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L’aveu de Placanica "Je n’ai pas tiré sur Carlo Giuliani"

Publie le samedi 16 décembre 2006 par Open-Publishing
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L’ex carabinier impliqué dans la mort du manifestant pendant le G8 dit : "Ce n’est pas moi qui l’ai tué, mais mes collègues riaient et me disaient bienvenue parmi les assassins"

traduit de l’italien par Karl&rosa

"Trop de questions restées sans réponse, je cherche la vérité"

Rifondazione comunista demande une commission d’enquête

CATANZARO – "Ils continuaient à lancer des objets, j’ai crié que j’allais tirer. Puis, j’ai tiré en l’air. Deux coups, tous les deux en l’air". Et sur le pavé resta CarloGiuliani, touché à la tête par le projectile. Voila ce que raconte Mario Placanica dans une longue interview au quotidien Calabria Ora. L’ex carabinier, accusé et ensuite acquitté pour la mort de Giuliani pendant le G8 à Gênes, décrit d’une manière en partie nouvelle ces heures dramatiques du 20 juillet 2001.

Placanica reconstruit une des pages les plus noires de l’histoire d’Italie. Dès son arrivée à Gênes : "Nos supérieurs nous disaient de faire gaffe, ils nous racontaient qu’on allait nous balancer des poches de sang infecté. Ils nous parlaient d’attaques terroristes. La sensation était comme si nous devions aller à la guerre".

Un climat qui généra des violences continues. Ensuite, arriva piazza Alimonda, le Defender avec Placanica à bord qui reste piégé et encerclé par les manifestants : « Ils nous ont laissé seuls, ils nous ont abandonnés. Ils pouvaient intervenir parce qu’il y avait les carabiniers et aussi des agents de police. Ils pouvaient charger pour disperser les manifestants mais en réalité ils n’ont rien fait. Ce moment dura une éternité ». Et reviennent à l’esprit les images d’un peloton des carabiniers immobile à peu de distance de la jeep attaquée.

Puis la mort de Giuliani. Au retour de Placanica à la caserne, les collègues « m’ont fait la fête, ils m’ont offert un béret du Tuscania [1er régiment de carabiniers parachutitstes, ndt], ‘Bienvenue parmi les assassins’, m’ont-ils dit. Oui, ils étaient contents. Ils disaient ‘sa Mort, ma vie’, ils chantaient des chansons. Ils ont même fait une chanson sur Carlo Giuliani. Moi, j’étais absent, je ne voulais être avec personne, je me sentais trop mal ».

Et puis, le procès. Qui, cependant ne dissipe pas toutes les ombres et se conclue par l’absolution du militaire : le coup a été dévié par une pierre. Une pirouette mortelle qui aurait coûté la vie à Giuliani. « J’ai été un bouc émissaire pour couvrir quelqu’un. Les portes sont fermées pour Placanica. Mais si je suis licencié pour problèmes psychiques, qui va me croire », continue l’ex carabinier.

A cinq années de la mort de Carlo Giuliani, Placanica considère qu’il s’est trouvé dans « un engrenage plus grand que moi. Je me trouvais au mauvais endroit, on ne pouvait pas envoyer des jeunes inexpérimentés et armés dans cette situation ». Le carabinier se pose de nombreuses questions. « A mon avis, on n’a pas dit toute la vérité sur le G8. Il y a trop de choses qui ne sont pas claires, comme par exemple : pourquoi certains militaires ont-ils ‘travaillé’ sur le corps de Giuliani ? Pourquoi lui ont-ils fracassé la tête avec une pierre ? Je considère qu’incinérer le corps de Giuliani a été une erreur, peut-être aurait-on pu découvrir quelque chose de plus. Je suis à la recherche de la vérité. Comment peuvent-ils dire que je lui ai tiré en plein visage. Ce n’est pas vrai. C’est impossible. Je ne pouvais pas toucher Giuliani. J’ai tiré au-dessus de la roue de secours du Defender ».

Une version qui, selon le ‘Quotidiano della Calabria’, aurait circulé même "même dans les milieux du Viminale" [siège du ministère de l’Intérieur, ndt] où l’on parlait hier d’un "entretien confidentiel" de Placanica lui-même.

Les mots de Placanica provoquent la réaction immédiate de Rifondazione Comunista qui demande une commission d’enquête sur le G8. Tandis que la mère de Carlo, Heidi Giuliani, sénatrice de Rifondazione commente : "Je voudrais que Placanica soit mis sous protection. J’espère que la magistrature ouvrira immédiatement une enquête et que la vérité sera rétablie dans un tribunal".

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