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Intervention de Marie-George Buffet à Marseille (videos)

Publie le vendredi 20 avril 2007 par Open-Publishing
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Intervention de Marie-George Buffet

Meeting de Marseille Dôme, 19 avril 2007

Chers amis, chers camarades,

J’ai entendu dire qu’à Marseille, ce soir, le peuple de gauche ne serait
pas le seul mobilisé. Nicolas Sarkozy, paraît-il, serait même dans les
parages.

Nicolas Sarkozy serait là, tout près. Pour ne rien manquer de ce qui se
passera ce soir dans votre ville, je crois pouvoir vous résumer son
discours.

Il parlera de la France qui travaille. Et il vous attaquera, vous les
traminots, vous les marins de la SNCM et vous les dockers, vous tous qui
ne renâclez jamais à l’effort mais qui avez démontré ces dernières années, que lorsqu’un combat était juste, il fallait le mener jusqu’au bout, vous tous qui avez démontré que face à ces gens là, il ne fallait jamais reculer !

Je vous parlerai donc de la France qui se bat. Je vous parlerai de la
France que les amis de Nicolas Sarkozy empêchent de travailler, de ces
salariés d’Airbus que l’on veut licencier, parce que l’argent manquerait,
et qui voient leurs anciens patrons partir avec un petit présent de 8,4
millions d’€, et qui voient aujourd’hui embaucher un millier
d’intérimaires, pour faire le travail considérable qu’ils ont à faire,
juste avant la suppression programmée de 10 000 emplois !

Nicolas Sarkozy parlera de ce qu’il appelle les assistés, ces hommes et
ces femmes que l’on a chassés de leur travail et qui vivotent aujourd’hui
dans les conditions que vous savez. Ils seraient à eux tous seuls, avec
leur maigre RMI, avec leur petite préretraite, les responsables de tout.
Je vous parlerai de ces assistés dont il ne parle pas, ces entreprises qui
ont touché 65 milliards d’€ sans le moindre contrôle ni la moindre
évaluation, ces entreprises qui détournent l’argent public au seul profit
de leurs actionnaires !

Il parlera même ici, à Marseille, ici dans cette ville monde qui depuis
des millénaires brasse des hommes et des femmes venus de tout horizon,
d’identité nationale. Il voudra même récupérer Pagnol et parlera de la
Provence éternelle en vous citant Frédéric Mistral.
Je vous parlerai du peuple de France et de la seule chose qui forge son
identité, ces mots de liberté, d’égalité, de fraternité, l’esprit de cette
grande Révolution qui aujourd’hui comme hier résonne au plus profond de
nous !

Il vous parlera d’une France qui n’est pas la nôtre, celle des nantis, des
exploiteurs, de tous ces gens qui n’aiment pas la vie !
Alors moi, je suis venue parler de vous !

Je suis venue parler de vous parce que dans toute cette campagne, vos
vies, vos attentes, vos angoisses et vos espoirs seront restés au second
plan.

Le débat n’a pas eu lieu. Comment s’étonner qu’ils en aient eu peur, leur
dernière expérience en la matière ne leur ayant guère réussi...

On aura donc parlé de tout, sauf de l’essentiel ! Ils nous auront imaginé
tous les scénarios où rien n’entravait, au final, les intérêts des tenants
de l’ordre établi. Ce fut Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy. Puis ils
ont pimenté le tout en déguisant François Bayrou, le frère jumeau de
Nicolas Sarkozy, en homme de gauche. Le déguisement n’était pas très
réussi, mais l’essentiel n’était pas là. Ils cherchent maintenant à vous
faire peur avec Le Pen.

Et avec tous ces contes pour enfants, ils auront réussi à tenir le temps
d’une campagne. Ils auront réussi à détourner l’attention des choses
essentielles : quelle sera notre vie demain ? Qu’est ce qui peut vraiment
changer ?

Après tout, qu’est ce qui est en jeu le 22 avril ? Est-ce élire le
prochain locataire de l’Elysée, ou est-ce déterminer la politique dont la
France a besoin ? Est-ce un choix de personnes ou un choix politique ?
Ainsi, regardez comment ils vous parlent de Nicolas Sarkozy ou de François
Bayrou ? Les médias nous décrivent les hommes, avec leurs qualités et
leurs défauts. Mais ce qui nous intéresse, c’est d’abord ce qu’ils veulent
faire !

