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ZINEDINE DANONE

Publie le jeudi 18 janvier 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Lu dans CQFD 41 : "Se payer la bobine de Zidane, c’est toucher à la magie, c’est porter atteinte aux rêves de millions de n’enfants à travers le monde. Comment s’en prendre à un tel symbole de gentillesse et de modestie, insoupçonnable de calculs vénaux ni d’arrière-pensée politique, lisse et poli, timide à la limite de l’autisme ? Sauf quand on traite sa sœur évidemment ! Et puis la main sur le cœur : visite de services de pédiatrie, d’orphelinats en Algérie comme au Bangladesh. Aaah les n’enfants ! C’est merveilleux les n’enfants.

C’est d’ailleurs « l’engagement de Zizou auprès de l’association des gamins atteints de leucodystrophie » qui a fait fondre Franck Riboud, le PDG de Danone. Le cœur, coco, voilà le secret du business du XXIe siècle ! Du coup, Zidane a été embauché comme super-VRP par le laitier philanthrope qui refuse de communiquer le salaire de sa recrue : « Les enjeux affectifs et intellectuels sont supérieurs aux enjeux financiers. » (L’Express, 07/06/2004). Tu m’étonnes ! Si on en croit le patron de la multinationale - 1,46 milliards d’euros de profit l’an dernier - c’est lui qui a débauché Zidane de sa fraîche retraite dorée. Il avait pourtant de quoi buller pendant cent ans, le veinard, avec 14,6 millions d’euros engrangés rien qu’en 2005 ; soit un peu moins de 3 000 ans de RMI et un peu plus de 7 000 ans de salaire d’un instituteur algérien.

On imagine sans peine le mentor et son nouveau pote les yeux embués d’émotion à l’évocation de « l’exploitation de l’image [de Zizou] pour la promotion d’actions en faveur de l’enfance. » « On peut faire du business au service de la pauvreté... Zidane l’a bien compris. » (Libération, 16/12/2006) et l’avenir sourit aux ambitieux sans vergogne, dit-on...

La reconversion du mercenaire du ballon rond en homme-sandwich n’est pas nouvelle : un pied dans la grolle de sport (Adidas), un autre dans le yaourt, la gorge pleine de Volvic, la tête dans la téléphonie mobile (Nedjma, opérateur algérien), le tronc chez Canal +, le séant dans l’assurance (Generali)... et la main sur le cœur en toute circonstance. Quand l’imitateur Gérard Dahan usurpe la voix de Chirac pour demander à l’ancien numéro 10 que les joueurs de l’équipe posent leur menotte droite sur le palpitant durant La Marseillaise avant le match Eire-France, ils s’éxécutent comme des moutons.

La docilité des sportifs est sans limite. Lors de son récent voyage en Algérie le footballeur a encore franchi un cran dans le domaine de la carpette. Accueilli en sauveur et en homme d’État, il déclare : « Je suis un sportif, je ne fais pas de politique » et se laisse décorer comme un pantin par Bouteflika. Une pub inespérée pour un gouvernement qui a toujours bafoué la cause kabyle (notamment lors de la révolte de 2001) ; qui dénigre les binationaux franco-algériens comme étant « la cinquième colonne du néo-colonialisme » ; qui a laissé croupir les sinistrés du séisme de mai 2003 dans des conditions déplorables pendant trois ans et qui brade le pays dans une ambiance de corruption sans précédent.

Rien de ces sordides contingences ne semble troubler la candeur béate de la personnalité préférée des Français : « J’avais un besoin de revenir, c’est la terre de mes parents. J’espère retrouver des sensations, voir la mer, le soleil, les saveurs du pain kabyle. » C’est très touchant et il faudrait vraiment avoir mauvais esprit pour soupçonner un quelconque rapport avec l’implantion bientôt hégémonique de Danone (eaux minérales, lait, biscuits) en Algérie depuis 2001. En tout cas, puisque tout est communication, on voit d’ici le slogan des prochaines campagnes de la firme : coup de boule sur les prix au rayon yogourt !

Publié dans CQFD n°41, janvier 2007.

Messages

  • "coup de boule sur les prix au rayon yogourt !"

    J’adore la langue française qui permet des raccourcis aussi lumineux.

    léo

  • Quel RABAT-joie (j’ai pas pu m’empecher de la faire...)

  • eh oui sa fait chier de le voir toucher autant d’argent. Peut-etre que toi tu aurais refusé ?

    je comprend le fond, mais sa reste de la bouffe, de l’eau, des assurances, ce qui n’est pas le pire en matière de commerce.

    quand à le traiter de veinal, il me semble qu’un coup de tete en finale de coupe du monde (ce qui n’est pas bien, évidemment) montre qu’il n’est pas calculateur et que les valeurs humaines sont bien plus importante que les valeurs financière pour lui. L’image publicitaire aurait du s’écrouler, mais non, sa roule pour lui.

    et moi je le félicite, je ne tomberai pas dans la facilité en dénigrant un homme qui serait responsable des maux d’un monde pourri par le fric.

    amicalement

    LL

    • Et c’est avec des considérations de ce type que ça marche et que les actionnaires et leurs complices s’en mettent plein les poches. Et plus on conditionne les "petits" enfants tôt, mieux ça marche avec les "grands"... enfants consommateurs. Et vive le sport et le capitalisme !!