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Naboléon sarkozy, le serial coureur

Publie le mercredi 30 mai 2007 par Open-Publishing

Cf 24 heures, quot. suisse

Naboléon Sarkozy, le président qui n’en finit pas de faire campagne

Le président de la République tenait meeting hier pour s’assurer une majorité confortable aux prochaines législatives. Et asseoir encore un peu plus son pouvoir
sur l’UMP.

SERIAL COUREUR : Nicolas Sarkozy est sur tous les fronts, peut-être pour « cacher la politique qui est en train de se mettre en place ? » comme le glisse Bruno Le Roux, secrétaire national du PS aux élections. USINE DE LIN, SAINT-PIERRE-LE-VIGIER, LE 29 MAI 2007

CLAUDE ANSERMOZ

Le parti de Nicolas Sarkozy On a enfin trouvé un caillou dans la chaussure du serial-coureur Nicolas Sarkozy. En matière de jogging, le président de la République a tout faux. L’ Equipe magazine révèle que « son buste est incliné vers l’avant », que « sa foulée n’est ni fréquente, ni ample » et que « ses bras ne vont pas dans le bon sens ». L’hebdomadaire sportif a même décelé « une légère surcharge pondérale ». Mais il en faudra plus pour déstabiliser un politicien en état de grâce, avec ses 65% d’opinions favorables. Personne n’avait fait mieux depuis De Gaulle lors de sa prise de fonction en 1958. Pour continuer de surfer sur la vague bleue lors des prochaines législatives, Nicolas Sarkozy a donc décidé d’être un chef d’Etat en campagne lors d’un meeting hier soir au Havre.

Une longue tradition

Bien sûr, a rappelé l’UMP Patrick Devedjian, « Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand on fait ça en leur temps ». Mais en 1978 comme en 1986, les deux présidents d’alors avaient harangué foules et partisans alors qu’ils risquaient de perdre leur majorité lors de ces scrutins législatifs. Dans le premier cas, le RPR et l’UDF avaient résisté. Dans le second, la victoire de la droite emmenée par Jacques Chirac avait débouché sur la première cohabitation de l’histoire politique française. Un Jacques Chirac qui, une fois devenu président, dissoudra l’Assemblée nationale en 1997. Et perdra les élections législatives qui s’en suivront. Malgré une intervention télévisée entre les deux tours à l’attention des électeurs français : « Souhaitez-vous remettre en selle les idées socialistes d’hier ? » Oui, avaient répondu les Français dans les urnes.

Mais aujourd’hui, tous les sondages donnent l’UMP largement gagnant. Que peut encore gagner Nicolas Sarkozy à pareillement s’engager ? « Peut-être qu’il y a besoin de sa voix aujourd’hui pour cacher la politique qui est en train de se mettre en place ? » a tenté Bruno Le Roux, secrétaire national du PS aux élections. « Nicolas Sarkozy est dans une logique de transgression forte, analyse plus finement Frédéric Sawicki, politologue à l’Université de Lille II. Il prouve ainsi que les institutions ne sont pas si figées, qu’elles sont aussi le produit des pratiques de celui qui les utilise. Et comme, plus Sarkozy en fait, plus il est plébiscité, on peut en conclure que la tradition monarchique en France est plus forte que la tradition démocratique. »

Nicolas Sarkozy seul au four et au moulin : une stratégie sans risques ? « Puisque le président agit seul, poursuit Frédéric Sawicki, il est clair qu’il ne pourra pas se servir du premier ministre François Fillon comme fusible. Mais comme rien dans le régime présidentiel ne l’oblige à démissionner en cas d’échec… » En s’impliquant aussi vigoureusement dans les législatives, le président veut faire rejaillir sa popularité sur les élus locaux UMP « qui n’ont pas tous un bilan local positif sur lequel s’appuyer. Ainsi, la victoire attendue sera la sienne. Une façon d’asseoir encore un peu plus sa mainmise sur le parti. » Et Napoléon Sarkozy, caillou dans sa chaussure ou pas, continue de courir tout droit.