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Les communistes reconduisent, dans la douleur, Marie Buffet

Publie le lundi 7 avril 2003 par Open-Publishing

32e Congrès du PCF
Les communistes reconduisent, dans la douleur, Marie-George Buffet

Un vent de débat souffle sur le Parti communiste français. Rarement congrès du PCF aura été aussi agité que celui qui s’est clôturé dimanche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) avec la reconduction, sans surprise, de Marie-George Buffet au poste de secrétaire nationale.
Appelés à se prononcer à bulletin secret dimanche matin, 76,16% des 800 délégués du 32e Congrès du PCF ont approuvé la liste -unique- de 223 membres du nouveau Conseil national qui leur était proposée par la direction. Quelque 23,84% des votants ont mis un bulletin nul dans l’urne.
L’ancien président du PCF Robert Hue ayant tiré sa révérence, Marie-George Buffet se retrouve donc seule à la tête d’un PCF en pleine "mutation".
Car ce Congrès laissera surtout le souvenir de quatre jours de débats passionnés et souvent houleux auquel le PCF était peu habitué. Parfois tard dans la nuit, les délégués ont ainsi débattu au sujet de la "mutation", sorte de "glasnost" engagée par Robert Hue en 2000, de la stratégie électorale ou tout simplement de l’identité communiste.
Finalement, le texte d’orientation adopté réaffirme le soutien à la "mutation" et qualifie les alliances électorales de "moyen incontournable" en rejetant tout repli identitaire, comme le souhaitait Mme Buffet. Ce choix doit également satisfaire le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande, présent dimanche à Saint-Denis. "Il n’y a pas d’autre avenir qu’un avenir de rassemblement" à gauche, a-t-il souligné.
Mais la direction communiste n’en a pas moins été malmenée. Car, paradoxalement, les nouveaux statuts issus de la "mutation" ont permis pour la première fois aux opposants, "orthodoxes" comme "novateurs", de s’exprimer haut et fort pour... contester la "mutation".
Fait inédit : une liste concurrente de 31 noms pour le Conseil national, défendue par le député de la Somme Maxime Gremetz, a même été présentée contre la liste défendue par la direction.
L’initiative a donné lieu à de vifs échanges samedi soir quand le président de la Commission des candidatures Michel Duffour a annoncé qu’une seule liste, celle de la direction, serait finalement soumise aux délégués, en application des statuts. "La diversité ce n’est pas l’objectif, l’objectif c’est une direction efficace", a alors souligné Marie-George Buffet, visiblement très émue.
"J’ai entendu les reproches qui nous ont été faits et je ne sous-estime pas les colères", a-t-elle assuré lors de son discours de clôture. "Les communistes n’ont donné un chèque en blanc à personne".
Dans ce contexte, "je ne propose pas de continuer comme avant. Je propose d’aller de l’avant", a-t-elle affirmé. Me Buffet s’est donc "engagée à la transparence, à la rigueur autant qu’à l’audace". Le nouveau Conseil national se réunira "dès la fin de la semaine prochaine", a promis Mme Buffet.
Marie-George Buffet a également rendu un hommage ému à Robert Hue. "Je veux dire à Robert toute mon amitié et de lui dire tout simplement : je compte sur lui, nous comptons sur lui. On continue ensemble". Des propos salués par une ovation des délégués.
Dans son discours, la secrétaire nationale du PCF s’en est prise vigoureusement à la politique du gouvernement Raffarin et à "l’entreprise de casse qui se cache sous les raffarinades". "Son projet est clair : c’est la casse sociale", a-t-elle affirmé.
Dans ce contexte, elle a lancé un appel aux déçus du PCF pour qu’ils reviennent construire "un "printemps du communisme". Un printemps dont le parti a un besoin impérieux : il a recueilli moins de 3,5% des suffrages au premier tour de la présidentielle en 2002.
SAINT-DENIS (AP)