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PCF : comment les dirigeants comptent surmonter sa crise financière

Publie le lundi 26 mars 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

1. Une campagne a minima

L’échec de la présidentielle de 2002 et ses conséquences financières pour le PCF ont servi de leçon. Robert Hue n’a pas atteint les 5 % et ses frais de campagne n’ont pas été remboursés (5 M€). « Cette fois, nous avons défini une hypothèse basse dès le départ et provisionné des sommes, confirme Jean-Louis Frostin, comptable de formation devenu grand argentier du parti depuis deux ans .

2002 a plombé notre trésorerie, même si la gestion était déjà handicapée par l’endettement. » Le budget pour la présidentielle 2007 alloué à Marie-George Buffet est de 5,5 millions d’euros, quand l’UMP et le PS tablent sur quatre fois plus. En clair, le PCF a déjà anticipé le non-remboursement des frais si jamais sa candidate n’atteignait pas les 5 % au soir du premier tour. Depuis 2003, les sommes sont provisionnées sur les comptes du conseil national. Les fédérations ont aussi mis de l’argent de côté et une souscription publique a été lancée. 800 000 € tombent d’office dans les caisses grâce à l’obtention des 500 signatures.

S’ajoutent les méthodes artisanales. Mardi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à la sortie d’une réunion avec les syndicats, une militante tendait une corbeille où chacun pouvait lancer une pièce ou un billet « pour la campagne de Marie-George ». Sur le terrain, pas de dépenses inutiles. 89 % du budget sont réservés à la propagande : réunions publiques, tracts et affiches. Dans cette période d’économies, Francis Parny, coprésident du conseil de campagne, précise : « Nous n’avons pas les moyens de financer une grande campagne publicitaire. » Les journaux de quatre pages ne sont tirés que deux fois par mois. Place du Colonel-Fabien, on a succombé au Web : 132 000 € sont consacrés à Internet et ont permis de recruter deux temps partiels. Au PCF, le coût d’un meeting varie de 45 000 à 70 000 €, soit moitié moins que les shows de Nicolas Sarkozy. Cela dit, le 1er avril, à trois semaines de l’échéance, Marie-George Buffet s’offre le Palais omnisports de Bercy.

2. Mise en place d’un plan de rigueur

Interdits, les 06 et les 0.800 ! Place du Colonel-Fabien, on ne téléphone plus vers les portables depuis les postes fixes. Cette mesure incarne le plan de rigueur du PCF depuis que les finances sont dans le rouge. Les contrats avec les opérateurs de téléphonie ont été renégociés (de 90 000 € annuels à 40 000 €). L’échec de 2002 a accéléré les compressions de postes, rebaptisés « plan de sauvegarde de l’emploi ». Le parti a réduit officiellement le nombre de permanents de 85 à 52 postes. C’est la deuxième vague de licenciements en deux ans. « Ce dernier plan social a concerné 43 salariés », corrige Dominique Andolfatto, chercheur au CNRS, auteur de « PCF : de la mutation à la liquidation » (Editions du Rocher).

La réorganisation du parti passe également par des décisions qui heurtent les principes des militants communistes. Pour rester en vie, le journal « l’Humanité », créé par Jean Jaurès en 1904, en a appelé au grand capital. En 2005, TF 1 et Lagardère ont versé chacun 1 million d’euros au quotidien, qui ne tire plus aujourd’hui qu’à 53 000 exemplaires. 20 % des parts de « l’Huma » sont détenues par la Société Humanité Investissements Pluralisme, où l’on retrouve Hachette, TF 1 et la Caisse d’épargne.

Pour la première fois, le budget 2006 du PCF sera bénéficiaire de 200 000 à 500 000 €. « Mais cette somme sera directement réinvestie dans les campagnes à venir, prévient Jean-Louis Frostin, le trésorier du parti. Cette réorganisation financière a été impulsée par mon prédécesseur, Roland Jacquet. Il y avait le feu. Nous avons dû prendre des mesures de gestion et réfléchir à rationaliser les coûts du siège. »

3. La vente des bijoux de famille

Au 64, boulevard Auguste-Blanqui à Paris (XIIIe), deux immeubles flambant neufs, « du studio au cinq-pièces duplex », proposés par le constructeur Kaufman & Broad, vont remplacer l’espace Marx. « C’était le lieu mythique de l’intelligentsia communiste, se souvient Marc Lazar, professeur à Sciences-po et auteur de l’ouvrage de référence le Communisme, une passion française. Ce bâtiment abritait une bibliothèque, l’Institut de recherches marxistes et de précieux documents d’archives. » La vente de ce lieu historique illustre le déclin du PCF. Pour combler ses trous financiers, le parti est obligé de vendre un patrimoine constitué au sortir de la guerre et contraint de rassembler ses activités place du Colonel-Fabien. « Blanqui » a permis de rembourser deux prêts de 1 million d’euros au total.

