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Adieu à une amie

Publie le lundi 8 janvier 2007 par Open-Publishing

de Oreste Scalzone Traduit de l’italien par karl&rosa

Je suis comme intimidé, pas seulement à cause de la responsabilité grave et douce de la rappeler surtout au nom du cercle de proches et de son fils Gilles, mais parce que la rigueur de Giselle Donnard, une femme passionnelle et tranchante, sans complaisance, concession, ni bavure, dont j’ai eu parfois le privilège de profiter, me gêne un peu.

Peut-être la passion de Giselle pour les voyages – comme un vouloir aller voir personnellement, écouter, discuter – était aussi liée à cette sorte d’ouverture curieuse, de « voracité intellectuelle ». Ou la détermination d’une personne qui voulut passer à l’âge adulte une licence de philosophie, avec un signe d’ambitieuse humilité. Avec Giselle la controverse, même dure, était la forme incontournable de l’amitié. Je vois par exemple, maintenant, ce qu’il y avait sous des choix et des attitudes qui souvent désorientaient.

Ses deux passions (du gauchisme des origines, de la critique du travail et de l’Etat ou du pacifisme et même de l’approche schizo – analytique) c’est-à-dire la passion « féministe » et la passion « anticolonialiste », n’étaient pas « naturellement » en harmonie : elles comportaient, elles comportent, un travail continu de quadrature du cercle, qui oblige à tenter le triple saut périlleux, avec tous les risques conceptuels et éthiques.

Une voie difficile, hérissée de fautes, contre fautes et âpretés, celle d’essayer de participer à l’ouverture d’un chemin difficile, comme en dansant sur un fil qui parfois coupe les pieds.
Avec Lucia, qui a partagé avec Giselle une familiarité de sœurs et des moments d’engagement, comme celui des Femmes en noir, je pense que maintenant sans Giselle notre vie sera, tristement, plus tranquille.

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