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Marie-George Buffet : "votez pour une gauche qui porte haut ses valeurs"

Publie le vendredi 20 avril 2007 par Open-Publishing
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Entretien réalisé par Pierre Laurent

Entretien . "Nous pouvons créer l’événement", déclare Marie-George Buffet, "si tous ceux qui veulent une politique vraiment à gauche se rassemblent sur ma candidature."

Àquelques jours de l’élection présidentielle, une très grande incertitude demeure sur les résultats du premier tour. Il semble que le nombre d’indécis soit encore important. Croyez-vous, vous aussi, que les derniers jours seront décisifs ?

Marie-George Buffet. Les rencontres que j’ai quotidiennement sur le terrain le montrent : tout est ouvert pour le résultat de l’élection. Quand j’entends que 60 % des jeunes de moins de 25 ans n’ont pas arrêté leur vote, oui, je me dis que tout peut encore se décider. Ces électeurs et électrices sont en recherche. Ils sentent qu’on cherche à les enfermer dans une situation où ils n’auraient à choisir qu’entre le "moins pire" et le "plus pire".

Ils sont partagés, se demandent s’ils ne sont pas obligés d’en passer par là, et, en même temps, ils ont envie de trouver réponse à leurs problèmes, ils ne veulent pas renoncer à porter dans les urnes leurs exigences, leurs aspirations, leurs valeurs. À ces électrices, à ces électeurs qui cherchent le meilleur vote, je ne cesse de dire qu’ils ne doivent pas se laisser voler leur expression démocratique, qu’ils ne doivent pas se laisser piéger par des tactiques politiciennes, des calculs qui visent à porter tel ou tel au pouvoir. Un jour, il faudrait déjouer ou aider les combines Sarkozy-Le Pen ; un autre, il faudrait déjouer ou appuyer une alliance Bayrou-Royal. Mais en fait il s’agit toujours de favoriser la stratégie électorale de l’un ou de l’autre, jamais de répondre aux attentes du pays, à leurs attentes. Je dis à ces électeurs et électrices : votez pour vous, pour une candidature qui porte des solutions à vos problèmes, parce que son projet est cohérent et réellement à gauche, une candidature qui s’appuie sur vos luttes, vos combats, qui affirme ses valeurs de gauche et n’est pas toujours en train de courir après les thèmes mis en avant par la droite. Je leur dis : ne loupez pas le coche du premier tour, ne ratez pas le vote du 22 avril, émettez ce jour-là un vote de courage qui dise : « Stop, nous en avons assez d’être entraînés à chaque fois à subir des politiques dont ne nous voulons pas. Cette fois-ci, comme le 29 mai 2005, nous prenons les choses en main, nous voulons une politique vraiment à gauche et nous votons pour le dire. »

Vous venez de parler du paysage à quatre qui s’est progressivement mis en place. On a d’abord tenté d’imposer un choix réduit à deux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, puis à trois, avec François Bayrou et, enfin, à quatre, avec Le Pen. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement entre ces quatre qu’il faudrait choisir, mais entre des alliances possibles entre les uns ou les autres. Comment réagissez-vous ?

Marie-George Buffet. Tout est fait, effectivement, dans ces derniers jours, pour enfermer les Français dans un choix où il y aurait d’un côté un bloc ultraconservateur et de l’autre un bloc centro-social-libéral dont on ne saurait pas les objectifs politiques.

Alors, parlons d’abord du premier, Sarkozy-Le Pen. Je veux dénoncer avec la plus grande vigueur et de manière solennelle le comportement de Nicolas Sarkozy qui a pris ces dernières semaines l’énorme responsabilité de « blanchir » les idées d’extrême droite, de les porter lui-même dans la campagne, tout cela pour aller grappiller quelques voix et d’atteindre son but, s’emparer du pouvoir. C’est parfaitement scandaleux de la part d’un homme parlant au nom de la droite républicaine. Quand je disais, au début de la campagne, « cet homme est dangereux », non seulement pour nos droits sociaux, mais aussi pour nos droits démocratiques, je ne me trompais pas. Son bilan, et son attitude aujourd’hui, le confirme. À lui, comme à l’extrême droite, il faut barrer la route.

C’est au nom de cela que Michel Rocard, suivi de Bernard Kouchner, vient de proposer une alliance Bayrou-Royal. Vous avez immédiatement réagi en déclarant que ces appels étaient une « alarme » pour la gauche. Pourquoi ?