« Les besoins en liquidités ont conduit le PCF à céder une bonne partie de son patrimoine immobilier. Quelque dix-huit immeubles ont été vendus ou mis en vente, notamment la propriété de Bazainville, dans les Yvelines, et l’école centrale du parti, à Draveil (Essonne) », détaille Dominique Andolfatto. « Cette dernière opération a rapporté 21 millions d’euros et a permis le désendettement du parti à hauteur de 80 % », confie un membre du conseil national. En province, on profite également de la flambée de l’immobilier. A Rennes, l’ancien secrétaire de la fédération d’Ille-et-Vilaine justifie la démarche : « Nous avons vendu un hôtel particulier du XVIIIe, situé en centre-ville mais trop lourd à entretenir. Nous avons installé notre siège en proche périphérie et réalisé une plus-value de 300 000 €. »

Pour gérer l’ensemble de son patrimoine, le PCF a créé la Société civile immobilière Châteaudun. Contrairement à la rumeur, le siège du PCF à Paris, place du Colonel-Fabien, oeuvre d’Oscar Niemeyer et de Picasso, n’a jamais été hypothéqué. En revanche, le bâtiment est classé monument historique depuis novembre 2006. Cela permet d’envisager des travaux de rénovation subventionnés à 50 % par l’Etat.

4. Des perspectives dans le rouge

C’est une révolution culturelle. Depuis le mois d’octobre jusqu’à février dernier, douze stages ont été organisés pour former 600 militants à la gestion financière au PCF. L’argent n’est plus tabou. La comptabilité est aujourd’hui l’activité dominante de plus d’un millier de militants. « J’ai fait un gros effort de communication sur la politique et l’argent, reconnaît Frostin. On n’imagine pas la politique sans idées, mais sans argent non plus. Imaginez une entreprise qui produit des tables. Si les tables restent sur place, elles ne servent à rien, il faut les transporter. Demander de l’argent aux gens, c’est aussi faire de la politique. »

De mauvais résultats à la prochaine présidentielle ne mettraient pas en péril les comptes du PCF. Mais la bataille des législatives, en juin, et des municipales, l’année prochaine, s’annonce en revanche capitale. Le fonctionnement historique et particulier du PCF dépend en grande partie des revenus que ses élus lui reversent. Ainsi, 36 % du budget du conseil national proviennent-il des indemnités des parlementaires : députés, sénateurs et eurodéputés. « Ils reversent leurs indemnités parlementaires et nous leur donnons de quoi vivre », détaille Michel Laurent, codirecteur de campagne. L’aide d’Etat, environ un tiers du budget (32 %), est composée pour moitié du nombre de voix obtenues aux législatives et pour l’autre moitié du nombre de députés qui siègent à l’Assemblée nationale. Après 2002 et la perte de quinze sièges, le parti a connu une baisse de 42 % de l’aide de l’Etat, soit 3,7 millions d’euros.

« Une des grosses évolutions est que la part des cotisations se réduit très sensiblement, constate Dominique Andolfatto. Aujourd’hui, il y a environ 100 000 militants. En 1981, ils étaient sept fois plus nombreux. » Le recrutement des militants (qui versent chacun 1 % de leur salaire au parti) redevient une préoccupation majeure. Pour renforcer ses comptes et son influence idéologique, le parti a donc réinvesti les entreprises depuis le non au référendum en 2005. Les cellules politiques ont été réactivées à la SNCF, à la RATP ou à la Poste. Syndicaliste CGT à PSA Aulnay, en grève depuis trois semaines, Christian Bonnin compte 39 nouveaux adhérents depuis la création de la cellule... donc autant de cotisations : « Nous avons lâché du terrain et nous essayons maintenant de le reconquérir. »

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Messages

  • tout cela nous le savons... une seule chose m’inquiète : pendant que les médias utilisent le "temps" de MGB à parler des finances du parti, ils ne parlent pas de son programme ! Je trouve ça proprement scandaleux, mais cela ne m’étonne pas du Parisien.
    Autre question : à quand un papier sur le fric des autres "petits" candidats ? je pense notamment à Bové, puisqu’il est le petit nouveau et fier de n’avoir aucun parti derrière lui... C’est pas le fromage de chèvre qui paie les meeting ??? Bulou

