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La lutte des intermittents

Publie le vendredi 27 février 2004 par Open-Publishing

Confédération Nationale du Travail
Syndicat de la communication, de la culture et du spectacle rp
Secteur Spectacle
33 rue des Vignoles
75020 Paris
spectacle.rp@cnt-f.org

Communiqué de presse

Paris, le 27 février 2004

Hors de la lutte, point de " Coordination des intermittents et précaires d’
Ile-de-France " !

Après la signature de l’accord funeste du 26 juin 2003, les travailleurs du
spectacle entraient dans la lutte et s’organisaient spontanément en de
multiples coordinations régionales afin de lutter efficacement ensemble. Le
fonctionnement adopté à l’intérieur de ces coordinations était basé sur les
principes de la démocratie directe et de l’autogestion, à savoir : assemblée
générale souveraine et décisionnaire, mandats révocables, rotation des
mandats, commissions techniques sous contrôle de l’assemblée générale. La
Coordination des intermittents et précaires d’Ile de France a été l’une des
plus active dans le mouvement, rassemblant aux moments forts jusqu’à 1000
personnes en assemblée générale ; à cette époque, la CIP-IDF en tant que
coordination des travailleurs en lutte est l’organe le plus représentatif,
le plus légitime par rapport au mouvement. La CNT secteur spectacle -
syndicat de la communication, culture, spectacle région parisienne s’est
investie pleinement dès le début du mouvement dans la Coordination, et ce d’
autant plus qu’elle défend précisément l’auto-organisation des travailleurs
et la démocratie directe.

Aujourd’hui, huit mois plus tard, le mouvement des intermittents du
spectacle tel qu’il a pu exister cet été, dans la grève et la lutte
collective des travailleurs concernés, n’existe plus. La coordination des
intermittents et précaires d’Ile de France ne rassemble plus qu’une poignée
d’individus qui ne représentent légitimement plus personne. La coordination
de travailleurs en lutte s’est muée en un petit groupe affinitaire et/ou à
vocation politique, défendant des positions jamais clairement explicitées ni
même votées en assemblée générale (si tant est qu ’il reste des assemblées
générales décisionnaires), comme la
dissociation du revenu de l’emploi et la revendication d’un revenu garanti
universel. Ainsi en témoigne le communiqué de presse de la première journée
d’occupation de la Villa Medicis le 1er janvier 2004 publié par la
Coordination : " C’est précisément pour préserver un temps déconnecté de
l’emploi, que l’on soit salarié en poste, au chômage, travailleur
indépendant ou en formation, que nous sommes en lutte depuis six mois " ( !
 !). Pour sa part, la CNT critique la revendication du revenu garanti
universel et lui oppose celle du salaire socialisé, fondé sur les
cotisations sociales et la solidarité interprofessionnelle.

De la même façon, les assemblées générales ont été progressivement réduites
à des réunions d’approbation des décisions prises en " inter-commissions ",
tandis que les commissions, au départ techniques, se sont de plus en plus
autonomisées et placées en dehors du contrôle démocratique de l’assemblée
générale. Cela a ouvert la porte à de nombreuses dérives et la démocratie
directe qui avait fait la force du mouvement est expulsée au profit d’une
politique du fait accompli. Depuis quelque temps déjà, ces problèmes et des
manoeuvres internes ont contraint les militants de la CNT à quitter la
Coordination. Aujourd’hui, on ne peut nier que le mouvement des
intermittents du spectacle est entré dans une phase,
moins active, mais toujours susceptible de renaître. C’est pourquoi, nous ne
pouvons plus cautionner une structure qui n’est
plus qu’une coquille vide et de ce fait non légitime. Seuls les travailleurs
en lutte ont la légitimité de s’organiser en coordination, sinon, il s’agit
d’un syndicat ou d’un groupe, chose à laquelle nous ne sommes pas du tout
opposé mais qui est foncièrement différente de la coordination des
intermittents et précaires d’Ile de France. Or, la course à la visibilité
médiatique et politique engagée par la coordination nous contraint
cependant à dénoncer cette récupération illégitime du mouvement des
travailleurs du spectacle. Enfin, nous nous inquiétons également du silence
pesant sur l’utilisation et la gestion de l’argent collecté durant les
grèves de cet été dans un fonds de soutien, destiné comme son nom l’indique
à soutenir les grévistes.

Ne laissons pas l’expérience de la lutte et la prise de conscience
collective qui sont nées au sein de cette coordination des intermittents et
précaires, disparaître. La lutte continue et notre détermination face au
gouvernement et à ses partenaires
sociaux demeure. Dans cet objectif nous invitons les travailleurs du cinéma
et du spectacle
à une Assemblée Générale, le lundi 29 Mars à 20 heures 33, rue des Vignolles
à PARIS, afin de continuer la lutte.