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Appels pour que Cesare Battisti soit rejugé

Publie le lundi 19 mars 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Des responsables de la gauche et le centriste François Bayrou ont appelé lundi le gouvernement français à faire pression sur l’Italie pour que l’ex-activiste d’extrême gauche Cesare Battisti soit rejugé "en sa présence".

Le ministre de l’Intérieur et candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, a rejeté pour sa part les critiques de la gauche radicale l’accusant d’avoir voulu faire un "coup électoral" en provoquant l’arrestation du fugitif, dimanche à Rio de Janeiro.

"C’est maintenant une affaire entre le Brésil et l’Italie", a dit de son côté la candidate socialiste Ségolène Royal dans un entretien diffusé sur le site internet de Radio France.

Pour le ministère des Affaires étrangères, "à l’origine de cette affaire, il y a une demande d’extradition de M. Battisti faite par l’Italie".

"Je comprends que l’Italie a déjà demandé aux autorités brésiliennes l’extradition de ce dernier. Il s’agit donc d’une affaire d’entraide judiciaire pénale italo-brésilienne", a estimé un porte-parole du Quai d’Orsay.

Le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a salué la "brillante opération" menée par les polices française et brésilienne et le ministre de la Justice, Clemente Castella, a précisé que Rome allait déclencher une procédure d’extradition.

Selon le journal Le Monde, le tribunal fédéral supérieur du Brésil a cependant pour jurisprudence de rejeter les demandes concernant les militants d’extrême gauche italienne.

Le débat en France porte sur le fait que la loi italienne ne prévoit pas automatiquement de second procès permettant au militant, condamné à la réclusion à perpétuité par contumace pour quatre homicides, de faire valoir ses arguments.

PROCÈS CONTESTÉ

Installé en France en 1990, Cesare Battisti avait disparu de son domicile après la relance d’une demande d’extradition de l’Italie en 2004.

"Ma position est simple, cet homme doit être jugé en Italie, il n’a jamais été jugé en sa présence", a déclaré le candidat UDF à l’élection présidentielle, François Bayrou, sur Canal+.

Cesare Battisti "conteste sa culpabilité et le procès qui a dit qu’il était coupable est extrêmement contesté", a souligné pour sa part le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë.

Alors que Stéphane Le Foll, directeur de cabinet du dirigeant PS François Hollande, s’est prononcé pour l’extradition de Cesare Battisti, Dominique Strauss-Kahn s’y oppose, dans Le Monde daté de mardi, estimant qu’il a droit à "un procès équitable".

Ségolène Royal a jugé que "les deux points de vue ne sont pas contradictoires".

"L’un et l’autre expriment l’application des lois, il y a des lois concernant l’extradition, il y a des lois concernant le déroulement d’un procès juste et équitable, tout cela n’est pas contradictoire", a-t-elle ajouté.

Le député Vert Noël Mamère a vivement critiqué de son côté Nicolas Sarkozy.

"Le ministre de l’Intérieur, qui est aussi candidat à l’élection présidentielle, s’est offert la tête de Battisti sur l’autel électoral", a-t-il dit sur RTL. "Je pense qu’il savait depuis très longtemps où se trouvait Cesare Battisti et il a fait encore un coup électoral", a-t-il ajouté.

Les porte-parole de José Bové déplorent eux aussi le "coup d’éclat électoraliste" de Nicolas Sarkozy et appellent à la mobilisation pour empêcher l’extradition de l’ex-activiste.

"Nous dénonçons le coup d’éclat électoraliste que Nicolas Sarkozy entend s’attribuer avant de quitter son ’ministère de la police, de l’immigration et de l’identité nationale’", écrivent les proches du candidat altermondialiste à l’Elysée.

"Nous appelons toutes les forces démocratiques à agir dans l’unité pour empêcher l’extradition de Cesare Battisti en Italie", ajoutent-ils dans un communiqué.

Cesare Battisti, disent-ils, purgerait dans ce cas-là une peine de prison à vie "puisque la loi italienne ne prévoit pas de nouveau procès alors qu’il a été condamné par contumace sans que les faits qui lui étaient reprochés aient pu être établis."

La Ligue des droits de l’homme affirme pour sa part dans un communiqué que les policiers français ont "tendu un piège" à l’ancien activiste dans une rue de Copacabana, à Rio de Janeiro. (Reuters)

Messages

  • Les nombreuses critiques que l’on peut lire sur Bellaciao qui rendent en partie responsable Lula et le P.T. de l’arrestation de Battisti sont peut-être un peu hatives : qui, parmi ceux qui les émettent peut préciser dans quelles conditions le Droit Brésilien prévoit l’adoption d’une mesure d’extradition ou l’attribution d’un droit d’asile politique ?
    Il est en effet étonnant (et à la limite inquiétant) que certains semblent faire dépendre l’état de droit du bon vouloir d’un Président de la République ou, pire, d’un parti politique ! On est là entre la monarchie de Droit divin et l’Etat totalitaire.

    Ce qu’il faut souhaiter c’est que la justice Brésilienne donne à son homologue française (qui n’a pas beaucoup évolué depuis la description qu’en a fait Hugo dans les Misérables) une leçon de Droit et d’humanité.

    Valère

    • Que la justice brésilienne donne une leçon de droit à l’Europe sera la plus belle des nouvelles effectivement... Que l’Europe l’accepte est une autre histoire... cela risque de faire beaucoup de jours de prison pour RIEN !

    • Valère,

      il est à souhaiter, en effet, que " la Justice brésilienne donne à la France une leçon de droit et d´humanité" ou tout du moins (je n´aime pas beaucoup le terme de leçon) montre une autre voie.

      Mais c´est mal parti. Regardez ce qui se passe aujourd´hui au Brésil : cet Etat est loin de faire figure d´exemple en matière de droits sociaux, de libertés politiques, et d´humanité tout court.

  • la Belgique a accueilli Zola, Victor Hugo, et bien d’autres réfugiés politiques
    Je ne comprends pas cette volonté d’extradition , négation de promesses latentes sinon actées par vos politiques
    Quel besoin de toujours vouloir pendre le "vilain" 20 ans plus tard
    L’oubli du contexte politique de l’époque, les violences étatiques tout autant que révolutionnaires
    Laisser mourir les révolutionnaires en prison est bien plus noble que d’abattre Besme en rue !!!
    Le politique a la mémoire courte
    Ecœuré

    • Il faut lire "ma cavale" publié chez Grasset en 2006 pour apprendre comment Battisti a été condamné, par qui, comment... Un repenti, un juge hargneux et des faux prouvés faux par la justice et des analyses graphologiques incontestées... sans oublier un certian Dominique Perben qui a oublié de tenir compte de ces faux et les a utilisés comme preuves...