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Dimanche 6 mai, 20H

Publie le dimanche 13 mai 2007 par Open-Publishing
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Le verdict tombe ou plutôt, le couperêt.

Le conflit intérieur d’un homme vient de s’étendre à toute une population. La France est divisée entre les pro-Sarko et les anti. Une France plurielle, métissée, rue Solférino, se presse devant le QG du PS/Une France post-pubère, fadasse, karchérisée, venue à pied jusqu’à la place de la Concorde, symbole de la nostalgie naboléonienne pour y apprécier les propriétés du formol en la personne de Mireille Mathieu.

Ce soir, Marianne n’a pas la peau brune. Sarkozy est devenu en l’espace d’une poignée d’années, la ligne de démarcation de tout un pays. Quel triomphe pour l’égo.

Dimanche soir, après son sacre, j’assistai au défilé de soubrettes serviles venues saluer à la télé, sa victoire, uniquement rendue possible par le vote FN. Il semble qu’aujourd’hui, le monde politique connaisse un second souffle. Du moment qu’elles mènent au pouvoir, les courbettes, ronds de jambes, airs de flutes ne sauraient être que trop recommandés. Même les lieutenants centristes de Bayrou se sont hatés de rallier les rangs de l’extrême-droite UMPiste. Comme si les convictions et l’intégrité de leur ex-chef de file ne pesaient pas lourd contre la promesse d’un siège de dépité. Après la Real politik, la Girouett’ politique. On trashe les idées... Aux gémonies, l’entièreté ! Le populisme, le RVGV (retournement de veste à grande vitesse) semblent être les "nec plus ultra" de la politique française d’aujourd’hui.

Si l’extrême droite de Sarkozy se félicite d’avoir réduit le score du FN, elle ne l’aura pas fait en réconciliant les français avec l’altérité ethnique mais en légitimisant leur xénophobie congénitale, largement exprimée dimanche soir. A la suite de cette élection, je me suis senti plombé, complètement déprimé. Dans la rue, je me disais, en croisant un passant qu’il avait, peut-être, voté pour le candidat d’extrême-droite. C’est l’invisibilité du vote qui est terrible.

Derrière le rideau de l’urinoir, toutes les diarrhées idéologiques deviennent permises. L’opacité du vote donne une couverture à l’intolérable. Lundi, dans un supermarché, je voyais les produits en étalages ; je les sentais comme habités par Sarkozy pendant qu’il habitait sa fonction sur le yacht de son camarade de perchoir qui n’a jamais travaillé avec l’état. Quelque chose avait changé. L’ère Sarkozy avait commencé. Insupportable. Je me demandais si des gens allaient se balancer dans le métro.

Et c’est ce qui s’est passé, à Charles de Gaulle-Etoile dans l’après-midi de vendredi. "Incident de voyageur", comme ils disent pour ne pas gâter l’expérience du transhumant sous-terrain. Etait-ce la première victime de Sarkozy ? La RATP devrait s’intéresser à ses suicidés... Créer un journal qui parlerait de leurs vies.

On y entendrait les proches se confier comme le font les amants, quand dort la France qui se lève tôt. Echanges de murmures nocturnes alors que les politocards diurnes font du théatre amateur, face caméra, à l’heure ou, ensemble, 17 millions de français viennent de plébisciter les promesses de dichotomie du vainqueur d’extrême- droite.

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