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Marie Georges Buffet : “Il faut faire payer les riches”

Publie le mardi 3 avril 2007 par Open-Publishing
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“Alors que les conditions de vie des travailleurs s’aggravent, que les perspectives pour la jeunesse s’assombrissent, les profits des grandes sociétés capitalistes s’accroissent démesurément. Une autre politique est possible”, estime Marie-George Buffet dans une interview accordée au Journal de l’île. La candidate de “la gauche populaire et antilibérale”, 58 ans, actuellement créditée de 2% dans les sondages, arrive ce matin dans notre île pour une journée de visite.

[2 avril 2007]

On dit que le PCR “s’active” pour votre visite dans l’île, mais savez-vous que quatorze élus communistes ont préféré accorder leur parrainage à Dominique Voynet (Verts), contre six seulement à vous. Qu’en dites-vous ?]]

Je suis très heureuse de constater que le PCR, comme vous le dites, “s’active” pour ma visite. J’ai été très sensible au fait que Gélita Hoarau, sénatrice, et d’autres élus du PCR choisissent de m’accorder leur parrainage. A La Réunion, comme ailleurs, des élus communistes ont donné le leur à des candidats qui n’étaient pas certains de rassembler un nombre suffisant de signatures, ce qui est loin d’être mon cas. Ils ont agi dans un esprit démocratique.

Vous allez rencontrer Paul Vergès, le président de l’Alliance et président de la Région. Est-il encore communiste, selon vous ?

C’est avec grand plaisir que je vais commencer mon séjour dans votre île par un entretien avec mon ami Paul Vergès, avec lequel j’ai toujours eu les relations les plus amicales et solidaires. C’est avec lui et Elie Hoarau et tous les dirigeants du PCR que j’ai eu le plaisir d’avoir des entretiens qui ont traduit le grand progrès des relations entre nos deux partis, en les rétablissant sur une base d’égalité, de respect mutuel, d’absolue indépendance dans tous les domaines et d’accord profond sur toutes les questions essentielles nationales et internationales, sur une base de solidarité. Être communistes réunionnais et français, c’est assumer nos ressemblances et nos différences, en toute fraternité.

Paul Vergès déclare aujourd’hui à qui veut l’entendre, “qu’entre la droite et la gauche, il n’y a plus de différence”. Est-ce votre avis ?

J’observe avec beaucoup d’intérêt et de sympathie la politique d’entente menée par l’Alliance, qui rassemble des Réunionnaises et des Réunionnais d’opinions différentes. Je n’ai pas entendu Paul Vergès dire qu’il n’y a pas de différence entre la droite et la gauche. Mais il est évident que des gens différents peuvent s’unir dans certaines périodes et pour certains objectifs. C’est le cas aujourd’hui à La Réunion, comme ce le fut en d’autres périodes dans l’ensemble du pays. L’expérience du PCF est riche de telles situations où - sans faire disparaître leurs différences - des femmes et des hommes de gauche et de droite ont su se réunir et agir ensemble. Ce fut le cas dans la Résistance, contre l’hitlérisme, dans la lutte contre les guerres coloniales, dans les combats pour la paix et le désarmement. Je comprends parfaitement que des gens très différents s’unissent aujourd’hui pour les intérêts présents et d’avenir de La Réunion.

Savez-vous que l’ancien fondateur du PCR a déjà annoncé qu’il ne donnera pas de consigne de vote particulière pour le premier tour du scrutin, mais qu’il appellera les électeurs à choisir parmi tous les candidats qui se prononceront favorablement sur la plateforme de l’Alliance ?

Paul Vergès a indiqué qu’il ferait connaître son choix “en temps voulu” et il a rappelé que “lors du vote sur le traité instituant une constitution européenne, il n’avait indiqué sa position que trois semaines avant le vote”.

Vous vous présentez en tant que candidate “de la gauche populaire et anti-libérale”. Sur votre affiche de campagne, il n’y a ni marteau, ni faucille, même pas la mention “communiste”. Pourquoi ? Avez-vous honte du mot “communiste” ?

