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UN CHOIX RAISONNE

Publie le lundi 22 janvier 2007 par Open-Publishing
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de Claude Mazauric, historien

On le voit mieux aujourd’hui, le système que met en place l’élection présidentielle quinquennale est d’une extraordinaire perversité. Tout se configure comme si le duopole transactionnel du second tour s’imposait avant que les choix du premier tour ne se soient exprimés.

Duopole : « Situation d’un marché, nous dit excellemment le Larousse de la langue française, sur lequel la concurrence ne s’exerce qu’entre des vendeurs et une multitude d’acheteurs. » Sommes-nous donc, de citoyens, devenus les clients d’un hypermarché médiatisé de la politique comme les usagers des services publics que nous étions en sont devenus les « clients » ?

Craignons que cette métamorphose imposée, et l’escamotage des débats de fond qui supposent échanges multiples et ripostes diversifiées, n’entraînent dégoûts, abstentions et refus, dont le vieux fasciste qui se dit benoîtement de « centre droit » ne finisse par tirer profit, une fois encore.

Au regard de ce péril et plus généralement sur le fond des questions posées à l’occasion de cette élection présidentielle, de quel autre moyen, désormais, disposons-nous que celui de nous rassembler autour de la candidature de Marie-George Buffet, pour marquer notre différence dans le spectacle qui nous est complaisamment offert et dont nous devons aussi devenir des acteurs de premier rang ?

Que certains, très engagés dans le combat dit « antilibéral », puissent regretter qu’on en soit arrivé à recourir à la sanction d’un vote majoritaire de la masse des militants plutôt qu’à l’un de ces choix consensuels qui ont toujours eu la faveur des élites, voilà qui est un point de vue éminemment respectable : depuis plus de deux siècles, la question est pendante entre cercles libéraux où se réunissent les gens reconnus (ou supposés) avertis et partisans de la démocratie ; elle ne sera pas réglée aujourd’hui d’un coup de baguette magique !

Mais depuis les dérapages verbaux et autres du 9 décembre, l’urgence n’est plus là. Dans la réalité des choses, il n’est d’autre voie aujourd’hui que celle de se réunir autour de la candidature de Marie-George Buffet si l’on veut à la fois inscrire son acte dans le courant antilibéral qui a soulevé beaucoup d’espoirs et, simultanément, ne pas renoncer à rassembler toute la gauche pour tenir en échec la droite et son extrême et, surtout, préparer l’avenir.

Cela est non seulement mon choix raisonné, mais, à mes yeux, le seul qui soit porteur d’une perspective autre que simplement politicienne.

http://www.humanite.fr/journal/2007...

Messages

  • Je suis d’autant plus d’accord avec ce point de vue que j’ai été particulièrement affigé par le fait que des personnes réputées intelligentes, aient pu s’associer à la lamentable parodie de démocratie de Montreuil, désignation par clicks façon Star’Ac, démangeaisons, élection par acclamations etc. Au delà de cet aspect il est certain que ce type de candidature attire une catégorie particulière d’électeurs, comme en témoigne le soutien (même refusé) de Dieudonné.
    Par ailleurs, de Mussolini à Bernard Tapie, en passant par Poujade, Cohn Bendit et quelques autres, l’histoire permet de constater que ce type de démarche a toujours profité à la droite et souvent très largement.
    Mais à mon avis l’une des conséquences les plus graves de cette véritable pantalonade, est qu’elle sucite auprès de nombreuses personnes une condescendance amusée, qui risque de discréditer pour longtemps les véritables tenants de l’anti libéralisme. Ces épisodes illustrent le bien fondé de la candidature de Marie George Buffet, mais au delà, la question se pose de savoir comment réhabiliter l’image de marque fortement dégradée de l’anti libéralisme, auprès de millions de travailleurs et de personnes sérieuses en général ?
    P. Casamanya