    • Je dois dire que je ne peut pas te répondre pour les bovétistes, puisque je suis a la lcr ! Mais pour la lcr, nous avons du mener une politique d’économie drastique ces derniers temps, nous avons lancé souscriptions aprés souscriptions (heureusement elles ont toutes marchées) De fait nous avons de gros probléme de salles (nous sommes obligé de prendre des salles plus petites que l’étiage de notre candidat, ce qui fait qu’on est en général sérré comme des sardines) et nous fonctionnons a l’économie pour les affiches (domage, j’aime bien coller) et les tracts... quand a nos permanents, nous en avons trés peu (moins de 10 sur le plan national) Les locaux sont aussi réduit au strict minimum (la plupart du temps, les sections n’ont pas de locaux propres et nous nous réunissons chez les uns et les autres) Bref, nous vivons a l’économie de bout de chandelle Cela dit, le pcf ne me semble pas avoir de moyens somptueux non plus....

      Marc LCR 92 Nanterre

    • D’accord Marc,meme galére voire !!!Ca a quand même un avantage:une campagne menée sur le terrain,quartier par quartier,par village,discussions au plus prés,c’est bien ça le militantisme,et avec des gens qui ne repondent pas aux sondages et qui préférent le contact !

      Jean Claude des Landes

    • pour jean claude et marc, heureusement sur bellaciao mais sur un autre theme, j´ai enfin entendu des gens pc lo lcr et later mondial (mais le blog a ete efface ou je ne sais ou il est , je ne m´y connais pas trop avec ordinateur et internet !) ENFIN des gens de base qui pensent qu´ils nous faut faire un nouveau parti ou nous serions tous ensemble avec nos differences, pour l´argent nous avons un seul bureau et un seul parti ( il reste encore a convaincre les derniers 20% a gauche de venir avec nous) CAR SI ON EST COCO OU COCO-REVOLUTIONNAIRE, la difference ? on peut juste freiner le capitalisme et marx et lenine sont morts ! alors j´espere que la france va faire le meme chemin que l´allemagne ; quand on aura 60% alors on pourra faire 3 partis dans 1000 ans ! maintenant sur un projet commun et un parti ( a droite ils rigolent , egal quel pays d´europe) LES GAUCHISTES DOIVENT GARDER LEURS ORIGNALITES ET CE N´EST PAS PARCE QU´ON N´A PAS LA MEME IDEE QU´ON DOIT FAIRE 2 PARTIS ( JE NE SAIS QUI A DIT CA), on doit faire europe gauche et a gauche du ps il n´y a la place que pour UN PARTI ! SALUT, il y a aussi des anarchistes dans le parti gauche allemande ! (moi ) salut j-f d

  • Le tirage de l’Huma dépasse les 70 000. Il augmente régulièrement depuis plusieurs années. Plus de 300 000 lecteurs la lisent chaque jour.

    Mais le Parisien, qui n’est pas à une information fausse prêt à propos du PCF, et qui a peur d’être bientôt dépassé sur ce plan par le Monde, préfère se tromper dans les chiffres.

    La une de samedi de ce même journal disait "le PC lutte pour sa survie". Que ne feraient-ils pas pour ne pas dire que le PC lutte pour ses idées, ou, pire encore, pour défendre un projet de société qui repose sur la justice sociale et la répartition des richesses, des pouvoirs et des savoirs ?

  • MARRE, oui marre de ces journaux poubelle, qui préfère parler de faux problèmes que de parler du programme. arrêtez d’acheter cette merde et achetez l’HUMANITÉ.

  • Cet article témoigne de la peur qui s’empare de la bourgeoisie.Le spectre du communisme continue à les effrayer et c’est tant mieux !

  • Ce journal est tout de meme obligé de reconnaitre comment depuis 2002, les communistes ont effectué un formidable travail de remobilisation et d’organisation avec la création de nouvelles sections, l’arrivée de nouveaux adhérents.

    Ces efforts ont déjà payés sur le plan politique puisque le PCF a réussi avec d’autres la campagne référendaire pour le NON au TCE en 2005.

    Et qui sait en 2007 si nous n’aurons pas une autre bonne surprise pour tout le Peuple de Gauche ...

    Il est grand temps d’un sursaut à gauche !

    => Le temps du sursaut à Gauche

  • Il y a, au moins, une partie intéressante et neutre, sympatique, d’objectivité et de faits dans cet article.

    C’est une oeuvre de constats méritoires à l’égard du PCF, et le témoignage d’efforts encourageants, de "sacrifices" intelligents (comme le bd Blanqui remplacé par la place Fabien...), efforts financiers et politiques méritants et pleins d’espoir...

    L’oeuvre continue avec des moyens adaptés aux contraintes : c’est bien et rassurant, preuve que ça ne va pas dans le mur.

    Pierre de Bellevue.