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Gênes, origine de la crise politique

Publie le jeudi 12 juillet 2007 par Open-Publishing
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de Alessandro Del Lago traduit de l’italien par Karl&Rosa

Nous y étions tous à Gênes et les révélations accumulées depuis ne nous surprennent pas. Carlo Giuliani. Le massacre à la Diaz. L’infamie de Bolzaneto. L’histoire de Placanica. Les balbutiements des préfets de police.

Le bobard des Molotov. Les admissions de Fournier. L’inscription dans le registre des enquêtés de De Gennaro. Je ne sais pas s’il s’est agi d’un complot ou d’un mélange de complots, d’un délire à l’italienne, d’une vendetta de la basse force ou d’opportunisme. Mais, en ayant vu, je sais qu’à Gênes cela s’est passé ainsi parce qu’on l’a voulu ainsi.

Il était tout à fait évident que rompre la tête, et à cette échelle, à des personnes âgées, à des journalistes et à des jeunes sans défense n’avait rien à faire avec les Black Bloc ou la paranoïa du terrorisme.

On voulait dire à une énormité de gens, du bénévolat catholique aux centres sociaux, des militants syndicaux à de très normaux électeurs de centre-gauche : on ne vous le permettra plus ! Rentrez chez vous avec un pansement à la tête et tremblant de peur. Enfermez-vous chez vous, ne vous occupez pas de choses qui vous dépassent. Un message trempé de sang. Une génération violentée. Un viol politique de masse. Un mort à zéro, comme on le lit dans les enregistrements des écoutes téléphoniques publiés hier. Mille blessés à combien ?

Petit à petit, la vérité judiciaire finit par sortir. Mais le sens profond de cette histoire demeure obscur. Trop de choses fondamentales clochent. Oui, il y avait Fini dans la caserne. Mais un mois de gouvernement Berlusconi, en charge depuis fin juin, suffisait-il pour changer une stratégie de rue ? Et qui avait nommé les dirigeants de la police, si ce n’est la classe politique qui, sauf une courte parenthèse en 1994, gouvernait sans interruption depuis la fin de la première république ? Des questions oiseuses. Peut-être. Mais il est certain que la nomination de De Gennaro chef de cabinet de Amato, il y a deux semaines et cinq jours après sa mise sous enquête, réunit précisément les deux noms qui ont géré la préparation du G8, il y a six ans.

Les choses clochent, mais le son est le même.

La génération dans la rue à Gênes, peut-être un demi million de personnes, et les autres millions qui regardaient ahuris la télévision savent bien cela. Ils se sont vite aperçus de la hâte et du manque d’intérêt, en grande partie aussi de la Gauche, par lequel, pierre sur pierre, la vérité politique de ces jours-là a été enterrée. Et ils lisent aujourd’hui dans les journaux que la sécurité des citoyens occupe la première place dans l’agenda de Veltroni. Et Rutelli vient nous raconter que le sort des jeunes dépend de quelques années de travail de plus que les vieux. Mais à l’époque qui a garanti la sécurité ? Qui a respecté la jeunesse de cette génération, dans des manifestations autorisées et dans leur grande majorité pacifiques, transversales, colorées ?

L’électorat de centre-gauche lâche la majorité, voila la vérité. C’est l’histoire d’avant-hier, mais personne n’en parle plus. Mais je crois que la désaffection, la désillusion, la colère commencent bien avant, à Gênes justement. Interrompues il y a un an et de justesse, devant le danger d’une Droite éternelle, elles ne connaissent aucun frein aujourd’hui. Gênes, on ne l’oublie pas.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Le problème ne vient pas temps de la machination sordide de l’état, qui dresse toujours ses plans en permanence contre les populations, il ne vient pas non plus des ministres qui se suivent et enfilent à la vitesse le costume brun de la violence dés qu’il s’agit de forger la trouille dans l’âme du citoyen.

    Tout cela nous le savions, nous le savons, de la même façon que la constitution européenne laissait également disponible le droit au bain de sang et aux meurtre pour les milices nationales respectives (*) (rappel pour les amnésiques).

    Non, là où nous nous défaisons c’est d’abord sur la connaissance élargie et réelle des faits, et donc la maitrise ou non-maitrise des médias. La population française en sait toujours infiniment plus sur la mort de Diana que sur ce qui c’est passé à Gènes, au G8 ou à une rave obscure en Tchéquie qui a donné lieu à guet-apens et meurtres par la police tcheque à l’encontre de jeunes.

