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NovLangue et système de paiement

Publie le vendredi 29 juin 2007 par Open-Publishing

de Jean-Yves DENIS

Au départ, je voulais parler du coup de force d’Alain MINC qui reste au Monde malgré le vote négatif du conseil des actionnaires. (Le Figaro en parle dans son édition du 28/06/2007)

Et puis non, tiens, on s’en fout.

Un autre court article sur Bellaciao a retenu mon attention

Lisez-le avant de continuer, cela à un rapport.
Je vais donc vous parler de fric, ou plus précisément de l’évolution mondiale des moyens de paiement, ou pour être encore plus précis, des stratégies capitalistes d’extorsions de fonds de nous autres pauvres couillons.

Une précision, pour ceux qui auront la patience de lire mon petit article, le monde de la monétique est hautement contaminé par la NovLangue, pour que le couillon moyen ne comprenne rien à rien.
Comme je ne prétend pas être autre chose qu’un couillon moyen, toute contribution d’un couillon supérieur pour corrigé ou précisé certains points erronés de mon texte sera très bienvenue.

En introduction, je pense qu’il est important de bien comprendre la nature très idéologique de l’accès au droit de consommer.
Le fait que les néo-libéraux ont pris l’avantage actuellement s’explique au moins en partie par l’effort énorme qui est fait depuis plusieurs décennies pour nous convaincre que la liberté, c’est de pouvoir payer.
Le but ultime étant de convaincre que nos voleurs sont nos bienfaiteurs qui nous offrent le luxe de pouvoir dépenser, consommer, payer, sans limite.

Pour cela, il est nécessaire d’asséner un slogan qui devra être pris comme une vérité première ; on vous empêche de consommer librement, on vous prive du droit au bonheur universel de profiter de toutes les offres mondiales d’accès à la consommation.

ce n’est pas anodin, car c’est avec cette stratégie que les capitalistes ont récupérés tout une partie de la rhétorique communiste de spoliation des richesses par des structures étatiques contrôlant l’accès aux moyens de paiement.
En analysant cette stratégie, on peut, même modestement, résister à cette offensive idéologique.

Nous, couillons, pensons que la pouvoir consiste à posséder de l’argent.
couillons que nous sommes.
Le pouvoir, les banques et auparavant les seigneurs le savaient, consiste à avoir le droit d’émettre des moyens de paiement.
Pièce de monnaie, billet de banque, cartes bancaire, qu’importe.
les maîtres ont le privilège d’émettre (de fabriquer) de l’argent.
Les couillons, non.

Jusqu’à très récemment, il était entendu qu’un type d’organisme particulier, banques ou organismes financiers accrédités par l’état, avaient seuls le monopole de céder aux couillons le droit de s’appauvrir.
Par exemple, la photocopie d’un billet de 20 Euro n’est pas considéré comme un moyen de paiement légal, et peut valoir des ennuis à l’astucieux qui aura réussi à concevoir des billets de banques assez ressemblants.

Si vous voulez créer vous même un Système d’Echange Local, libre à vous, mais n’essayez pas de faire circuler une monnaie de votre création pour accorder des prêts, c’est le privilèges des banques.

En France, les organismes de crédits appartiennent à des banques.
Cetelem appartient à BNP Paribas, Sofinco est une filiale du Crédit Agricole.
Les mêmes fabriquent et donnent l’autorisation d’utiliser l’outil "monnaie" pour que les couillons mangent à leur faim.

Les banques fabriquent l’argent, exigent qu’on travaillent pour des sociétés dont elles détiennent les capitaux pour nous donner le droit de manger, et en plus n’autorisent personne d’autres qu’elles à concéder cet outil à ceux qui en manquent.

Certains libéraux vous diront qu’il s’agit d’un abus de position dominante.

Or, des fortunes se sont constituées, et une masse de pognon énorme ne servent à rien si elles ne passent pas par la case "couillons" pour produire encore un peu plus de pognon.
En effet à quoi sert un pauvre s’il laisse son argent sur son Codevi ?

Des monstres comme carrefour l’ont compris, qui se sont constitués en organisme financier, avec par exemple la carte PASS qui est de l’argent carrefour permettant d’acheter de la bouffe Carrefour.

Mais il reste le problème de la matérialisation des moyens de paiement.
Des solutions non bancaires existent pourtant : le chèque restaurant, la carte Cadeau ou le nouveau CESU (chèque emploi-service universel), etc..
Mais ce n’est pas suffisant, car c’est réduit à un usage particulier.

