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Convention internationale sur les eaux de ballast

Publie le lundi 16 février 2004 par Open-Publishing

Du 9 au 13 février, s’est tenue à Londres, au siège de l’Organisation Maritime Internationale, l’OMI, une conférence diplomatique qui a finalisé le texte d’une convention internationale pour la gestion des eaux de ballast.

Bilan plus que mitigé pour un projet de convention en discussion depuis 8 ans.

L’OMI estime à 10 milliards de mètres cube la quantité d’eau de mer que les 45 000 navires de commerce déplacent à travers le monde. Les navires ne peuvent naviguer à vide sans se lester. Ils pompent de l’eau de mer au port de départ et la vident au port d’arrivée.

Les organismes qui ont résisté au voyage et à l’immersion dans un nouveau milieu provoquent des dégâts considérables aux écosystèmes qui les hébergent.

Ces invasions sont considérées par la communauté scientifique comme une des principales menaces qui pèsent sur l’environnement maritime et les zones côtières de l’ensemble de la planète.

Saisie officiellement de ce problème en 1988, la communauté internationale a commencé à travailler pour établir les bases d’une convention en 1996. Il lui a fallu 8 ans pour préparer le texte soumis à l’approbation des Etats lors de la conférence diplomatique de la semaine passée.

Que propose cette convention ?

De mettre en place une procédure de renouvellement de ballast qui s’avère difficilement applicable par tous à cause de la différence de configuration des côtes et des fonds marins.

De définir des standards concernant l’équipement de vidange des ballasts alors que les techniques permettant de traiter les eaux de ballast ne sont pas encore au point.

En conséquence, elle laisse la liberté aux Etats d’appliquer les mesures qu’ils jugeront utiles et propose d’harmoniser les équipements de navires entre 2009 et 2016.

Où est l’intérêt de signer une convention internationale qui laisse aux Etats le soin d’appliquer leurs propres solutions ?

L’OMI n’est pas capable de gérer ce problème et d’imposer une règle qui pourrait être respectée par chacun. Faute d’être réactive, elle prend beaucoup de précautions avec les mots et beaucoup de marge avec les délais.

Les pays sensibilisés à ce problème ne peuvent pas attendre 10 ou 15 ans pour réagir. Les Etats-Unis, l’Australie, le Japon imposent déjà leurs propres règles, d’autres vont suivre, soit individuellement, soit groupés comme les pays de la Baltique.

Chacun doit souhaiter que l’Union européenne mette en place aussi rapidement que possible des procédures adaptées au profil de ses (nos) côtes.

Un des intérêts de cette convention est d’avoir provoqué une discussion au plus haut niveau au plan international sur ce problème qui est une vraie menace pour l’environnement maritime mondial.

C’est aussi un signal fort envoyé à l’industrie qui peut être assurée d’équiper la quasi-totalité des navires lorsqu’elle aura mis au point un système fiable capable de traiter de grandes quantités d’eau de mer.

Fiable mais non nocif. Le remède ne doit pas être pire que le mal. Il est permis de s’inquiéter des expériences qui pourraient être faites dans le domaine de la chimie (par exemple).

On imagine un test sur quelques dizaines de bateaux. Les armateurs préviendraient-ils les ports de destination qu’ils rejetteront devant leurs jetées une eau sans vie mais traitée chimiquement ? Il est permis d’en douter.

Une chose est sûre. Ce marché colossal devrait aiguiser les appétits.

Dans un discours remarqué, le premier depuis qu’il a quitté le poste de secrétaire-général de l’OMI en décembre dernier, William O’Neil a critiqué la lenteur et les principes de fonctionnement de l’OMI, en particulier l’absence de sanctions pour les Etats qui ne respectent pas leurs engagements et les délais pour qu’une convention adoptée soit appliquée :"It is unsatisfactory that the world should have to wait for years and years for the required number of ratifications to bring a convention in force".

Quand c’est dit par quelqu’un qui a dirigé l’institution durant 14 ans, c’est tout de suite mieux.

Penser qu’une structure comprenant 163 Etats pourra réguler une activité privée est une utopie.

L’OMI aura toujours plusieurs longueurs de retard sur le monde maritime, ce qui doit faire l’affaire de quelques-uns, mais pas celle des populations fatiguées de faire les frais, sur leurs côtes et dans leur vie de tous les jours, de ce manque patent d’organisation.

JO LE GUEN
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