Ils parlent d’eux, mais regardons d’abord leur bilan : cinq ans au service
des puissants, cinq ans de répression, cinq ans de confiance aveugle en
les forces du marché !

C’est tout cela la droite. Et pour les cinq prochaines années, derrière
leurs sourires forcés, derrière leurs belles paroles selon lesquelles « 
oui, j’ai changé », il y a tout le programme de la droite, les années
Raffarin et Villepin en pire !

Avec la droite, pour vous qui êtes ouvrier ou employé, n’attendez pas
d’augmentations de salaires ! Et n’en revendiquez pas non plus, car c’est
notre compétitivité que vous ruinez. Non, avec les Dr Jekyll et Mr Hyde de
la droite, Nicolas Sarkozy François Bayrou, attendez vous soit à être un
chômeur perdu dans les statistiques, quand ils auront laissé votre usine
délocaliser, soit à trimer jusqu’à plus d’heures ! C’est en bêtes de somme
qu’ils veulent vous transformer. Ils vous parlent de travail, mais ils
pensent esclavage !

Pour vous qui êtes parents d’élèves et qui angoissez, comment pourrait-il
en être autrement, pour l’avenir de vos enfants, attendez-vous, avec les
Dr Jekyll et Mr Hyde de la droite, à voir nos écoles se vider encore plus
de leurs professeurs et de leurs adultes ! Pour vos enfants, les classes
seront bientôt pleines à craquer. Pour les leurs, il y aura toujours
l’école privée. Que pourra-t-on donc attendre de ces fanatiques de la
réduction de la dépense publique, sinon des difficultés encore plus
grandes pour vos enfants à étudier et à trouver leur place en société ?

Pour vous qui êtes retraités et qui avez donné toute votre vie au travail,
à vos proches, à la collectivité, pour vous qui donnez encore aux autres,
attendez-vous, avec les Dr Jekyll et Mr Hyde de la droite, ces bateleurs
de foire du MEDEF, à être récompensés de vos efforts et donc à voir vos
pensions encore baisser ! En France, l’argent coule à flots mais jamais
pour les vieux travailleurs.

Pour vous qui de vos vingt ans regardez votre avenir plein de rêves mais
aussi d’inquiétudes, vous dont les études se passent à trimer au Mac Do ou
dans les agences d’interim, attendez-vous, avec les Dr Jekyll et Mr Hyde
de la droite, à voir les CPE refleurir comme les jonquilles au printemps !
Le CPE n’était pas un coup d’essai : la société, ils ne la conçoivent que
dans la précarité généralisée !

Pour vous que le bétonnage des littoraux révolte, que la pollution des
airs et des mers tourmente, que le réchauffement de la Terre inquiète,
attendez-vous, avec les Dr Jekyll et Mr Hyde de la droite, à ce que prime
toujours l’argent sur l’environnement, leurs profits sur les forêts, le
productivisme sur l’intérêt de la planète !

Pour vous tous enfin qui vous battez chaque jour, ici pour la défense du
service public, là pour des enfants sans papiers, ici pour les salaires,
là pour des familles dans le besoin, attendez-vous, avec les Dr Jekyll et
Mr Hyde de la droite, à des attaques de la plus grande violence contre le
droit de grève, à de nouvelles tentatives d’enrégimenter toute la vie
associative, attendez-vous tout simplement à être mis au pas ! Ce sont
toutes nos libertés qui sont dans leur ligne de mire !

Ils nous disent que ça va mieux. Le CAC 40 est au plus haut depuis six
ans. Les marchés sont euphoriques. Mais comment ne pas voir, que ce sont
toujours les mêmes, vous les ouvriers, vous les employés, les jeunes, les
retraités, qui feront les frais de leurs politiques !

Alors oui, qui ici n’a pas au plus profond de lui ce désir de battre la
droite ? Quand on les voit défiler les uns après les autres, à la
télévision, ces Sarkozy, Bayrou, Villiers et Le Pen, on croirait les
frères Dalton en train de préparer un mauvais coup ! Il ne manque plus que
la douce Ma Dalton, en sous-main, mais ce pourrait bien être Laurence
Parisot !

Qui donc ici, face à ces gens-là, pourrait se laisser accuser par tous les
promoteurs du vote utile de la moindre complaisance envers une droite
toujours plus dure ? Qui ici pourrait laisser dire que les communistes ne
sont pas les premiers adversaires d’une droite qui plus est de plus en
plus tentée par des idées d’un autre temps ?

