle ne lui doit pas (je n’aurai pas la cruauté, quoique si en fait, de rappeler les nombreuses manoeuvres d’appareils politiques et syndicaux qui ont toujours eu le génie de torpiller des mouvements qui prenaient trop d’ampleur à leurs yeux, de 68 aux récents mouvements sur les retraites et le CPE...

    Non, la gauche ne se résume pas aux appareils et ne se laissera pas enfermer éternellement dans des structures pyramidales (hiérarchiques, quoi !) qui ne lui correspondent plus.

    Avis de tempête à babord (ou tribord, je ne sais plus).

    Le sanglier (les bêtes à poil dur semblent à la mode)