Je suis la candidate de la gauche populaire et anti-libérale. Bien loin d’avoir honte d’être communiste, je suis fière de l’être et d’avoir contribué de toutes mes forces à la victoire du “non” au référendum européen. Justement, ma candidature n’est pas seulement celle des communistes, elle prolonge et vise à élargir le mouvement déjà puissant d’union des forces populaires et anti-libérales.

Qu’est-ce qu’être communiste en 2007 ?

Être communiste, c’est lutter pour une société qui accorde la place centrale à l’être humain, c’est aussi vivre avec son temps, combattre les injustices et l’exploitation, lutter pour l’égalité, la liberté et le progrès, c’est combattre le racisme et toutes les ségrégations.

Vous êtes actuellement créditée de 2% dans les sondages en métropole, qu’allez-vous dire aux Réunionnais pour essayer d’inverser cette tendance ?

Les sondages ne sont pas l’élection. Les instituts, eux-mêmes, reconnaissent qu’à trois semaines du vote, des millions d’électrices et d’électeurs n’ont pas fait de choix définitif. Les salariés, les privés d’emploi, le “peuple de gauche” ne se sont pas soudainement convertis aux bienfaits de la casse des droits sociaux, des services publics ; ils n’ont cessé de dire le contraire, au travers des grandes luttes sociales des cinq dernières années et du “non” du 29 mai, d’exprimer le plus nettement et le plus fortement possible leurs exigences de changement.

Le logement, l’emploi, le pouvoir d’achat, l’éducation... sont au cœur de la campagne électorale. En quelques mots et, concrètement, que préconisez-vous pour qu’à La Réunion votre slogan “vivre mieux, on y a droit”, devienne vite une réalité palpable ?

Je soutiens sans réserve la plate-forme et le programme de l’Alliance qui, à mon sens, correspondent pleinement aux besoins d’urgence et d’avenir de La Réunion. Les accords conclus avec l’État, Contrat de Projet, programmes opérationnels européens, route du littoral, tram-train doivent être respectés. En luttant pour leur application, pour le logement social, l’emploi, l’enseignement, les Réunionnaises et Réunionnais agiront pour l’amélioration de leur situation. Ils auront toujours mon soutien. On voit aujourd’hui avec le grave retard d’application des promesses gouvernementales d’aide après les dégâts du chikungunya, qu’il faudra être vigilants, unis et combatifs pour obtenir la réalisation des promesses. Le vote pour mon programme s’inscrit naturellement dans cette lutte.

Vous proposez une hausse des salaires, des retraites, des allocations pour les jeunes et les chômeurs, des minima sociaux. Vous préconisez également un engagement fort pour soutenir les services publics (santé, éducation, logement...). Comment comptez-vous financer toutes ces mesures, compte tenu de la situation financière dans laquelle se trouve la France ?

Il y a quelque temps, je relisais des textes des premiers députés communistes de La Réunion après la Libération, Raymond Vergès et Léon Lepervanche. Dans une formule marquée par l’époque, ils disaient qu’il faut faire payer les riches. Cette formule conserve son sens aujourd’hui. Alors que les conditions de vie des travailleurs s’aggravent, que les perspectives pour la jeunesse s’assombrissent, les profits des grandes sociétés capitalistes s’accroissent démesurément. Une autre politique est possible. Il faut bien constater que je suis la seule candidate qui accompagne ses propositions des moyens de leur réalisation.

Vous avez déclaré récemment que “Ségolène Royal désoriente profondément le peuple de gauche”. Or, deux jours plus tard, vous avez laissé entendre qu’au second tour, vous vous désisterez en sa faveur “sans discussion, ni négociation”. N’avez-vous pas le sentiment d’être contradictoire ?

Il est évident que, pour battre Le Pen et Sarkozy, il ne suffit pas de brandir le drapeau tricolore et de chanter la Marseillaise, mais prolonger les combats qui ont fait la gloire de la Révolution française c’est, aujourd’hui, agir pour un changement profond. Plus le poids des voix communistes sera lourd au premier tour et mieux seront assurés les lendemains. Oui, nous ferons tout pour battre la réaction et rassembler toutes les forces au second tour, mais sans aucune discussion ni négociation.