Oui, je veux dire ici combien je suis atterrée de la tentation
grandissante de Nicolas Sarkozy de solliciter non plus les électeurs de Le
Pen, mais bien le soutien du Front national. Je veux dire combien je suis
préoccupée de lire dans les propos du favori d’une droite que je veux
encore croire républicaine un nombre grandissant de théories
d’extrême-droite. Je veux dire mon inquiétude de toutes ces passerelles
qu’ils sont en train de construire avec cette autre droite, celle qui a
toujours haï la République.

Et c’est bien aussi pour cela que la gauche ne peut se permettre la
moindre complaisance face à la droite. Oui les communistes seront toujours
au premier rang pour chasser la droite du pouvoir !

Alors bien sûr, j’entends bien que Le Pen se présente lui même comme le
candidat des petits, des ouvriers, des sans-grades.

Mais quand Le Pen dit qu’il est inévitable de reculer l’âge de la retraite
et d’allonger le temps de travail, il défend les travailleurs ou les
patrons ? Est-ce qu’il sait, lui, ce que c’est que de bosser quarante ans
à la chaîne, huit heures par jour et chaque jour de la semaine ? Est-ce
qu’il sait ce que cela signifie, pour un ouvrier, d’être obligé de
travailler encore plus et donc de passer encore moins de temps pour soi et
sa famille ? Franchement, depuis sa villa de Saint-Cloud, il n’a pas dû en
voir beaucoup, d’ouvriers ! Son oreille serait sinon nettement moins
sensible aux propositions du MEDEF !

De la même façon, quand Le Pen dit faut qu’il faut libérer le droit du
travail et assouplir les règles du licenciement, il parle comme un ouvrier
ou un patron ? Est-ce qu’il sait combien d’années de luttes il a fallu aux
ouvriers pour construire ce code du travail et vous protéger de
l’arbitraire des patrons ? Est-ce qu’il sait combien aujourd’hui la
précarité qu’il revendique crée de souffrances, de pauvreté et de mal-vie
 ? Mais si Le Pen était le défenseur des ouvriers, est-ce qu’il aurait pour
programme celui des grands patrons qui ont liquidé l’emploi et l’industrie
partout dans le pays ?

Enfin, quand Le Pen dit qu’il faut réduire la boulimie de l’Etat, il parle
comme un défenseur ou un liquidateur du service public ? Un défenseur du
service public ne propose pas, comme il le fait, de réduire encore le
nombre de fonctionnaires et la présence de l’Etat dans les territoires.
Franchement, si le Pen était le défenseur des sans-voix, il saurait un
minimum dans quelles conditions on travaille, aujourd’hui, dans les
hôpitaux ou les écoles, à force d’avoir réduit ce que la vulgate libérale,
sa vulgate, appelle la boulimie de l’Etat !

On voit bien que les défenseurs des ouvriers, les défenseurs des petits,
ils ne sont jamais du côté de la droite, et encore moins de ses extrêmes !
Alors oui, le 22 avril, n’ayons pas la moindre hésitation ! Tous ensemble
soyons mobilisés contre la droite.

L’enjeu de votre vote, le 22 avril, est absolument déterminant. Soit l’on
cède à la pression des médias ou soit notre peuple reprend la main. Soit
on leur laisse aggraver encore toutes les souffrances, toute cette mal-vie
que j’ai ressentie partout en France durant toute cette campagne, soit
notre peuple décidait d’ouvrir une nouvelle voie, une voie pavée de
progrès social et d’humanité, une voie bordée d’espérances et d’utopies,
une voie riche de toutes vos luttes et de toutes vos attentes.

C’est là qu’est notre choix. C’est la question qui nous est posée le 22
avril.

C’est donc cette question que je vous pose : on arrête ou on continue ces
politiques libérales ? On arrête ou on continue de laisser régir la
société par la seule loi du fric ?

Et bien quand je vois la gravité de la situation ici, je veux avec vous
répondre que l’on ne peut s’accommoder de ces politiques qui portent un
nom, le libéralisme, et qui partout dans notre pays, partout en Europe,
partout dans le monde, ont appauvri, précarisé, licencié, et qui demain
vont lancer l’humanité à sa perte !

