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A l’instar de l’apartheid

Publie le mardi 20 janvier 2004 par Open-Publishing

A l’instar de l’apartheid

La communauté des intouchables,dalits, comme ils se nomment eux mêmes, se sont
engagés dans une lutte acharnée pour mettre fin à la discrimination séculaire
par caste qui maintient un grand nombre d’entre eux dans des conditions de vie
desastreuses.
La communauté des intouchables,dalits, comme ils se nomment eux mêmes, se sont
engagés dans une lutte acharnée pour mettre fin à la discrimination séculaire
par caste qui maintient un grand nombre d’entre eux dans des conditions de vie
tout ce qu’il y a de plus misérables.

La discrimination par caste, qui est en fait une discrimination par la naissance
et le travail, est un élément traditionnel de la société en Inde, tout comme
au Pakistan, au Népal, au Bangladesh, et au Sri Lanka, ainsi que dans un certain
nombre de pays africains. Dans leur mouvement croissant d’émancipation, les indiens
qui sont en dehors du système de caste utilisent pour se désigner le nom "dalit" qui
signifie "les broyés","les opprimés". En Inde, la discrimination envers les dalits
est illégale, mais leur lutte est loin d’être terminée.

Les dalits luttent contre de graves discriminations de la part des employeurs,
contre des pratiques qui les obligent à vivre en communautés isolées, luttent
pour pouvoir accéder aux espaces publics, tels que routes, puits publics et temples
villageois fréquentés par les castes supérieures. En même temps que le mouvement
des dalit prenait de l’importance, se multipliaient violences et harcèlements à leur
encontre .Assassinats, mutilations, viols, maisons incendiées, vols de leurs
terres, voilà des exemples de ce qu’ affronte le mouvement dalit. Au cours du
FSM, le sujet de l’une des nombreuses réunions dalit ,fut l’apport de la globalisation
pour leur mouvement.

Mais avant de commencer la discussion, nous nous sommes tous levés, pour écouter
un chant sur le Docteur Ambedkar, le leader dalit qui a combattu pour la reconnaissance
de leurs droits pendant la guerre d’indépendance et qui est maintenant pour eux
une sorte de saint. Vers la fin de sa vie, le Docteur Ambedkar s’est converti
au Boudhisme, religion qui ne reconnaît pas les castes, et des millions de dalis
se sont convertis avec lui. D’autres sont devenus Chrétiens ou Sikh, pour dénoncer
le système de pensée hindou qui les avait oppressés, eux et leurs ascendants
pendant tellement de générations. "En première ligne dans notre mouvement, d’éminents économistes
pensent que la mondialisation est une opportunité que les dalits doivent saisir." dit
le docteur Paul Divakar, leader de la campagne pour les Droits Humains Dalit."Ils
pensent que pour nous c’est une voie pour en finir avec le système de caste et
le féodalisme.

"
Mais il est lui même sceptique, tout comme le sont la plupart des intervenants
de cette réunion."Nous qui travaillons sur le terrain et voyons comment sont
détruites les conditions de vie des dalits, nous avons tendance à penser qu’il
faudrait s’opposer à la mondialisation. Cependant nous avons besoin de davantage
de clarté et il faut que nous soyons empiriques sur cette question." L’un des
problèmes, dit il, c’est que dans la mondialisation, le point central essentiel
passe du champ politique aux marchés. C’est particulièrement lourd de conséquences
pour les dalits , puisque, en Inde, les acteurs du marché font partie des castes
dominantes. "Pour les femmes dalit, la vulnérabilité et l’insécurité ont augmenté avec
la mondialisation."dit Manjula Pradeep. Etant donné que les conditions de vie
rurale se sont détériorées suite à la libéralisation de l’agriculture, de plus
en plus de femmes dalit émigrent vers les villes dans l’espoir d’y trouver de
l’embauche dans l’industrie. Elles finissent dans des taudis, gagnant leur subsistance
par la collecte de déchets ou le nettoyage des latrines, travail connu ous la
rubrique "éboueurs manuels", exclusivement exécuté par des dalits. Au Gujarat,
dit Manjula, de nombreux hommes dalit quittent leur domicile pour aller emballer
des fruits dans le nord de la province.

Les femmes qui restent ont très souvent
de grandes difficultés à assurer leur subsistance et celle de leurs enfants.
Les propriétaires terriens des castes élevées profitent de la situation pour
exploiter sexuellement ces femmes, ou bien ils les menacent pour jeter dehors
la famille. David Haslam, du réseau international de solidarité avec les dalits,
dit à propos du mouvement grandissant de solidarité pour la lutte des dalits : "Cet
enjeu mérite le même genre de solidarité que celui dont le monde a fait preuve
quand il s’agissait de lutter contre l’apartheid. Souvent la discrimination est
tout aussi abominable. Mais en Occident, on a très peu connaissance de ce qu’est
la discrimination de caste. Beaucoup, y compris parmi les politiques, ne savent
même pas ce qu’est la discrimination de caste. Nous devons faire l’éducation
de nos hommes politiques sur ces questions, de façon à ce qu’ils soient en mesure
de faire pression sur le gouvernement indien."dit David. En perspective, Paul
Divakar souligna l’importance pour la communauté dalit de continuer l’action
directe."Nous ne devons pas nous limiter à l’activité de plaidoyer. Comme les
stratégies de la mondialisation signifient que les terres appartenant aux dalits
sont allouées aux multinationales, les luttes spécifiques autour de la terre
sont très importantes.

(Traduction Hipolito Bonacci)

Auteur : Helena Tagesson

20.01.2004
Collectif Bellaciao