Propos recueillis par Yves Mont-Rouge

http://www.clicanoo.com/article.php...

Messages

  • Paris le 30 mars 2007

    Monsieur le Président,
    Cher camarade,
    Mon cher Paul,

    J’ai lu avec un intérêt passionné les propositions de « l’Alliance » pour la nouvelle étape du développement de La Réunion.

    J’y adhère totalement, sans aucune réserve. J’y retrouve la combativité, la lucidité, la connaissance de la situation de votre île et la volonté ardente qui ont toujours marqué l’activité des communistes réunionnais.

    Je m’engage absolument à tout faire pour leur réalisation.

    Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, j’agirai avec détermination pour l’application complète :

      du protocole d’accord signé entre le Premier ministre et le Président de la Région le 19 janvier dernier relatif au financement et à la réalisation du tram-train et de la nouvelle route du littoral ;

      - du contrat de projet État-Région signé le 15 février entre le Préfet de la Région et du Département, le Président du Conseil régional, la Présidente du Conseil général ;

      des programmes opérationnels européens négociés avec Bruxelles.

    Je retrouve dans vos propositions à la fois réalistes et ambitieuses l’état d’esprit qui avait marqué nos rencontres amicales, notamment lors de mon précédent voyage à La Réunion.

    Je me réjouis d’apprendre chaque jour des nouvelles qui témoignent de l’adhésion profonde de la population réunionnaise à vos propositions.

    Moi-même députée d’une des régions métropolitaines défavorisées, je mesure pleinement la nécessité de mettre fin à la situation de La Réunion qui compte 75.000 foyers au RMI, 120.000 personnes touchées par l’illettrisme, 100.000 privées d’emploi.

    Permettez-moi de souligner que mon expérience ministérielle me permet de connaître intimement les besoins de la jeunesse et me rend particulièrement sensible au fait que vos propositions doivent permettre —et je m’engage à y veiller— de former à des professions d’avenir et de donner des emplois à des milliers de jeunes Réunionnais.

    Je me réjouis aussi de constater qu’une telle politique s’accorde pleinement avec un développement qui pourra prolonger dans la vie quotidienne l’esprit de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, favorisant l’épanouissement culturel d’un peuple à l’identité métisse exemplaire.

    Je prends l’engagement :

      de tout faire pour l’adoption de mesures précises pour l’emploi et le développement économique de La Réunion et pour l’adoptions d’une loi de programmation pour le logement social outre-mer ;

      de soutenir toutes les mesures que vous proposez pour l’éducation ;

      de veiller à la mise en place et au fonctionnement de l’Observatoire des prix et des revenus ;

      de favoriser l’intégration de La Réunion dans sa région du monde et de garantir la continuité territoriale ;

      de proposer des mesures garantissant la protection de l’environnement et la mise en œuvre des plans réunionnais de développement durable.

    Candidate de la gauche populaire et antilibérale, j’accorde une grande valeur à vos propositions. D’abord parce qu’elles correspondent à une nécessité urgente : permettre à La Réunion de faire un bond en avant comparable à celui qui, en 1946, lui a permis de sortir du statut colonial.

    Ensuite, parce que vos propositions correspondent aussi aux intérêts de nos peuples.
    C’est pourquoi, non seulement je les approuve, mais je me réjouis de constater que mes objectifs d’une politique sociale, économique, européenne et internationale cohérente et de progrès, en rupture totale avec celle que subit la France depuis des décennies sont en harmonie avec les vôtres.

    Vous me permettrez d’indiquer à ce propos que je crains que certains candidats déclarent approuver vos propositions sans les accompagner des mesures fiscales, financières, économiques indispensables à leur réalisation.

    Je reste persuadée, mon cher Paul Vergès, que nous franchirons ensemble cette étape qui en préparera d’autres.

    Avec toutes mes cordiales amitiés solidaires.
    Très cordialement.
    Marie-George Buffet

    Mis en ligne le 3 avril par Jean Saint-Marc