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« Ils devraient faire cet effort pour venir vers nous. Mais c’est leur choix »

Publie le mercredi 21 janvier 2004 par Open-Publishing

Après une journée passée à revendiquer un monde plus juste, Dayabai, villageoise indienne de 63 ans, quitte ses compagnons étrangers pour passer la nuit sous la tente, alors que la plupart des Occidentaux rejoignent les hôtels de Bombay.
Le choc des cultures est visible au 4e Forum social mondial (FSM), rassemblement des altermondialistes qui se déroule cette année en Inde.

Sur le parvis transformé en fourmilière humaine, des artistes venus de toute l’Inde célèbrent la venue du FSM sur leur continent, offrant aux militants un spectacle tonitruant et coloré. Certains Occidentaux prennent des photos, d’autres se joignent à la fête, mais pour beaucoup, l’échange s’arrête là.

Dayabai, assistante sociale dans la région du Madhya Pradesh (centre de l’Inde), a parcouru 900 kilomètres en train avant d’arriver à Bombay, où sont rassemblés quelque 100 000 altermondialistes. « Je ne m’attendais pas à un tel rassemblement de militants », dit la femme aux pieds nus. « Ils devraient faire cet effort pour venir vers nous. Mais c’est leur choix », ajoute-t-elle avant de préciser que dans son village, elle dort dehors.

« Pour comprendre les villageois, il faut vivre comme eux », explique Dayabai, enveloppée dans son sari vert, rehaussé d’un collier tribal en argent.
Le FSM ressemble à une grande foire où se mêlent des militants des pays d’Asie du Sud souvent vêtus d’habits locaux et des Occidentaux à la pointe de la mode, bouteille d’eau minérale à la main.

À l’heure du déjeuner, quelques étrangers se risquent aux momos (raviolis) tibétains à 4 dollars, quand d’autres ne peuvent manger qu’avec des couverts en plastique. Des Indiens se pressent devant l’échoppe de riz au curry à 50 cents l’assiette avant de s’asseoir par terre pour manger avec les doigts.
Des milliers d’Indiens issus de milieux particulièrement défavorisés se sont rendus au FSM pour protester contre les discriminations dictées par l’ancestral système des castes hindouiste.

Klaus Milewski, qui appartient à un groupe environnemental de Hambourg (Allemagne), déplore le manque de communication entre Indiens et étrangers. « D’abord, il y a le choc culturel, puis vient la barrière de la langue. Peu d’Indiens ici parlent anglais », explique M. Milewski.

Le Forum a été lancé à Porto Alegre (Brésil) en 2001 et s’y est tenu les deux années suivantes. En déplaçant le FSM en Asie, les organisateurs cherchent à trouver davantage de soutien dans le continent le plus peuplé de la planète mais aussi celui où les inégalités sont les plus criantes.

Selon Elina Raask, qui travaille pour une ONG estonienne, la plupart des Occidentaux se logent dans des hôtels haut de gamme pour des questions de sécurité et de confort. « Les autres problèmes auxquels les délégués étrangers font face sont la chaleur, la poussière et le bruit. C’est mauvais », dit-elle.

Giovanni La Guardia, un Italien du Parti de la refondation communiste, dit qu’il craint la foule. « En Europe, on ne rencontre jamais autant de groupes et de gens. Ça a toujours été une approche individualiste ».
http://www.cyberpresse.ca/monde/article/1,151,314,012004,559130.shtml

Pour plus d’infos et pour vous faire une tête, visitez :

Forum Social Mondial 2004 : www.wsfindia.org

Version française : http://www.wsfindia.org/french_info.php

Mumbai Resistance 2004 : www.mumbairesistance.org