On ne peut plus s’en accommoder à droite ! Mais on ne peut pas non plus
imaginer, à gauche, de combinaisons ou de compromissions qui, quel que
soit le soutien dont elles pourraient bénéficier dans les médias, seraient
incapables de porter la nécessité d’une autre politique !

Ce n’est pas en échafaudant l’alliance au sommet revendiquée par certains
entre le Parti socialiste et l’UDF que l’on inventera du neuf :
qu’attendre en effet d’une telle construction si ce n’est toujours les
mêmes politiques et donc toujours les mêmes échecs ? Qu’attendre en effet
de la grande alliance du renoncement, du regroupement des libéraux honteux
et des libéraux contents, de tous ceux qui face au marché prêcheront
toujours l’impuissance ? Non, la gauche qui gagne, elle n’est pas la
blanchisserie des idées de la droite !

Messieurs Rocard et Kouchner, la gauche n’a rien à gagner à regarder du
côté de la droite. Plus personne ne veut encore d’une gauche de salon
spécialisée dans la pédagogie du renoncement. C’est plutôt du côté des
quartiers populaires et des entreprises que vous devriez tourner les yeux
 : c’est là qu’est la force historique de la gauche. C’est là que nous
pourrons tirer toute notre volonté pour tout bousculer !

Oui je veux vraiment construire du solide face à la droite.

Mais la gauche qui peut battre la droite, elle est d’abord ancrée dans le
mouvement social. Elle a pour unique contrainte de ne jamais trahir vos
grèves et vos espérances sitôt arrivée au pouvoir. Elle est fière de son
Non à l’Europe libérale, elle est fière de ses batailles pour le service
public, elle est fière de ses défilés contre les lois Fillon ou contre le
CPE. La gauche qui peut battre la droite, elle est née dans la rue et elle
grandit dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale !

La gauche qui peut battre la droite, elle est fière de ses quartiers
populaires, elle est fière de ses ouvriers, de ses enseignants, et de tous
ses travailleurs à qui depuis des années on fait serrer la ceinture ! La
gauche efficace face à la droite, elle se nourrit de ce que sont vos vies
pour au pouvoir ne plus jamais céder face au mur de l’argent ou aux
oppositions des puissants.

La gauche qui peut battre la droite, elle ne refuse donc pas le pouvoir a
priori ; elle ne laisse pas la droite occuper seule le terrain. Elle ne se
contente pas d’incantations morales. Elle se bat partout où elle le peut,
non pas pour sauvegarder sa pureté révolutionnaire, mais bien pour vous aider à vivre mieux !

C’est en cette gauche effrontément populaire en laquelle je crois. Et
c’est cette gauche que nous pouvons porter au pouvoir si le 22 avril,
plutôt que de céder aux sondages, chacun et chacune faisait le choix utile à sa vie, le vote pour Marie-George Buffet !

Pour battre la droite, je veux donc une gauche qui croit en la volonté
politique. Je veux une gauche convaincue que face à tous les problèmes qui sont les nôtres, il existe une réponse politique, il existe une solution
juste, sociale, efficace.

C’est pour porter cette gauche-là au pouvoir que je me bats. C’est pour
changer la vie, dès demain, que je sollicite vos suffrages.
C’est pour en finir avec les années de renoncement, de recul et de
régressions, que je veux vous dire que de nouvelles conquêtes sociales
sont à portée de vote. Oui, le progrès social est une idée neuve que nous
avons tout loisir de décliner, et de décliner dans tous les domaines de la
vie !

Je pense à vous, les ouvriers de Nestlé, de Diebold ou aujourd’hui de St
Louis sucre. Vos luttes ont fait reculer les plus puissantes des
multinationales. Alors imaginez ce qui aurait été possible avec un
gouvernement qui aurait relayé votre combat et qui vous aurait donné les
moyens d’imposer tout simplement vos projets pour vos entreprises.

Alors je vous le dis. Avec un peu de volonté politique, rien ne voue la
gauche à l’impuissance, rien ne voue la gauche à laisser fuir notre
industrie !

Imaginez qu’un gouvernement se contente tout simplement d’appliquer les
prescriptions de notre constitution, en vertu de laquelle « tout
travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la
détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion
des entreprises ».

Imaginez donc qu’une gauche au pouvoir vous donne les moyens d’opposer aux
stratégies financières de vos directions d’entreprise vos propres projets
de développement !

