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17 otages de la justice à Colmar : le Parquet a récidivé...

Publie le mardi 11 février 2003 par Open-Publishing

Rappel des faits :

Le 23 aût 2002, 17 personnes du Collectif de soutien aux inculpés du
campement NoBorder occupent l¹antenne strasbourgeoise du ministère de la
justice. Le but de l¹action est d¹obtenir enfin une autorisation de parloir
et la sortie d¹isolement d’un participant au campement incarcéré. Celui-ci,
arrêté parmi d¹autres au cours d¹une manifestation pour la liberté de
circulation et la fermeture des centres de rétentions, avait été maintenu en
détention dans des conditions particulièrement iniques, puisées dans
l¹outillage carcéral qutodiennement employé pour briser les prisonniers.
Les 3 employés présents lors de l¹occupation décident de rester sur place
sur ordre de leur hiérarchie et des négociations avec le pocureur semblent
commencer... brutalement interrompues par l¹intervention du GIPN
accompagné par la BAC. Commence alors un scénario catastrophe au final
buresque, symptôme d¹un délire de judiciarisation croissant : passages à
tabac, 48h de gardes-à-vue, mise sous écrou une nuit à la prison de
strasbourg et comparution immédiate spectaculaire des 17 pour...

séquestration et violation de domicile.

Démontrant l¹inanité de l¹accusation et suivant la plaidoierie des avocats,
le tribunal se déclare incompétent, les 17 sont libérés au grand dam du
parquet qui réclamait 4 mois dont 1 ferme : la tentative de maquiller une
banale occupation en prise d¹otage avait alors déjà échoué. Défait en rase
campagne, le Parquet fait néanmoins appel.

Au niveau du parquet, ça grince...

La cour d’Appel de Colmar a été aujourd’hui le théâtre d’un spectacle des
plus inhabituel. En effet, il est plutôt rare pour le parquet de plaider la
relaxe d’un côté (abandon de la poursuite pour séquestration) et une
prétendue "clémence" (2 mois de sursis pour violation de domicile) de
l’autre. Il faut dire que les faits n’étaient guère à la faveur de
l’accusation ; les témoins à charge dénoncent les "oublis" dans les rapports
de police, expliquent à la cour que les forces de police ont effectivement
(malgré l’obstination du juge à ne pas accorder foi à ce témoignage venant
des 17) bloqué l’issue de secours de l’extérieur, et que le "désir" de
sortir (exprimé suite à un ordre directe de leur hierarchie) d’une des leurs
se heurtait au refus et à une véritable manipulation de la police plutot
qu’à celui des 17... De plus, après l’intervention du GIPN, 48h de garde à
vue, un journée de prison, une comparution immédiate et 7 heures d’audience
en appel, le parquet, quant à lui, avoue que, depuis le début, l’accusation
de séquestration était inappliccable. C’est donc à la lumière de ces deux
manipulations (juridique, mais aussi sur les fait eux-mêmes) qu’il faut lire
l’attitude d’autoflagellation publique du Parquet. Ne nous y trompons pas,
le Parquet ne fait pas pour autant montre de ce "désir de repentir" si
souvent exigé des prévenus dans les tribunaux, et cela ne l’empèchera pas
d’inciter la cour à prononcer une peine qui se voudrait "de principe" dans
le but a peine caché d’anticiper des lois sécuritaires en débats
actuellement, et de transformer l’"essai malheureux" de criminalisation de
l’occupation en jurisprudence délictuelle.

Avec tous ceux qui se sont mobilisés avec nous pour défendre cette pratique
de lutte et d’autodéfense sociale courante (en particulier les collectifs
autonomes de sans-papiers qui ont été nombreux à nous témoigner leur soutien
à la fois en appelant à une manifestation et à un rassemblement à Paris et
en occupant eux-même des locaux à 2 reprise dans les derniers 15 jours),
nous attendons avec beaucoup d’attention le verdict du 27 mars.
Forts de ce qui est déjà une déconfiture de l’acharnement judiciaire envers
ceux qu"ils appellent les "No Border", nous continuerons à nous mobiliser
pour les procès des inculpés du campement qui auront lieu du 22 au 28
février à Strasbourg (nous appelons à cette occasion à une semaine d’action
contre le contrôle social), et pour l’audience du 20 mars contre les 3
personnes arrêtées devant le bâtiment occupé.

Ils nous ont appelés terroristes, nous ne nous laisserons pas terroriser !

Avec ou sans-papiers, avec ou sans emploi, avec ou sans revenu, nous
continuerons à occuper pour prendre ce qu’on refuse de nous donner et à
exiger :

L’arrêt des poursuites contre tout-es les inculpé-es
Des papiers pour tous ou plus de papiers du tout
Liberté de circulation et d’installation

Les 17 et le collectif de soutien aux inculpés NoBorder