Marie-George Buffet. Où conduirait ce rapprochement ? Quelle politique mènerait une gauche qui aurait choisi de reconquérir le pouvoir en s’appuyant sur le centre, c’est-à-dire la partie de la droite dont sont issus Giscard, Barre et tant d’autres autres ? J’ai en tête l’expérience de l’actuelle coalition allemande. On a dit « ni droite ni gauche », « union nationale », mais quel est le résultat ? Une politique de droite, ultralibérale, qui vient de reculer l’âge du départ à la retraite à 67 ans. Que ferait le libéral François Bayrou, une fois au pouvoir, pour les services publics ? Quel serait le positionnement d’une majorité Bayrou-Royal sur la question européenne ? Que ferait une telle alliance pour de nouveaux droits des salariés dans la gestion des entreprises ? Allons, plus la gauche renonce face aux logiques libérales, plus la gauche court après les thèses de la droite, plus Nicolas Sarkozy se frotte les mains en se félicitant que l’échiquier politique se déplace à droite. Alors, pour battre la droite et l’extrême droite, il ne faut pas lorgner au centre, il faut au contraire que la gauche ait l’audace d’une politique réellement nouvelle s’appuyant sur les mobilisations sociales. Il faut que la gauche porte haut ses valeurs, en s’appuyant sur les combats pour la dignité, l’égalité, la solidarité, les libertés. Il faut qu’elle ouvre les chantiers d’une autre distribution de l’argent, de nouvelles avancées démocratiques, d’une réorientation de l’Union européenne. C’est en faisant cela que la gauche recréera l’espoir et lèvera une dynamique populaire apte à battre la droite et à faire du bon travail à gauche.

Mais cette gauche qui soit elle-même, comme vous le dîtes, à laquelle vous ne voulez pas renoncer, c’est quoi aujourd’hui ?

Marie-George Buffet. C’est une gauche qui ait du courage, de l’ambition, la volonté de construire une nouvelle République du progrès social. Une gauche qui propose de porter cette nouvelle politique jusqu’au gouvernement. Une gauche qui vise une République des droits, droit à vivre dignement avant tout, donc l’augmentation de tous les salaires et notamment du SMIC à 1 500 euros tout de suite, une sécurité d’emploi et de formation, un nouveau financement de la protection sociale pour le retour à une sécurité sociale universelle, de véritables retraites à 60 ans qui permettent de vivre, un droit au logement rendu effectif par un service public de l’habitat. Une gauche qui mette en acte une République de l’égalité, avec l’égalité professionnelle des hommes et des femmes, avec une loi-cadre contre toutes les violences faites aux femmes, avec une lutte sans merci contre les discriminations faites aux jeunes et la création d’une allocation d’autonomie, avec la régularisation des sans-papiers et le droit de vote des étrangers installés dans notre pays. Une gauche qui porte la culture, la recherche, l’acquisition des connaissances, l’ambition éducative pour toutes et tous vers le haut, avec une école obligatoire jusqu’à 18 ans, avec une université qui continue à se démocratiser. Une gauche qui a une ambition industrielle pour notre pays, qui ne tire pas un trait sur son agriculture, sa viticulture, en laissant le marché tout casser. Une gauche qui se donne les moyens de cette politique, qui réoriente les moyens financiers, construise un pôle de financement public, une nouvelle politique de crédit qui donne des droits nouveaux aux salariés, porte une autre voix de la France en Europe pour faire respecter le vote des Français le 29 mai en se battant pour un nouveau traité qui refonde la construction européenne.

C’est ce que vous appelez une gauche de combat et de responsabilité ?

Marie-George Buffet. Oui, parce que tous ces combats sont menés aujourd’hui dans le pays, par celles et ceux qui se mobilisent contre les licenciements, se battent pour les salaires, par les hommes et les femmes du Réseau Éducations sans frontières, par les féministes, par les enseignants qui agissent pour une école de la réussite... Ceux qui sont dans les luttes attendent de la gauche au pouvoir qu’elle leur apporte des réponses, qu’elle adopte les réformes nécessaires, les lois nécessaires, les mesures sans lesquelles rien ne changera.

Quand vous avez démarré votre campagne, vous affichiez deux objectifs : battre la droite et réussir à gauche. Aujourd’hui, à quelques jours du scrutin, vous ne renoncez à aucun de ces deux objectifs ?

Marie-George Buffet. À aucun de ces deux objectifs. On peut battre la droite si la gauche est porteuse d’un tel projet, si nous portons cette ambition dans la gauche, si nous nous adressons au peuple de gauche en lui disant : allez-y, prenez en main l’élection et donnez-lui au premier tour le contenu que vous attendez de la gauche. On peut réussir à gauche si une nouvelle majorité, un gouvernement met en oeuvre le projet que je viens d’évoquer.