C’est tout ce que je propose. Face à une menace de délocalisation, je veux
vous reconnaître le droit d’instaurer un moratoire, le temps d’examiner
les projets alternatifs des syndicats, le temps d’imposer, grâce au
soutien des pouvoirs publics, la mise en oeuvre des propositions des
salariés.

Et plus largement, je veux que les salariés, parce qu’eux seuls sont
aujourd’hui intéressés au développement de leur entreprise, aient au jour
le jour les moyens d’intervenir dans la gestion et la définition de la
stratégie de leurs entreprises.

Alors on nous dira que c’est utopique. En s’en donnant les moyens,
c’est-à-dire en travaillant à l’élaboration d’une nouvelle constitution
qui reconnaisse ces droits, cela ne sera plus utopique, mais simplement
réel !

Alors on nous dira qu’il n’y a rien à faire, dans la mondialisation, face
aux fonds de pension et à ces marchés financiers qui font aujourd’hui la
pluie et le mauvais temps sur notre industrie.

Alors je répondrai que les moyens d’une autre politique existent et qu’il
ne manque rien à la gauche au pouvoir, sinon la volonté, pour transformer
notre système financier et le rendre enfin favorable à un développement
durable de notre économie.

J’ai cette volonté. J’ai cette volonté, en Europe, que la France se batte
pour que les peuples investissent la mère de toutes les banques, la Banque
centrale européenne, afin que ce soit vous qui lui donniez sa feuille de
route !

J’ai cette volonté, en France, de transformer notre système financier et
donc de faire primer vos projets de long terme aux spéculations
financières, et donc de créer un pôle financier public qui avec vous, avec
les salariés et les élus, financerait en priorité tous les projets
socialement utiles et respectueux de l’environnement, et pénaliserait tous
les autres.

Je pense à vous les femmes de France, nous qui nous nous battons toujours
pour l’égalité, l’égalité au travail, l’égalité en politique, l’égalité
dans le couple.

Imaginez qu’enfin nous disposions des moyens pour imposer l’égalité
professionnelle à l’entreprise, des droits pour en finir avec les temps
partiels et donc les salaires partiels, imaginiez une véritable parité qui
garantirait aux femmes une place égale à celle des hommes dans la vie
sociale et dans la vie publique !

J’ai cette volonté, j’ai cette volonté de mener jusqu’au bout ces combats
féministes, et donc de rendre plus contraignantes toutes les lois visant à
une véritable égalité entre les hommes et les femmes. J’ai cette volonté
de faire voter en urgence la loi de lutte contre les violences faites aux
femmes. J’ai cette volonté, en Europe, de garantir les droits des femmes,
et notamment les droits à la contraception et à l’IVG !

Je pense à vous les traminots de Marseille, vous qui vous êtes battu pour
le service public et qui vous êtes heurté à l’entêtement insensé de
Jean-Claude Gaudin et de ses amis.

Imaginez que plutôt d’entendre, à longueur de semaines, qu’il avait été
démocratiquement élu et que ses décisions étaient donc irrévocables, vous
auriez disposé d’un droit d’initiative populaire permettant de soumettre,
par référendum, la question fondamentale qu’avait soulevé votre conflit.

C’est cela, cette démocratie directement dans les mains des citoyens que
je revendique ! Et que l’on ne me dise pas que ce n’est possible ! Cela
existe en Italie ; cela existe aux Etats-Unis. Alors qu’attendons-nous
pour faire le pari d’une gauche qui n’aurait pas peur de l’intervention
populaire, la gauche que je veux porter au pouvoir !

Je pense à vous les amis de la nature, vous ces citoyens légitimement
inquiets de l’état de la planète, vous qui vous demandez quelle terre nous
allons laisser à nos enfants.

Imaginez que contre le tout routier et le tout pétrole, les pouvoirs
publics faisaient enfin le choix du rail et des transports en commun,
d’une SNCF riche d’un grande activité fret ! Imaginez que face à tous les
gaspillages d’énergie, les pouvoirs publics relançaient enfin un grand
service public de l’énergie, un EDF GDF 100% public, notamment orienté
vers le développement d’énergies propres et renouvelables. Imaginez que
face au productivisme et au gaspillage des ressources, on décidait enfin
d’inventer une nouvelle croissance, qui saurait mesurer et réduire
l’impact de toute production, de tout transport sur l’environnement, et
qui donc saurait privilégier la défense de la Terre à la perspective de
nouveaux profits !

