Accueil > A propos du pôle « Céréales Vallée »

A propos du pôle « Céréales Vallée »

Publie le jeudi 14 décembre 2006 par Open-Publishing

Lettre ouverte au président du Conseil Régional

A propos du pôle « Céréales Vallée »

Lettre ouverte des élus Verts à René Souchon, Président du Conseil Régional d’Auvergne

En 2005, la Droite au pouvoir a mis en place des pôles de compétitivité, affichant ainsi très clairement son désir de soutenir la compétition entre territoires, sous couvert de prétendu développement technologique et de soutien aux PME/PMI.

Il s’agit de ViaMéca, InnoViandes et Céréales Vallée. Ces entités réunissent des Entreprises et la Recherche, ils sont censés permettre une synergie bénéfique à nos territoires. Au moment où le gouvernement fait le choix de brader la recherche aux intérêts privés, on voudrait nous faire croire à de grandes avancées technologiques. En réalité, derrière ces pôles se cachent des multinationales, grands groupes mis en réseau avec des PME/PMI, et des organismes de recherche.

Dès le départ, notre Groupe a dénoncé leur philosophie : compétition entre territoires au lieu de nécessaire solidarité, vision économique à court terme, désarroi de la recherche publique soumise de plus en plus aux aléas du monde économique et financier. Nous aurions préféré des Pôles de Coopération, ou de Compétences ; il est évident que Céréales Vallée, conçu par, pour, et autour de la SEULE grande « coopérative » Limagrain - devenue aujourd’hui un des plus grands groupes semenciers mondiaux - en partenariat avec l’INRA, est orienté vers la production d’OGM. Pour preuve, on n’a pas créé, dans cette région qui se veut être la première région bio de France, de Pôle de Compétitivité autour de l’agriculture biologique.

Aussi, quand nous avons vu arriver une proposition de subvention de 700 000€ sur 3 ans pour Céréales Vallée, nous avons demandé le retrait du dossier, car il concerne le financement de techniques qui peuvent être utilisées en agriculture conventionnelle, mais aussi en agriculture génétiquement manipulée. Comment pourrions-nous croire que Limagrain, si attaché aux OGM plein champ, se referait une virginité et renoncerait à plonger la main dans le pot de confiture ? Si tel est le cas, nous en voulons la preuve.

Pour nous, le soutien aux multinationales, fussent-elles déguisées en coopérative régionale, ne nous incombe pas. L’argent d’une collectivité doit-il servir à développer la brevetabilité du vivant pour le seul profit de groupes privés ? Quant à la recherche publique, elle mérite plus que 700.000 euros. Le comité de suivi de la Charte de Florence chargé d’analyser et d’émettre un avis sur des projets liés aux OGM n’est pas constitué que déjà les groupes de Droite, PS et PC votent des crédits à Limagrain. Certes le projet n’est pas explicitement lié à la recherche OGM. Mais attention ! Le langage scientifique ne nous endormira pas et nous resterons toujours très vigilants et actifs pour que des dérives soient évitées.

Nous n’avons pu obtenir le retrait de ce dossier ; le président et les vice-présidents à l’agriculture et l’économie ont refusé, arguant qu’ils avaient pris toutes les précautions pour garantir l’absence de techniques OGM et que si nous refusions nos 700 000€, l’état ne mettrait pas sa part de 2.6 millions.

Nous avons voté contre, bien sûr, mais au-delà de ce vote incontournable la tournure des évènements nous inquiète. Tout d’abord, le procédé semble terriblement hypocrite : faire passer en catimini un dossier aussi sensible, sans qu’il soit jamais débattu est au minimum maladroit, au pire déloyal. Ensuite, nous ne pouvons que constater que la cohésion de la majorité est menacée, la puissance de grandes entreprises de notre région « obligeant » les socialistes et les communistes à dire amen à leurs desiderata.

Nous demandons donc à René Souchon d’exiger du Président du pôle « Céréales Vallée », un engagement clair et écrit que cette subvention ne sera pas utilisée pour développer les OGM plein champ. Des garanties, précises et clairement énoncées, doivent être apportées. Notre collectivité ne doit prêter le flanc au moindre soupçon de soutien aux cultures d’OGM en plein champ. Il en va de sa crédibilité.

La société que nous voulons construire est une société de solidarité mondiale, soit exactement l’inverse du type de société qui se profile derrière la pression de ces multinationales dont le seul but est le profit immédiat qu’elles pourraient tirer en brevetant le vivant.

Clermont-Ferrand, le 11 décembre 2006