    La bataille est également là, Bellaciao accomplit régulièrement son devoir comme quelques autres sites , mais, il faut l’avouer, les frontières nationales ont là quelques kilomètres de béton étanche afin que la plus grande masse de la population ignore ce qui se passe à côté d’elle.

    Faire circuler la connaissance c’est une bataille à couper au couteau, tant le mur est épais, chaque pas en avant s’obtient avec d’immenses efforts.

    Car l’Europe est ainsi faite maintenant que les peuples respectifs qui la composent sont des faces d’une même monnaie. Sans qu’ils aient visibilité les uns des autres.

    Quand on écoute les discours de la bourgeoisie pour l’Italie, l’Autriche, la Grande-Bretagne, la France, etc , qu’on en soustraie les particularités linguistiques (et encore) il y a très peu de différence, mais on organise la perception des masses comme si le discours national des dominants était original.

    Quand on regarde les pratiques policières de la direction des polices et la direction politique de l’état, on trouve de mêmes individus, aux mêmes réflexes tordus et calculateurs , qui recherchent justement ce qui amènera le citoyen lambda a rentré chez lui le crane en sang et tremblant de peur. Avec les mêmes manipulations pour faire déraper toute initiative qui dérange. Pour la transformer en champ de bataille et fracasser physiquement ceux qui exercent leurs droits à protester, manifester, à s’opposer.

    Faire des centaines de blessés et un mort , sont des crimes qui, cumulés, sont extrêmement graves , justifiant un mandat d’arrêt international contre le chef de la police, le ministre concerné et ses collaborateurs.

    La violence et les excès de l’état sont infiniment plus graves que la violence des individus. En premier lieu de toute constitution européenne qui sanctionnerait un état forcement plus impérial et plus puissant , qui développerait des puissances économiques plus grandes , il devrait y avoir une protection renforcée des hommes et des femmes, de leurs libertés (**).
    Cela n’est pas le cas et n’a pas été le cas dans le texte honteux dit TCE, construit pour contourner tout ce qui protège le citoyen de l’oppression naturelle des organisations humaines .

    Une bonne constitution serait d’abord ce qui s’attache à punir les actes de répression de l’état, les actes de censure de l’état, et de punir sévèrement le recours à la violence contre les citoyens . Le TCE n’a approché ni de près ni de loin cet objectif basique. Il est resté même en deçà de ce qui se proclamait il y a plus de 200 ans (**).

    Mais ce n’est pas tout et pour en finir avec les Genova, les coupe-gorges du G8 et autres multitudes criminelles des agissements de l’état , il faut imposer et créer les conditions de la liberté d’expression, afin que les crimes soient connus au delà des frontières.

    Et l’organisation d’une liberté d’expression quasi-totale, et de l’organisation obligatoire des conditions de cette liberté (donc interdiction de trusts médiatiques, pas de concessions d’état des ondes en faveur d’intérêts économiques , mises en place de moyens considérables en faveur de médias nouveaux libres et sans censure, gratuits pour tout le monde : un net très haut débit accessible et gratuit pour tous, non contrôlable par l’état ou des intérêts privés) .

    A cette fin, les partis de gauche authentiques doivent s’engager, si l’un d’eux arrive au gouvernement d’un quelconque état de l’Europe, à développer ce qui garantira la liberté d’expression et ce qui cassera les monopoles médiatiques construits sur le fric. Un des leviers serait que dans l’état concerné doive développer un système couvrant les autres états de cette liberté d’expression par la mise à disposition de moyens (satellites et Wimax ou technologies comparables par ondes) se moquant des frontières, gratuit et libre d’accès.

    Egalement des lois doivent être votées afin que des criminels, comme les organisateurs des traquenards de Gènes, ne puissent passer les frontières de leurs pays sans qu’ils aient à répondre de leurs actes d’agression contre des libertés fondamentales, si l’état d’origine ne les a pas poursuivi à cette fin.

    On pourra alors croire à une Europe de liberté quand celle-ci s’attachera à sanctionner plus efficacement les crimes d’état et les crimes de l’état que les voleurs de poule.

    Copas

    (*) Repris dans le TCE
    «  Nul ne peut être condamné à mort, ni exécuté » (.)
    « La mort n’est pas considérée comme infligée en violation en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu absolument nécessaire :
    ...../...... c/ pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection. »

    (**) Constitution Française DU 24 JUIN 1793
    Article 9. - La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l’oppression de ceux qui gouvernent.