Accueil > "Diabolisation !", s’offusquent-ils

"Diabolisation !", s’offusquent-ils

Publie le vendredi 27 avril 2007 par Open-Publishing

Feu François Mitterrand trempe sa plume dans le vitriol dans son billet post-premier tour : "J ?entends parler depuis hier soir de « valeurs », de « projets » et autres fadaises dénuées de sens.

Ces mots servent le candidat UMP, qui les agite en permanence sans leur accorder d ?autre sens que celui de les employer afin de tromper tout son monde sur la réalité de son programme.

Si l ?on y prend garde, nous sommes à la veille d ?un nouveau 13 mai.

Les libertés publiques sont au c ?ur de la campagne.

Ce sont les libertés publiques les « valeurs » et le « projet » de la candidate socialiste.

Il faut maintenant convaincre sans relâche que le candidat de l ?UMP s ?apprête à briser l ?héritage de 1789, de 1905, de 1936, de 1945, de 1981 ?

Qu’il s’apprête à enterrer le code du travail, ressusciter les antagonismes religieux, flatter les communautarismes, caresser les corporatismes, lâcher sa police, dompter la justice, coloniser les medias ? Il faut répéter inlassablement que cet homme délire sur la génétique, méprise la rédemption du peuple allemand et se moque de la détresse des chômeurs et RMistes ? Si tout cela n ?est pas fait, et bien fait, le pire est à redouter, et pour longtemps."

De son côté, l’éditeur Guy Birenbaum, d’ordinaire apôtre du vote blanc, annonce qu’ il va voter Royal et explique : "Je suis, en effet, aussi ulcéré qu’effrayé par la manière dont Nicolas Sarkozy a franchi nombre de lignes jaunes, et en klaxonnant, pour arracher "avec les dents" les voix des électeurs du Front national à leur leader historique et atteindre plus de 30%.

Je ne partage nullement les agapes de ceux qui se réjouissent que ces électeurs aient - selon une formule bien trop consacrée - réintégré un soi-disant "pacte républicain".

On ne ramène pas des électeurs à la raison en flattant leurs instincts les plus vils ; en ostracisant, en discriminant, en brutalisant, en effrayant.

On les ramène juste dans son propre camp et par pur oppurtunisme électoral.

Pour gagner.

Prétendre "réduire l’influence du Front national" est un noble projet mais s’il ne s’agit que d’un alibi commode qui autorise à ingérer puis à recracher, à la face du pays, certaines de ses idées, la méthode me répugne.

"Quant au philosophe Michel Onfray, qui l’a rencontré à deux reprises, il dresse de Sarkozy un inquiétant portrait sous l’angle psychologique : "Il confie que, depuis toujours, ce qui l ?intéresse c ?est l ?étape suivante : « Quand j ?étais jeune militant, au fond de la salle, je voulais être devant.

Quand j ?étais devant, je voulais être sur la scène.

Quand j ?étais sur la scène, je voulais être à la tribune.

Quand je me suis trouvé à la tribune, j ?ai eu envie de plus, de mieux, de la marche d ?après.

Je suis fait comme ça ? ».

Le Ministre, le pouvoir, la solitude.

Je me prends à penser : mais que peut désirer ensuite cet homme s ?il est élu président de la

République, sinon sa réélection ? Et après une éventuelle réélection ? Dès lors la République, la Nation, l ?Etat, le bien public, l ?intérêt général, la France, le drapeau, et autres personnages fantoches de la pièce de théâtre qui se joue nationalement, tout cela compte pour bien peu, sinon rien.

La politique cache de petites histoires psychiques, elle dissimule les micros aventures de l ?inconscient d ?un homme seul, fragile, inachevé, mutilé, souffrant.