C’est cela, ce développement durable que je revendique ! C’est cela ce
développement durable qu’il nous faut absolument inventer, à moins de
laisser l’humanité courir d’immenses dangers.

Alors qu’attendons-nous pour porter au pouvoir une gauche suffisamment
forte et écologique pour faire enfin primer la défense de l’environnement
sur la quête de nouveaux profits !

Je pense à vous les marins de la SNCM, vous les dockers de Marseille, vous
ces agents de l’EDF, de la SNCF et de la Poste, vous ces personnels des
hôpitaux, comme l’hôpital du Pertuis dans le Vaucluse, vous tous et toutes
qui voyez de mois en mois vos outils de travail se dégrader et le service
public s’étioler !

Alors bien sûr on nous dit que c’est l’Europe ou que seul le privé peut
aujourd’hui financer le développement de ces entreprises nationales.
Imaginez, là encore, qu’avec un peu de courage, un gouvernement de gauche
dise simplement stop. Stop aux privatisations. Stop à la concurrence libre
et non faussée. Stop à ces logiques privées, ces investisseurs privés, ces
contrats privés qui petit à petit transforment nos services publics en
simples coquilles vides.

Alors bien sûr je les entends déjà hurler, dans les chroniques économiques
à la radio, parmi ces experts en défense de l’ordre établi, ou encore à la
commission de Bruxelles. Mais je dirai et alors ? Avec un peu de volonté,
tout pourra bien changer !

En effet, à Bruxelles, ils devraient bien finir par se ranger à un simple
principe de réalité. La France a dit non à leur constitution libérale.
Elle dirait maintenant non au démantèlement des services publics. Tout
simplement ! Et à force de luttes et de négociations, de batailles et de
volonté, je suis convaincue qu’il deviendrait rapidement possible
d’infléchir considérablement la politique européenne à l’égard de nos
services publics.

Alors qu’attendons-nous pour faire le pari d’une gauche qui aurait
vraiment la volonté de défendre et de promouvoir le service public et qui
pour cela décréterait juste l’intransigeance par rapport aux logiques
libérales ! Qu’attendons-nous pour porter au pouvoir une gauche bien
déterminée à changer l’Europe, une gauche qui fasse enfin l’Europe des
peuples, de la solidarité et de la paix ?

Je pense à vous les professeurs, vous ces personnels de l’Education chaque
année moins nombreux, chaque année plus mal payés, chaque année à ne rien
lâcher pour offrir quand même un avenir à notre jeunesse. Ils nous parlent
d’endettement et de mammouth. Ils nous parlent de baisses d’impôts pour
leurs amis.

Alors imaginez que la gauche au pouvoir, plutôt que de baisser les impôts
sur les plus riches, plutôt que de soustraire les grandes multinationales
à toute contribution à la solidarité nationale, irait juste chercher
l’argent là où il est pour l’affecter là où il serait utile, dans les
écoles, les facs et les instituts de recherche !

Alors qu’attendons-nous pour faire le pari d’une gauche qui aurait
vraiment la volonté de faire cette révolution fiscale, c’est-à-dire
d’augmenter l’impôt sur les revenus des plus riches, c’est-à-dire de
tripler l’impôt sur la fortune, c’est-à-dire de taxer lourdement tous ces
profits qui vont sur les marchés financiers, ces 100 milliards que les
entreprises du CAC 40 n’iront jamais investir !

C’est avec cet argent que nous pourrons créer 150 000 postes d’enseignants
en cinq ans, 45 000 d’accompagnement scolaire, tout le nécessaire pour
permettre la réussite de tous les élèves !

C’est avec cet argent que nous pourrons rénover l’université et doubler
enfin les crédits de la recherche publique. C’est avec ces moyens nouveaux
que nous pourrons mettre en oeuvre les propositions des Etats généraux de
la recherche !

Je pense à vous cette jeunesse des quartiers, vous cette jeunesse
discriminée, que l’on rejette du travail, du logement ou des loisirs. Je
pense à vous, cette jeunesse de France encore et toujours victime du
racisme.

Imaginez que toutes ces discriminations, la gauche au pouvoir, plutôt que
de céder à la peur de Le Pen, décidait enfin d’y mettre fin. Je pense à
ces discriminations légales qui interdisent aux étrangers résidents en
France d’aller voter. Je pense à ces contrôles au faciès qui sont votre
lot quotidien. Je pense à ces discriminations qu’avec une grande volonté,
par exemple en créant un corps d’inspection et de lutte contre toutes les
discriminations, on pourrait vraiment réduire !