À l’extrême gauche, Olivier Besancenot tient un autre discours, parle de construire à gauche une opposition à Ségolène Royal si elle est élue, voire de compter sur un troisième tour social. Vous, ça ne vous suffit pas ?

Marie-George Buffet. Je rencontre de telles souffrances sociales et démocratiques dans ce pays ! Cette retraitée qui est obligée d’ aller chercher sa nourriture au Resto du coeur alors qu’elle a travaillé toute sa vie, le visage de ces femmes et de ces hommes licenciés que je rencontre en intersyndicale, ces viticulteurs qui ont l’impression qu’on les laisse mourir debout, ces jeunes qui ont la tête dans le mur... Et à ces gens-là, je vais leur dire : mon but, c’est d’essayer de créer une opposition à Ségolène Royal ? Mais si je fais cela, tout mon combat ne sert à rien. Ce que ces femmes et ces hommes attendent de nous, c’est que dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, nous créions au plus vite les conditions pour que la gauche bouge, qu’un espoir se lève à gauche, qu’une force grandisse qui permette de rassembler une majorité sur une autre politique apte à contrer les logiques libérales. L’urgence sociale, ce n’est pas dans vingt ans qu’il faut y répondre.

Vous pensez qu’encore aujourd’hui les forces existent pour faire émerger cette voix-là, à gauche, le 22 avril, et la faire suffisamment peser sur la suite des événements ?

Marie-George Buffet. Oui, je le crois. Bien entendu, les sondages peuvent donner le sentiment contraire, comme si la France était majoritairement passée à droite. Mais ce n’est pas la France que je rencontre. C’est vrai qu’aujourd’hui il y a des hommes et des femmes dont l’espoir a été mis sous le boisseau, qui ne croient plus qu’on résoudra les problèmes du chômage, de la vie dans les quartiers populaires, du pouvoir d’achat, qui pensent qu’aucun politique ne peut ni ne veut s’y attaquer. Alors, ils se prononcent par défaut ou par dépit. Mais si la gauche relève le gant, si elle leur démontre qu’une autre politique est possible et qu’elle est prête à se battre pour cela, alors ils retrouveront le chemin de la gauche. Ma candidature est celle qui dans cette élection présidentielle relève le gant. Rappelez-vous le référendum. Quand des forces à gauche ont refusé la fatalité, des hommes et des femmes ont à nouveau pris le chemin de la victoire et ils nous ont fait gagner.

Mais par où passe aujourd’hui ce chemin de la victoire ?

Marie-George Buffet. Par le premier tour, le 22 avril. Par le fait que la gauche retrouve, à travers un fort rassemblement sur ma candidature, cette ambition de changer la vie. Cela ne passe que par là. On voit bien que certains ne rêvent que de tirer la gauche vers la droite. Mais si les électeurs de gauche, communistes, socialistes, écologistes, militants des collectifs antilibéraux, syndicalistes, militants des quartiers populaires, se rassemblement pour dire la gauche qu’ils veulent le 22 avril, les manoeuvres actuelles seront mises en échec. Si par contre ce rassemblement n’est pas assez fort au premier tour, il sera beaucoup plus difficile de battre la droite au second, parce que beaucoup d’hommes et de femmes n’auront pas alors assez espoir en la gauche.

En suivant votre campagne, nous avons l’impression qu’un climat nouveau existe dans le monde salarié, notamment dans le monde syndical autour de votre candidature. C’est aussi votre sentiment ?

Marie-George Buffet. Oui, je crois que ces militants syndicalistes qui avaient été déçus par la gauche plurielle et l’avaient sanctionnée en 2002 ont envie cette fois-ci de battre la droite et de construire à gauche des réponses plus conformes à leurs attentes. Je pense qu’ils sont sensibles au projet de République de progrès social que je porte, à la cohérence qui existe dans mon projet entre les propositions et les moyens de les tenir, à l’importance que j’accorde à la démocratie sociale. Cette ambition provoque manifestement de l’adhésion chez de nombreux syndicalistes que je rencontre.

Et dans les quartiers populaires, encore très marqués par les événements des banlieues de novembre 2005, comment ressentez-vous le climat ?

