Accueil > Ils ont osé le faire : Battisti doit rester en France

Ils ont osé le faire : Battisti doit rester en France

Publie le mardi 17 février 2004 par Open-Publishing

Cesare Battisti a été arrêté mardi par des policiers de la Division nationale anti-terroriste (DNAT), à son domicile, et placé sous " écrou extraditionnel ".
Aucune procédure n’avait été engagée contre lui par la justice française. C’est à la demande du gouvernement Berlusconi que l’écrivain a été arrêté, en vertu d’une demande d’extradition que la justice avait déjà refusée en 1990. Aucun élément nouveau n’a été produit par les autorités italiennes. Cesare Battisti était, pendant les années 1970, un des responsables des PAC (Prolétaires armés pour le communisme), une organisation d’extrême gauche qui défendait la violence politique.

Il a été condamné à la prison a perpétuité, en son absence, sur la base de déclarations de repentis, négociées avec la police. Un procès manifestement truqué, où on le voyait, par exemple, commettre des assassinats, le même jour à la même heure, à Venise et à Milan.

Une condamnation obtenue en vertu de lois d’exception, aggravant les pénalités pour les mêmes actes en fonction du contexte politique, dans un pays où on ne rejuge pas les contumaces. Des faits vieux de trente ans, qui seraient partout ailleurs prescrits ou amnistiés, et qu’il a toujours niés. En 2002, il avait reconnu l’" erreur " politique des PAC, tout en réaffirmant sa fidélité aux idéaux de sa jeunesse. En 1985, François Mitterrand avait déclaré que la France n’extraderait pas ceux qui n’étaient pas personnellement responsables de crimes de sang et qui auraient déclaré rompre avec la violence.

C’était le cas de Battisti, comme de Paolo Persichetti, professeur à Paris VIII, extradé en août 2002. Dominique Perben, soucieux de confirmer l’image sécuritaire du gouvernement, en chassant sur les terres de l’extrême droite, et de complaire à Berlusconi, dont le mépris du droit est patent, revient sur la chose jugée, et foule au pied à nouveau les traditions d’asile de la France et les principes fondamentaux du droit. Un appel suspensif a été déposé par ses avocats, assorti d’une demande de mise en liberté. En attendant, la solidarité s’organise.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-02-13/2004-02-13-388067