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Questions discriminantes sur Battisti

Publie le mardi 3 avril 2007 par Open-Publishing

RAPPEL
Des opinions sur Cesare Battisti à la vérité de la loi
(intervention critique dans le cadre la discussion de son article éponyme dans fr.wikipedia)

La question n’est pas jurique ni même judiciaire mais éthique sur les droits fondamentaux.
Il ne sagit pas de la vérité d’un homme mais de la vérité de la loi.
A savoir : en quoi une loi qui ne conçoit pas la présomption d’innocence au fondement de toute accusation judiciaire, même au terme d’une procédure forclose mais qui ne l’aurait pas prise en compte, est-elle vraie ?
C’est-à-dire : quel est le point de vue de cette loi sinon celui de la totalité divine - celle qui toute énigme confondue restant infondée, aux yeux de partie ou de l’ensemble des humains, malgré tout ne peut jamais se tromper ? Ou dans la version sans Dieu, quel point de vue de cet ordre ne serait pas humainement abusif des droits fondamentaux ? C’est-à-dire autrement, un passage à l’acte totalitaire sur la question de la vérité, en hypothèquant la ressource populiste de la croyance.
C’est la question de la réforme de justice Perben en France qui installe le policier en première instance de l’accusation en place du judiciaire et des avocats, et dans ce cas toute arrestation est au contraire celle d’un présumé coupable, légalement détenu comme tel, en attendant que sa non culpabilité soit prouvée... cela peut durer très très longtemps et parfois jusqu’à la fin de la vie du détenu, selon les imbroglios et la bureaucratie d’une procédure. Et de toutes façons c’est contraire aux droits fandamentaux hérités. Au nom de quoi ? Du 11 septembre ? Guentanamo à l’ombre de toute observation légale en est l’exemple extrême. Au nom de l’émigration interdite qui peut mettre en prison tout acteur secourable considéré obligatoirement comme complice - alors qu’ill est à informer qu’un émigré Thaïlandais qui aurait été extradé en février ait été immédiatement fusillé en arrivant entre les mains de la police de son pays et dans cecas : l’Etat ne commet-il pas le délit de "non assistance à personne en danger" contre lequel se serait élevé tout citoyen qui au contraire en aurait relevé le défi ?

Alignement circonstanciel de la loi française sur la loi italienne à propos de l’affaire Battisti, dans un cadre européen.
Car les annexes de la constitution commune qui a été refusée ne proposaient pas autrement de la justice européenne. (C’est d’ailleurs certainement une des raisons majeures, non seulement le néo-libéralisme mais bien la fin des droits fondamentaux aux annexes, qui expliquent le succès du non au référendum sous 40% de voix considérées de gauche parmi la majorité de 53% obtenus par le refus).

Toute autre question que celle des droits fondamentaux à propos de Battisti, et plus largement dans les lois qui ont modifié nos engagements traditionnels par rapport à ces droits, en France, dans les dernières réformes de justice et de police, est strictement d’opinion ou d’idéologie.

Ce qui explique pourquoi Battisti soit devenu un enjeu symbolique qui dépasse son simple problème.

C’est exactement ce qui a fondé de considérer son évasion comme légitime tant parmi les communautés religieuses progressistes que chez les libéraux attachés aux drotis fondamentaux, que dans la gauche et l’extrême gauche en France, en égale répartition (comme pour partie de l’opinion contraire) : l’horizon de la perte de nos propres droits traditionnels dans la nouvelle Europe, alors qu’au contraire on les avait pensés pour partie exemplaires de notre contribution européenne.

En plus de la présomption d’innocence, il y a de toutes façons l’amnistie qui n’est pas davantage reconnue ni indetifiée par les pouvoirs français et italien dans l’affaire Battisti.

L’amnistie du crime politique était notre tradition installée par de Gaulle sur laquelle par deux fois dans notre histoire il a rétabli la paix civile.

Maintenant c’est l’Allemagne seule qui la pratique sans rédemption, à propos d’activisme politique engagé par le crime. Preuve que l’idée juste n’est pas morte au pouvoir, dans la ligne de l’exemplarité des droits, même par un gouvernement qui n’est pas de gauche.

Il y a eu une réconciliation générale en Afrique du Sud, sans laquelle la guerre civile y compris infracommunautaire n’aurait pu cesser.

De même que je perçois comme un signe inquiétant de la perte des droits citoyens locaux l’extradition de Battisti, de même il est inquiétant que les prisonniers d’Action Directe (dont je désavoue personnellement les actes, et de plus théoriquement) étant parvenus au terme de leur temps de prison incompressible ne soient pas libérés purement et simlement de ce fait - sans préjuger d’autres bonnes raisons éventuelles qu’ils le soient, telles que santé, ou justement l’amnistie.

Je pense que le pouvoir en France et son relais tant populiste qu’"expert" (je veux dire "technique" en la matière)- même de bonne foi et de bonne volonté - s’embarquent de plus en plus dans l’obscurantisme de la raison, au lieu de la clarté manichéiste annoncée, et d’une façon générale d’abus à l’égide de la plus triste des mémoires modernes, vu tout ce que cela ramasse de surcroît comme alterophobie (exo-communautaire et xénéophobe).

Il faut apprendre à "désaffecter" les projections et les causes pour restaurer le droit et le jugement commun du pouvoir judiciaire ; l’idée convenable du droit pour comprendre à quelle "vraie" ou "fausse" justice on a affaire, c’est la présomption d’innocence et l’amnistie. Elles sont fondées par la mémoire fossile du devoir d’insoumission devant l’infamie, sans lequel il n’y aurait pas eu de Résistance dans les pays occupés par les nazis avec des gouvernements locaux collaborateurs. Cela y compris sur le lieu allemand lui-même sous Hitler - exemple qui fonde toujours la question discriminante de la limite des droits en Europe...

Même si un jugement est "juridiquement" irréprochable au regard de sa propre loi, on répète que cela ne résoud pas la question éthique de la vérité de la loi eu égard aux droits fondamentaux. Il est impossible d’évacuer la question philosophique de l’existence qui a présidé à la déclaration des droits fondamentaux de l’individu ("tout individu a le droit de (...) ou "tout citoyen a le droit de"), ces droits individuels inscrits avant même ceux de la société définis par le statut du citoyen relatif à celui d’un autre et par extension des autres citoyens. Sans quoi il n’y aurait de définition possible de la société que comme un zoo ou un camp - ou une collection de légumes.

Et même si le juridisme est une des formes de l’apothéose de l’apolitisme qui caractérise la tendance des réformes de la société actuelle, on peut donc considérer aussi bien fondé sur le plan du raisonnement que cela soit injuste. Tout dépend si on garde une échelle de référence de la vérité relative, ou pas.

-Orphée 3 avril 2007 à 16:27 (CEST)

Et j’ajoute ici, qu’une amnistie présidentielle de tout président(e) se disant démocrate ou républicain(e), comme cela fut une tradition de toujours inaugurer le renouvellement de la présidence de la Vè république en France, et pendant qu’elle existe encore même si on ne l’apprécie pas, devrait comprendre la libération sans délai des militants d’Action directe.