La course à la présidence de la République n ?est pas seulement une affaire politique, mais aussi (et surtout ?) une logique thérapeutique, une cure sur le divan, une plainte mal contenue débordant sur tout le pays pris en otage de ce traitement." Ajoutons encore pour mémoire cette phrase de Daniel Schneidermann , le journaliste d’Arrêt sur images et Libération : "Politiquement je ne veux à aucun prix, pour président, d ?un incendiaire qui joue aux dés la relation franco-allemande, ou qui répand pour faire l ?intéressant l ?idée d ?un gène du suicide."

Voilà ainsi des avis tranchés, abrupts, qui dénoncent violemment la menace Sarkozy.

"Diabolisation !", glapit le choeur des vierges effarouchées (de droite).

Un refrain repris hier par le candidat UMP, qui accuse : "Le Parti socialiste rêve d’un front qui serait constitué non contre mes idées, non contre notre projet, (...) mais uniquement contre ma personne (...) un front commun des haines, des intolérances et du sectarisme." Mais c’est bien l’arroseur arrosé ! Qui tient constamment un discours de haine, avec ses "racailles", ses "kärcher", qui agite le chiffon rouge des moutons égorgés dans les baignoires, qui fustige ses adversaires, y compris le placide Bayrou, comme étant "du côté des voyous et des fraudeurs" ? Le "tout sauf Sarkozy" est bien une réalité, ne cherchons pas à le nier.

Mais il repose sur un faisceau d’éléments précis, que la propagande UMPiste veut balayer par l’invocation de "la diabolisation (qui) tient lieu d’argument".

Or non.

Les arguments sont là.

Cent fois sur le métier remettre son ouvrage : reprenons point par point les accusations portées contre Sarkozy.

Sarkozy est déséquilibré.

Ça arrangerait la droite d’escamoter le débat sur la personnalité de son candidat.

Or c’est bien un élément fondamental à prendre en compte, au moment de choisir le président de la république ! Que nous disent d’innombrables témoignages, y compris venant de son propre camp, illustrés par nombre d’anecdotes ? Que Sarkozy est ultra nerveux, irrascible, qu’il pète fréquemment les plombs, s’emporte avec violence sitôt qu’on le contrarie ou le contredit, incapable de se contrôler.

Il insulte et menace un ministre de lui " casser la gueule ", tempête, à propos de l’ affaire Clearstream , qu’il souhaite Villepin pendu à "un croc de boucher" - l’image n’est pas anodine, c’est ainsi que périt Mussolini ! Totalement tourné vers lui-même, souffrant d’une hypertrophie de l’égo, il ne supporte pas que quiconque se dresse en travers de sa route.

Demandez à Nicolas Dupont-Aignan ce qu’il pense de la pratique démocratique du président de l’UMP ! Sa prise à la hussarde du parti majoritaire et le laminage impitoyable de toute opposition interne l’illustre à point.

Ombrageux, susceptible...

et mégalomane : n’a-t-il pas évoqué le sacre de Napoléon à propos de son investiture pharaonique de la porte de Versailles ? Alors non, on ne peut faire comme si le tempérament de Sarkozy ne comptait pour rien, en ce qu’il recèle de potentiellement explosif, qui aggrave l’ensemble des reproches qu’on peut lui faire par ailleurs.

Le futur ex-président Chirac, qui le soutient pourtant officiellement, juge ainsi que confier le pouvoir à cet homme-là revient à "organiser une barbecue party en plein été dans l ?Estérel", et l’ancien ministre délégué à l ?Enseignement supérieur et à la Recherche, François Goulard, rallié à Bayrou, décrit ainsi sa personnalité : "Son égotisme, son obsession du moi lui tient lieu de pensée.

La critique équivaut pour lui à une déclaration de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l ?achat ou la mort de l ?adversaire.

(...) Chirac, lui, a le souci des autres, de l ?homme.

Sarko écrase tout sur son passage.

Si les Français savaient vraiment qui il est, il n ?y en a pas 5% qui voteraient pour lui", comme le relève l’hebdomadaire Marianne dans son dossier Le vrai Sarkozy .