La Commission Européenne, Direction du Marché Intérieur, actuellement dirigée par Charlie McCreevy (*) , cherche depuis de longues années à favoriser l’émergence du SEPA (Single European Payment Area), c’est à dire l’ouverture du marché des moyens de paiement.
Traduit de la novlangue, cela veut dire permettre d’émettre du fric comme les banques.
Celle-ci avait déjà mis en œuvre le statut d’émetteur de monnaie électronique, qui a permis a une société comme PayPal de lancer leurs opérations européennes.

Le but est d’introduire un cadre juridique ou "new legal framework" qui permet d’émettre un moyen de paiement sans nécessairement disposer du statut de banque. En NovLangue ils disent aussi « Prestataire de Services de Paiement (PSP) »

Plus être plus clair, c’est l’objectif communiste de supprimer la dictature bancaire, mais restreint évidemment aux seules entreprises capitalistes (restons raisonnables).

Le pouvoir des banques consiste aussi à empêcher les pauvres de manger s’ils ne travaillent pas.
Car c’est mal d’être pauvre, le christ l’a dit dans l’édition libérale de la Bible.

Mais cela, les grosses entreprises mondiales s’en foutent, ce qu’elles veulent, c’est refiler leur produits sur toute la planète terre, pour que leur grosse machine continue de tourner à plein régime.
Mais ils ne vont pas quand même faire cadeau de leurs produits.

Il ne suffit donc pas que les pauvres soient pauvres, il est nécessaire qu’ils soient endettés.
Alors, ici, intervient la notion géniale de "Crédit revolving" (**) , qui n’a rien à voir avec un flingue, mais qui a le même impact sur certains ménages sur-endettés.
Donner le droit à des entreprises privées de faire dépenser de l’argent qu’ils ne possèdent pas à des pauvres, cela ouvre des horizons globaux vertigineux.

Pour l’instant, c’est un système anglo-saxon non utilisé en France, où votre carte est une carte de paiement (qui permet de dépenser votre argent prisonnier d’une banque), mais pas de crédit (qui permet de dépenser de l’argent que vous n’avez pas encore mendié à votre employeur).
Un jour, Coca-Cola pourra récupérer le cabanon du père louis pour non-paiement du dernier carton de soda impayé.

Mais à l’heure actuelle, cette stratégie se camoufle sous le terme NovLanguien de "Co-Branding".
Comme il n’est pas possible pour l’instant de briser le monopole banquier, cela est contourné par des ententes entre des banques et de grandes sociétés, pour mettre en commun des applications de cartes de paiement. Par exemple Air France avec American Express.

Déjà, nous sommes témoins de nombreuses annonces commerciales de sociétés qui nous "offrent" de constituer un compte chez eux. Pour nous habituer petit à petit à la relation directe consommateur (couillon) - commerçant (pas couillon).

L’objectif est évident, il s’agit de faire exploser les derniers verrous nationaux de contrôles des flux monétaires.
En clair, les "sous-sous" directement dans la "po-poche" de Grenoble à Singapour.

Des sociétés, comme First Data Corporation aux Etats Unis, détiennent dès aujourd’hui la relation technique avec les commerçants et contournent les systèmes interbancaires en postant les transactions directement aux banques des porteurs, dont ils gèrent souvent les portefeuilles également.

On passe donc de cette situation (==> signifie "donne le fric à") :

(banque du client) <== (client) ==> (Commerçant) ==> (banque du commerçant)

A celle ci :

(banque du client) <== (client) ==> (Commerçant)

Et hop la : le couillon est encore esclave de la banque, mais plus le riche commerçant pas couillon.

Dans ce nouveau système globalisé (au lieu d’une banque domiciliée, on a affaire à des trusts internationaux), on passe d’un asservissement local à un asservissement global.

Les possibilités d’accès à la consommation seront multipliés, pour ceux qui en ont les moyens, mais les clochards resteront des clochards, n’ayant pas le droit de détenir leurs cartes privatives d’achats globalisées.

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(*) http://ec.europa.eu/commission_barr...

(**) Crédit permanent ou Crédit revolving ou Crédit renouvelable
Technique selon laquelle un établissement prêteur ouvre à un client un crédit dans la limite d’un montant maximum qui, pendant la durée du contrat, peut être utilisé en totalité ou en partie aux dates et au choix du client ; les remboursements librement effectués dans le cadre du contrat reconstituent le crédit à concurrence du capital remboursé, permettant ainsi au client de nouvelles utilisations.