Alors qu’attendons-nous pour faire le pari d’une gauche qui se donnerait
enfin les moyens de ne plus tolérer l’intolérable, et qui ferait donc de
la lutte contre les discriminations une grande cause nationale ?

Je pense à vous les précaires, vous les chômeurs, vous tous ces salariés
contraints aux bas salaires !

Imaginez que la gauche au pouvoir n’accepte plus que des millions
d’entre-nous vivent dans les privations quotidiennes et l’absence de toute
assurance du lendemain !

Imaginez donc qu’elle se fixe comme grande ambition, comme nous avons fait
la sécurité sociale à la Libération, d’avancer vers la sécurité d’emploi
ou de formation, et donc de limiter l’usage de la précarité à
l’entreprise, et donc de mieux indemniser le chômage, et donc de faciliter
l’entrée des jeunes dans la vie active, en leur garantissant un emploi
stable et durable !

Imaginez donc qu’elle se fixe comme grande ambition, plutôt que de baisser
les salaires et de prendre le parti de la baisse du coût du travail,
d’augmenter enfin les salaires, à commencer par le SMIC à 1500€, de
prendre le parti de la formation et donc de l’amélioration continue de la
qualité de votre travail !

Alors qu’attendons-nous pour faire le pari d’une gauche qui refuserait de
céder à la fatalité ? Qu’attendons-nous pour porter au pouvoir l’ambition
de transformer le travail ?

Je pense à vous les artistes et vous les passionnés de théâtre, de cinéma
et de culture. Je pense à tous ces hommes et femmes exclus de l’accès à la
culture.

Imaginez que la gauche se fixe comme ambition de rapprocher les arts et
les spectacles des citoyens. Imaginez qu’elle donne dans le même temps
toute leur chance aux créateurs, en favorisant, notamment, la diffusion de
leurs oeuvres. J

Imaginez donc qu’elle adopte enfin la loi rétablissant les droits sociaux
des artistes et des techniciens du spectacle. Imaginez qu’elle donne
simplement toute sa place, dans notre société, à ce qui fait toute la
richesse de nos émotions, nos réflexions et nos échanges, et donc qu’elle
attribue enfin 1% de notre PIB pour la culture !

Alors qu’attendons nous pour affranchir la culture des logiques marchandes
et la faire partager par tous et toutes !

Chers amis, chers camarades,
Puisque c’est possible, qu’attendons nous pour changer la vie ?
Alors cessons de tergiverser ! Ce n’est pas en allant à l’isoloir la peur
au ventre, ce n’est pas en se laissant paralyser par le souvenir du 21
avril que l’on parviendra à battre Nicolas Sarkozy.

Le 21 avril, c’est le naufrage d’une gauche qui avait lâché ses attaches
populaires et qui s’était éloigné du mouvement social, au nom du
pragmatisme, au nom du réalisme.

Alors comment ne pas voir que le vote utile que l’on vous bassine à
longueur de journée, c’est cette même négation de soi-même, c’est cette
même disparition de la scène politique des idées de progrès social, c’est
ce même boulevard laissé aux seules idées de la droite ?

Comment ne pas voir que ce vote utile, il est d’abord utile à tous ceux
qui veulent enterrer toute idée de changement !

Comment ne pas voir qu’à force de voter pour le moins pire pour éviter le
plus pire, on débouche nécessairement sur le pire, c’est-à-dire les idées
de la droite au pouvoir, la politique des Raffarin, des Villepin, des
Sarkozy faites par Rocard et Bayrou !

Tous vous parlent du séisme du 21 avril 2002 ! Mais ce qui menace le 22
avril, ce n’est pas une réplique de ce séisme ! Avec les Kouchner, les
Allègre, les Rocard, la principale menace, c’est un glissement de terrain,
c’est la dérive des continents, c’est le vote utile qui fait glisser
toute la vie politique à droite !

Alors non, ne cédons pas à la pression !

Le 22 avril, allons droit au but ! Allons droit à ce que l’on veut, droit
vers le seul bulletin de vote qui porte l’ambition d’un changement en
grand, le vote en phase avec vos luttes et vos attentes, le vote pour la
gauche populaire et antilibérale !

