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Reconquête

Publie le lundi 14 mai 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

de Pierre Laurent

Où va la gauche ? Après cinq années d’un pouvoir de droite largement contesté, l’élection de Nicolas Sarkozy n’avait rien d’une fatalité, bien au contraire. La gauche vient donc bel et bien de subir un grave échec. Et cet échec interroge sérieusement les perspectives de reconquête.

La première des échéances auxquelles les forces de gauche ont à faire face est celle des élections législatives. Quels que soient les débats, personne n’a rien à gagner à la répétition, voire à l’amplification toujours possible, du score présidentiel de la droite. L’élection du maximum de députés de gauche est donc un premier objectif essentiel. Il est vital pour les combats à venir que cette gauche parlementaire soit pluraliste, que la composante communiste y figure en bonne place avec un groupe constitué. Une gauche qui serait non seulement affaiblie dans l’Hémicycle, mais de surcroît monocolore compliquerait encore la suite. Les électeurs de gauche ont ainsi tout intérêt, dans le cadre de l’élection de nombreux députés de gauche, à redresser l’influence du PCF et à assurer la réélection des députés communistes sortants, qui dans leur circonscription sont les mieux placés pour battre la droite.

Tout en menant à bien ce combat des législatives, la gauche doit aller au bout de ses débats. Le cycle qui renvoyait presque automatiquement l’ascenseur de l’alternance vient d’être enrayé par une droite conquérante. La défaite subie est d’autant plus sérieuse que cette droite envisage de changer en profondeur la France pour pérenniser la domination des forces de l’argent. Il n’y aura pas de reconquête à gauche sans nouveau projet.

Les objectifs du projet dont doit se doter la gauche font précisément débat en son sein et la divisent sur le cap à adopter. Il faut se réattaquer à ce débat dès maintenant. Une partie des forces et du peuple de gauche estime que le temps d’une transformation sociale qui fasse réellement reculer la domination capitaliste et ouvre la voie à de nouvelles républiques sociales est révolu, ou pour le moins inatteignable. La « modernisation » de la gauche passerait par un ralliement définitif à cette révision à la baisse des ambitions. Une autre partie continue de chercher les voies d’une transformation sociale à la fois ambitieuse et crédible. Si des forces s’identifient plus ou moins à telle option, ce débat ne délimite pas deux camps hermétiques, il traverse individuellement de très nombreux hommes et femmes de gauche.

Le PS est fortement travaillé par la tentation de la recomposition centriste. Mais cette voie enfoncerait la gauche plus qu’elle ne la sortirait d’affaire, d’autant que la résistance du peuple de gauche, et au-delà du peuple français tout entier, à la normalisation libérale demeure très forte. L’un des paradoxes de la situation réside d’ailleurs dans la faculté qu’a eue Sarkozy à intégrer cette donnée. La situation du PCF et de l’influence communiste est un autre des paradoxes à gauche. Les scores du PCF semblent le condamner. Or, contrairement au PS, le PCF a mieux pris la mesure de l’échec de 2002, de ses raisons profondes.

Ce qui lui a permis de rebondir après 2002, de jouer un rôle clé dans la victoire du « non » le 29 mai 2005, de mettre en alerte contre la fausse explication de la « dispersion » et la fausse solution du « vote utile », qui vient de montrer ses limites. En même temps, le marquage historique du communisme et la question clé de la crédibilité d’une voie anticapitaliste dans la mondialisation continuent de faire verrou. La question est, maintenant, de savoir si l’émergence d’un projet de transformation sociale et la construction d’un mouvement populaire majoritaire autour de ce projet peuvent être débloquées pour offrir à gauche, face à Sarkozy, une perspective alternative à celle de l’hégémonie social-libérale. C’est l’enjeu des débats qui s’annoncent dans toute la gauche.

http://www.humanite.fr/journal/2007-05-12/2007-05-12-851174

Messages

  • La question est, maintenant, de savoir si l’émergence d’un projet de transformation sociale et la construction d’un mouvement populaire majoritaire autour de ce projet peuvent être débloquées pour offrir à gauche, face à Sarkozy, une perspective alternative à celle de l’hégémonie social-libérale. C’est l’enjeu des débats qui s’annoncent dans toute la gauche.

    Ne nous trompons pas encore, c’est notre dernière chance de changer le cours des choses.

    Et puis, arrêtons de dire que si la gauche échoue encore à cet endroit, tout se règlera dans la rue. C’est archi-faux. Avant même l’entrée dans ses nouvelles fonctions, NS est en train d’instaurer un climat de répression qu’on n’avait pas vu depuis longtemps, dissuadant toutes manifestations dans la rue.

    Alors, occupons-nous sérieusement des législatives, arrêtons de dénigrer, oeuvrons pour que ça se règle là et pas dans la rue. Si c’est l’UMP qui gagne, faudra accepter le vote démocratique et la fermer pendant au moins 5 ans, sans doute plus, avec la direction collégiale qui va se trouver à la tête de l’UMP, après la passation de NS. Alors blablater si vous voulez, mais ne perdez quand même pas trop de temps et sachez convaincre les français qu’il existe une autre voie. Ecoutez ce qu’ils ont à vous dire.J