Goulard vient pourtant d’annoncer qu’il votera Sarkozy au second tour ! La phrase clé du réquisitoire du journal de Jean-François Kahn : "Le problème Sarkozy, vérité interdite, est ailleurs.

Ce que même la gauche étouffe, pour rester sagement confinée dans la confortable bipolarité d ?un débat hémiplégique, c ?est ce constat indicible : cet homme, quelque part, est fou ! Et aussi fragile.

Et la nature même de sa folie est de celle qui servit de carburant, dans le passé, à bien des apprentis dictateurs." Diabolisation ? Accusation un peu commode pour dissimuler une facette si exorbitante du candidat UMP.

Sarkozy est un imposteur et un menteur.

Il se proclame héritier de Jaurès quand son programme économique et la politique qu’il a toujours défendue est celle qui est au service des privilégiés.

Hypocrisie que nous démontions pas à pas dans Un Jaurès pour les gogos .

Se revendique-t-il du général de Gaulle ? Il faut alors se souvenir qu’il est allé s’agenouiller aux pieds de George Bush pour battre sa coulpe de Français en dénonçant l’ "arrogance" de notre opposition à la guerre en Irak.

Et qu’il se plaisait à souligner qu’on le surnommait " Sarkozy l’Américain ".

Vous avez dit gaulliste ? Comment faire confiance à un homme qui fait preuve d’une mauvaise foi aussi outrancière ? Qui annonce qu’il publiera son patrimoine puis renonce à le faire ? Qui promet d’apporter toutes les factures prouvant qu’il n’est pas coupable de prise illégale d’intérêt (pour l’acquisition de son appartement à des conditions très avantageuses auprès d’un agent immobilier en affaires avec sa mairie), mais ne les produit jamais ? Qui affirme n’avoir jamais rencontré Azouz Begag ? Bien sûr, il n’a jamais non plus conclu un accord avec Jacques Chirac pour lui garantir l’immunité post-présidentielle.

Pas plus qu’offert à François Bayrou il y a trois ans une alliance en vue d’abattre le même président Chirac, comme le centriste l’a révélé hier et le candidat UMP démenti le soir même, sur TF1 : impossible, parce qu’il était numéro 2 du gouvernement de Chirac...

Et alors ? L’explication a suffi à PPd’A et François Bachy, chef du service politique de TF1.

On connaissait la complaisance du premier nommé, pouvait-on attendre autre chose du second ? Parce que le plus rageant dans tout cela, c’est que Sarkozy peut bien se livrer à toutes les impostures, mentir et désinformer tout son soûl, suivant sa règle du "plus c’est gros, plus ça passe", il s’en prive d’autant moins que les médias dominants aux ordres ne le contredisent jamais, ni ne relèvent des contradictions qui sautent pourtant aux yeux.

Ainsi, lorsqu’il défend le principe des peines-plancher, il prétend toujours que 50% des crimes et délits seraient commis par 5% de délinquants multirécidivistes .

Or on ne connait l’identité de leurs auteurs que dans...

32% des cas ! Mystère autrement dit pour 68% des faits : le chiffre de Sarkozy est faux et l’utiliser comme argument une manipulation.

Pratiquée en décembre 2006 dans A vous de juger et Ripostes, puis dans une deuxième édition d’A vous de juger en mars, et enfin hier soir dans Face à la

Une.

Arlette Chabot, par deux fois, n’a rien trouvé à y redire.

Ni nos duettistes de TF1.

Exception lors de Ripostes, quand le magistrat Serge Portelli a dénoncé l’escroquerie intellectuelle.

Le même Portelli dont le dernier livre, Ruptures, qui démonte de façon implacable le bilan sarkozien et devait sortir ces jours-ci, a été passé à la trappe au dernier moment par son éditeur, Michalon - il est accessible en intégralité sur Betapolitique .

Mais nous reviendrons plus bas à l’emprise médiatique exercée par le candidat UMP.

http://w4lk.org/article8394.html