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Interview de Francis Parny

Publie le mardi 22 mai 2007 par Open-Publishing

Francis Parny, vous êtes candidat aux élections législatives, que pensez-vous tout d’abord, du résultat des Présidentielles ?

Les électrices et les électeurs ont tranché, ils ont élu majoritairement Nicolas Sarkozy. Celles et ceux qui souhaitaient une victoire de la gauche, sont inquiets et parfois en plein désarroi. En même temps ils veulent résister. Je les comprends. Je veux être à leur côté, immédiatement.

Le président de la République veut construire une politique qui sera dure pour l’immense majorité d’entre nous. Le "travailler plus pour gagner plus" grâce aux heures supplémentaires a des contre parties terrifiantes.

Cela signifie : pas d’augmentation normale des salaires, la durée du travail décidée par les patrons et pas d’emplois supplémentaires de créés. Les jeunes attendront toujours que leur qualification soit reconnue dès leur première embauche.

Les exonérations des cotisations sociales continueront de mettre en cause notre système des retraites, de l’assurance maladie et du chômage. Ceux qui souhaitent une société de tolérance, d’échange, et de solidarité, devront sans doute la construire par des actions collectives.

C’est pourquoi je pense à toutes celles et tous ceux qui risquent de souffrir de ce programme présidentiel et je veux les assurer de ma plus grande détermination pour tout faire avec eux afin d’empêcher les mauvais coups que nous annoncent ces promesses électorales. Les élections législatives peuvent être une occasion d’affirmer notre refus de se résigner à subir cette politique. Elles sont une formidable occasion de se donner des élus au service d’objectifs sociaux et humains souhaités par le plus grand nombre de nos concitoyens.

La gauche vient de perdre assez nettement et le Parti Communiste sort affaibli de cette élection. Quel rôle pouvez-vous jouer ?

La candidate socialiste a bénéficié d’un regroupement des voix de gauche dès le premier tour sur son nom mais son projet n’a pas convaincu et les ambiguïtés de sa campagne ont handicapé la gauche. La démonstration a été faite que l’affaiblissement de l’extrême gauche, si on prend l’ensemble des candidats qu’elle présentait, l’affaiblissement du courant écologiste ou altermondialiste, l’affaiblissement du courant communiste, n’ont pas fait gagner la gauche, au contraire ! Cela a limité les possibilités d’un large rassemblement au second tour. Les élues et les élus communistes sont nombreux dans notre pays, ils constituent une grande force au service du peuple. Elles et ils sont 13000 en France : 800 maires, 400 conseillers régionaux et généraux, trois groupes constitués à l’Assemblée nationale, au Sénat et à l’Europe. Dans notre circonscription d’ailleurs, les conseillers régionaux, adjoints au maire, conseillers municipaux communistes, sont très nombreux et appréciés de la population. Et ce courant d’opinion sera indispensable à la réflexion qui doit avoir lieu à gauche après ces échéances électorales.

Mais concrètement, si la droite est majoritaire à l’Assemblée Nationale, quelle pourra être votre activité d’élu ?

Ne tranchons pas la question de la majorité avant le vote. Si Nicolas Sarkozy rassemble autour de lui, il rassemble aussi contre lui. Faisons confiance aux électrices et aux électeurs qui le 6 mai se sont avant tout déterminé en fonction du Président qu’ils ou elles voulaient. S’il y a une majorité de droite, tout n’est pas joué non plus, pensons à la victoire contre le CPE. Nous voulons être les porte-parole de ceux qui luttent. Par ailleurs mon expérience au Conseil Régional depuis 1988 m’a enseigné qu’on peut toujours obtenir dans une assemblée des modifications aux décisions proposées par les exécutifs. L’attitude d’un élu ne doit pas être de voter systématiquement « contre ». Nous pouvons toujours nous battre pour arracher des dispositions conformes à l’intérêt général. Je vais faire, bien sûr, des propositions pour cette circonscription sur les questions de l’emploi, du logement, de la santé, de l’environnement des transports, mais je veux aussi une campagne en action. Je propose de faire signer deux pétitions dans cette campagne. Une pour obtenir une Carte Orange unique pour l’Ile de France à 46 euros : la baisse du coût des transports doit être une réalité pour tous et il dépend du parlement de revoir le « financement transport » des entreprises pour financer une telle mesure. L’autre pétition est celle lancée par les docteurs Christian Lehmann et Martin Winckler contre la franchise sur les soins qui est dans le programme du président élu.

Mais certains espèrent que les promesses du Président vont se réaliser. Que pensez-vous de ce qu’il présente comme ses valeurs ?

Il va tenir ses promesses ! Mais c’est le contenu de ces promesses qui pose problème. Le bouclier fiscal c’est pour les riches ; la « franchise » annuelle sur les soins nous allons tous la payer mais ça n’aura pas les mêmes conséquences selon nos revenus ; les exonérations de cotisations sociales c’est pour les patrons et la conséquence c’est une nouvelle détérioration de notre système de solidarité. Son programme est applaudi par le MEDEF, ce n’est pas pour rien. La « rupture » qu’il propose c’est un renforcement de l’action publique en faveur des grandes sociétés financières, l’abandon progressif de toute responsabilité sociale des entreprises, la poursuite de la casse des services publics, le développement des moyens de répression à l’égard des victimes de la fracture sociale. Quant aux valeurs qu’il défend, disons que nous n’avons pas les mêmes. Je ne pense pas seulement aux hôtels qu’il choisit aux Champs Elysées ou au yacht de Malte. Je pense aussi au ministère de l’immigration ou à la détermination de la personne humaine par ses seules données biologiques. En fait, le Président de la République qui vient d’être élu est le premier à avoir repris à son compte la plupart des grands thèmes politiques de l’extrême droite.

La situation ne semble pas favorable au progrès social…

Je n’ai pas cette vision pessimiste de la situation. Encore une fois, Nicolas Sarkozy rassemble autour de lui, mais il rassemble aussi contre lui. Et ces élections législatives sont une formidable occasion de le manifester. J’appelle donc toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, à se rassembler, s’unir et porter au Parlement, des élus qui ne renoncent pas, qui ne se résignent pas à un nouveau « règne », qui n’attendent pas de nouvelles échéances politiques pour agir, proposer, contribuer au rassemblement permettant des victoires sociales et politiques.

http://francisparny.fr