Marie-George Buffet. C’est un peu différent. Il y a une envie forte de se rassembler sur ma candidature parce que c’est cette gauche qu’ils attendent. Mais le « tout sauf Sarko » est très présent, parce que les discours et les actes du ministre de l’Intérieur ont profondément blessé ces populations. Une partie de ces électeurs et électrices sont donc très hésitants. Ils sont tentés par un vote dit « utile » dès le premier tour en faveur de Ségolène Royal, voire de François Bayrou. Je veux jusqu’au bout m’adresser à elles, à eux : moi aussi je veux à tout prix « battre Sarko », alors réfléchissons ensemble sur le meilleur moyen pour y arriver. Voter François Bayrou, c’est voter pour un homme qui poursuivra la politique antisociale de Raffarin-Villepin-Sarkozy. Voter pour une gauche qui porte la même politique que celle qui vous a déçus, c’est aller vers de nouvelles désillusions et le risque d’un 21 avril puissance dix dans cinq ans. Alors, pour éviter tout cela, il faut donner une force nouvelle à une gauche de courage et de responsabilité, cette gauche populaire que je porte avec le PCF.

Vous parliez, au début de cet entretien, de la grande inconnue qui plane sur le vote des jeunes. Leur engagement a été très visible dans tous les grands moments qui ont marqué ce quinquennat. Vous-même en avez beaucoup rencontré durant cette campagne...

Marie-George Buffet. Ils démontrent un formidable intérêt pour le débat politique, et c’est sans aucun doute la conséquence de toutes leurs mobilisations depuis 2002. Ils savent aujourd’hui qu’ils ont besoin de luttes mais aussi de réponses politiques. 8 000 d’entre eux ont adhéré au PCF ces derniers mois. Ils l’ont vécu dans la bagarre contre le CPE. Ils manifestent eux aussi une volonté très forte de battre la droite. Je sais qu’ils peuvent être sensibles à l’idée que le chemin que nous prenons est celui du rassemblement de toute la gauche pour battre la droite, que ce chemin est celui qui empêchera la gauche de perdre sa boussole. J’ai envie de dire aux jeunes que de leur vote dépend la possibilité de tirer l’échiquier politique résolument vers la gauche.

Donc, sondages ou pas, vous croyez à la campagne de terrain que vous menez depuis des mois et à un bon score le 22 avril ?

Marie-George Buffet. Oui, d’ailleurs, je voudrais dire à toutes celles et tous ceux qui mènent cette campagne, aux militantes et militants communistes, l’importance du formidable travail qu’ils accomplissent. Les conditions sont difficiles, nous nous y attendions. Malgré cela, leur mobilisation est remarquable et elle tient le coup. Je veux ici les remercier de ce formidable engagement et leur dire que je vais, moi aussi, me battre jusqu’au bout. Les derniers jours vont compter double, ou plus. Nous sentons autour de nous adhésion à nos propositions, à notre positionnement. « Battre la droite, réussir à gauche » : à nous de contribuer à transformer cette adhésion en vote. Beaucoup d’hommes et de femmes disent compter sur le PCF demain, disons-leur que nous avons besoin de leur soutien le 22 avril pour leur être utile demain. Je pense que nous pouvons créer l’événement si nous donnons tout ce que nous avons jusqu’au bout.

http://www.humanite.fr/journal/2007...

Messages

  • APPEL
    d’électeurs anti-libéraux

    FAISONS DE Marie George BUFFET PAR NOTRE VOTE
    LA CONDIDATE UNITAIRE DE LA GAUCHE ANTILIBERALE

    Il n’y a pas eu de candidat(e) unitaire anti-libéral(e) désigné(e) officiellement par les organisations.
    Les débats de chapelle ont été plus forts que l’intérêt des gens.
    Nous avons pris acte de ce fait.

    Aujourd’hui à la lumière de ce qui se déroule sur les marchés, les entreprises, les villes, dans les meetings, en banlieues, et dans les milieux ruraux, Marie George BUFFET semble être la mieux placée sur tout le territoire pour recueillir les suffrages de l’ensemble des électeurs qui se réclament de la Gauche Anti-libérale (Programme et stratégie).

    Nous avons eu espoir à un moment en une candidature unitaire de Bové, de Salès, de Autain ou de Buffet. Mais au final ce n’est pas cette direction qui a été prise par les états-majors des partis et mouvements anti-libéraux.
    Nous en tant qu’électeurs, dès le 22 avril 2007, nous avons le pouvoir de rassembler notre vote pour que la voix anti-libérale pour changer réellement soit plus efficace.

    Ne tenons pas compte des désignations des différents candidats pour représenter ce mouvement qui dans les faits le divisent. Concentrons nos voix et imposons par notre vote la candidature la mieux placée pour peser contre les Droites et faire réussir toute la gauche avec une forte voix anti-libérale rassemblée.

    Des électeurs anti-libéraux qui veulent que le NON à la constitution européenne soit respecté et que la vie s’améliore vraiment et dès maintenant.