Le 22 avril, allons droit au but ! Votons pour donner une boussole à la
gauche, celle des aspirations populaires et du mouvement social !

Cette boussole, cette garantie d’une gauche toujours à vos côtés, cette
force utile pour relayer vos aspirations, c’est aussi le Parti communiste
français. C’est aussi ce parti dont l’on aura besoin demain, pour imposer
vos exigences au futur gouvernement ! C’est ce parti qui par ses élus, par ses militants, est chaque jour de l’année au four et au moulin, de ce
combat pour la justice, et le sera encore demain.

C’est cette garantie qu’il y aura toujours demain des hommes et des femmes
prêts à vous défendre !

C’est aussi cette assurance tout risque face aux idées de la droite dont
nous avons besoin !

Alors, votons vraiment pour arrimer la gauche à nos quartiers populaires
et nos usines, votons pour donner à notre peuple l’espoir, tout de suite,
d’une vie meilleure !

Votons pour s’assurer que la gauche ne perde pas la route des grandes
conquêtes sociales, mais bien pour qu’elle trace enfin « ces grandes
avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure ».

C’est tout ce que je veux. Et je le sais, c’est tout ce que des millions
d’entre-vous attendent !

Aussi, ne vous trompez pas de vote utile !

Votez, oui, mais votez pour vous !

Votez pour que nos vies soient à nouveau envahies de progrès social !

Votez pour que, avec le vote Marie-George Buffet, toute la gauche reprenne
enfin le flambeau de 1936, de la Libération, de toutes ces grandes
victoires sociales qui ont fait la France d’aujourd’hui ! Seul ce vote
pourra faire renaître cet espoir et vous rendre incontournables demain !

Je sais les hésitations de millions d’entre-vous, les hésitations de tous
celles et ceux qui sont le plus sincèrement attachées à la victoire de la
gauche et qui se demandent quel vote, au premier tour, sera le plus
efficace pour battre la droite au second.

Ce vote, j’en suis convaincue, c’est le vote pour vos idées, c’est le vote
pour une gauche vraiment populaire, vraiment ancrée sur ses valeurs. C’est le vote qui vaccine la gauche contre tout tropisme vers la droite !
Aussi, je vous le dis, n’hésitez plus ! Que risquez vous à enfin réveiller
toutes vos exigences et à exprimer toutes vos idées ?

Que risquez-vous sinon d’assurer la présence d’une gauche forte, populaire
et fidèle à ses valeurs dans le paysage politique ? Que risquez-vous sinon
de vous assurer que la gauche parle toujours des salaires, de l’emploi, du
logement, avec toujours l’ambition de vous faire vivre mieux !

Oui vous les électeurs et électrices socialistes, qui vous êtes engagés
pour le NON à l’Europe libérale, vous les écologistes, vous les
communistes, vous tous qui avez au coeur la révolte contre la loi de
l’argent, la loi du plus fort et qui avez chevillé au corps l’envie de
vraiment changer tout ça, rassemblez-vous sans risque derrière ma
candidature. Rassemblez-vous pour vous assurer de l’existence en France
d’une gauche, avec le Parti communiste, qui ne serait pas tentée par le
glissement à droite. Rassemblez-vous avec la gauche populaire et
antilibérale pour vous assurer que vos exigences, vos vies, vos attentes,
ne disparaissent jamais du paysage politique ! C’est toute la gauche que
vous aiderez ! C’est toute la gauche que vous renforcerez. Et c’est ainsi
que nous pourrons tout changer !




Messages

  • voter MGB n’est pas voter communiste, c’est voter avec les communistes, pour une autre relation du peuple avec la puissance politique : une relation qui met tous les outils disponibles , y compris "la chose hitorique PCF" au service de la conquête d’une nouvelle puissance du peuple sur son destin.

    le "manifeste du parti communiste" ne disait pas autrechose, il ne préparait pas "la conscience de classe" à sacraliser un "parti", il permettait une lecture bien plus "dialectique" de la "nécessité" d’un parti pour faire face à "la suffisance" d’une classe dominante :

    cà n’a pas changé, le PCF ne sera pas "suffisant", mais il reste une des "choses" nécessaires pour changer le rapport des forces dans la confrontation Capital-Travail !

    merci Lucien Sève dans l’Huma débat du samedi, mais la "chosification" est un processus à deux entrées on y entre en croyant en sortir !