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Alain Bocquet (PCF) lance un "appel" aux électeurs du FN

Publie le vendredi 5 mars 2004 par Open-Publishing

Il a voulu, dit-il, réitérer le geste de Maurice Thorez qui, en 1934, avait tendu la main "aux chrétiens et aux Croix-de-Feu". Alain Bocquet, président du groupe communiste de l’Assemblée nationale et tête de liste de la liste PCF aux régionales dans le Nord - Pas-de-Calais, a lancé, mercredi 3 mars, un "appel aux électeurs du Front national". OAS_AD(’Middle’) ; Une déclaration solennelle rendue publique dans un petit hôtel d’un centre commercial entre Hénin-Beaumont et Noyelles-Godault, en plein cœur du bassin minier, près de Metaleurop, de l’usine Noroxo et sa tour semeuse de légionelles, au milieu des puits de mine fermés depuis des décennies.

C’est une région "où le score du FN n’a cessé de monter depuis vingt ans pour atteindre des résultats spectaculaires aux dernières élections présidentielles" (plus de 30 % dans certaines communes), a rappelé M. Bocquet. Ces électeurs frontistes, ce sont parfois, reconnaît-il, d’anciens compagnons de lutte qui, convaincus d’être abandonnés de tous, "se sont laissés aller à ce vote, par désespérance" - sans pour autant partager toutes les idées de l’extrême droite.

Quoi qu’il en soit, précise M. Bocquet, "je ne mets d’étiquette à personne. Je tends la main à des hommes et des femmes qui ont un cœur, une tête. Et qui souffrent. Je m’adresse à chaque Français, quels que soient ses convictions et ses votes passés."Loin de l’anathème, l’appel d’Hénin-Beaumont s’attache à dénoncer le programme du FN, "passé sous silence dans leurs tracts qui ne parlent que d’insécurité".

"Avez-vous remarqué", expliquent par exemple les communistes nordistes, que le FN "préconise la privatisation de la retraite, de l’assurance-maladie, la suppression du smic, les pleins pouvoirs aux entreprises pour licencier et délocaliser, la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes et du RMI ? (...) Qu’il prétend museler les salariés en supprimant les syndicats, privatiser les dernières entreprises publiques et l’école de la République, casser les services publics, remettre en cause les droits des femmes ? (...)

Le Pen et le FN ont les couleurs et l’apparence de la contestation, mais le régime capitaliste, ses tares et ses méfaits lui conviennent à merveille. Cela n’empêche pas le grand patronat de dormir, celui de Metaleurop et d’ailleurs." "Au moment de voter le 21 mars, exprimez votre colère la tête haute, comme l’ont fait vos parents : mineurs, métallurgistes, ouvriers du bâtiment, ouvrières du textile", avec le vote communiste, conclut ce texte de quatre pages.

Il sera diffusé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires par les militants, avec un travail d’explication sur le terrain. Une action que pourrait aussi faire l’extrême gauche ? "Moi, rétorque Alain Bocquet, je ne prendrai pas le risque de laisser la droite s’emparer de cette région pour continuer de s’attaquer aux acquis sociaux et aux droits démocratiques."

Jean-Paul Dufour

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