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En France comme au Vénézuela le socialisme ne tombera pas du ciel

Publie le mercredi 1er août 2007 par Open-Publishing

de Jean-Paul Legrand

En France comme au Vénézuela, c’est le peuple qui construira le socialisme. Par une lutte démocratique et anti-capitaliste sans concession.

Au moment où le monde est dominé par les forces de l’argent, par un système capitaliste qui se dit indépassable et seul horizon de l’Humanité, des millions d’êtres humains s’opposent à l’exploitation que ce système génère et cherchent une alternative qui permette une transition vers un autre société fondée sur la coopération et la mise en commun des forces productives pour répondre aux défis de notre temps.

Le développement extrêmement important, rapide et étendu de la production, des échanges, de la circulation des informations, l’avancée des sciences et des techniques notamment grâce à des progrès dans les outillages de notre époque, ouvrent d’immenses possibilités de répondre enfin aux maux dont souffre l’immense majorité des terriens.

Paradoxe : alors que jamais les hommes n’ont tant eu la possibilité de maîtriser leur destin, les fléaux les plus terribles de la barbarie, de la violence et de la pauvreté s’abattent sur les peuples. C’est que d’un côté les forces productives sont développées comme jamais dans l’histoire de l’Humanité et que de l’autre les capitalistes qui possèdent les moyens de production et le pouvoir d’Etat s’opposent à ce développement dès lors qu’il n’entre pas dans le processus d’accumulation du capital, processus qui a pris une ampleur considérable notamment avec le développement sans précédent du capital financier.

C’est la contradiction fondamentale entre le capital et le travail. D’un côté un capital de plus en plus destructeur en vies humaines, en outils et connaissances, en environnement et de l’autre les forces du travail qui tentent de se désaliéner, de se libérer et qui n’y parviendront pas si elles n’agissent pas non seulement sur l’économie mais aussi sur leur évolution autonome par une pratique politique et une théorisation de celle-ci, un effort considérable pour que l’esprit critique et scientifique devienne l’affaire des masses.

La lutte de classes loin d’être terminée est en fait une réalité qui se complexifie du fait des traits originaux qu’elle recouvre dans les différents pays et qui s’universalise du fait de la mondialisation. En cela la tentative vénézuélienne de construire un socialisme du XXI eme siècle suscite un intérêt grandissant chez ceux qui veulent changer le monde dans le sens du progrès. Cependant beaucoup de militants ignorent encore ce qui se passe réellement au Vénézuela et des millions de citoyens à travers le monde ne reçoivent que les informations mensongères des grands médias détenus par les dirigeants des multinationales.

Il est clair que la tentative bolivarienne de construire un socialisme de type nouveau représente un grand danger pour le capitalisme notamment celui d’inspirer d’autres peuples du continent, voire d’Europe et du monde. Les idéologues du capital, les dirigeants politiques acquis à la cause du capitalisme et de la grande finance prédatrice ne peuvent supporter l’expérience bolivarienne qui menace de s’étendre en Amérique Latine et dont les traits universels pourraient dans les années à venir à l’instar de la révolution française provoquer une levée en masse des peuples pour une révolution dépassant les seules frontières du pays.

On lira avec grand intérêt le livre de Michael Lebowitz "Le socialisme ne tombe pas du ciel : un nouveau commencement" ( édité en espagnol j’ignore si l’édition française existe)qui développe la thèse du socialisme du XXI ème siècle soutenue par Hugo Chavez et son gouvernement. Un socialisme non étatique, anti totalitaire et favorisant la démocratie participative et protagonique, basé sur la responsabilité individuelle du citoyen et sur la responsabilité collective, reposant sur un pouvoir qui se construit à partir d’en bas dans la perspective que chaque citoyen soit membre de la direction du pays. C’est un espoir qui se lève au Vénézuela et tous ceux qui ont l’ambition de changer la société et le monde ne peuvent faire l’économie d’étudier l’expérience en cours qui est prometteuse malgré les énormes pressions de tous types exercées par l’impérialisme nord-américain sur ce processus inédit.

Mais au delà même de l’étude et de la réflexion, ce dont a besoin le Vénézuela c’est de la solidarité des travailleurs, des syndicalistes, des militants ouvriers, de la jeunesse et des peuples du monde. Pas une solidarité béate et admirative mais une solidarité critique d’échanges d’expériences, de contribution à l’immense effort que tente d’entreprendre ce peuple vénézuélien dans sa diversité sociale, politique et idéologique pour se débarasser de la domination impérialiste et construire une société nouvelle.

Je m’adresse aux militants de la gauche française, au moment où la défaite et le triste spectacle donné par ses dirigeants, qui parlent de recomposition et dont certains rejoignent la droite, ne peuvent que renforcer un sentiment de gâchis et aggraver la perte de repères des milieux populaires. Je m’adresse à mes camarades du PCF et plus largement à ceux qui ont le communisme au coeur, à ceux qui n’abandonneront jamais le glorieux héritage de la Commune de Paris : il nous faut ensemble travailler à retisser des liens avec les milieux populaires et la classe ouvrière de notre pays sur des bases pratiques et théoriques regénérées à la source du marxisme, de l’analyse de la société française et du monde contemporain et à la lumière d’une solidarité active avec nos frères de classe du monde entier dont notamment ceux du Vénézuela. Sans cela la porte est ouverte à toutes les manoeuvres et toutes les recompositions dont les auteurs pourront annoncer, fiers de leur oeuvre destructrice, la mort du parti communiste.

Je reste convaincu que notre pays a besoin d’un parti communiste qui devienne l’outil révolutionnaire du peuple : un parti qui lorsqu’on y milite devienne une source d’épanouissement et de connaissances sans précédent dans la vie de chaque adhérent, un parti qui permette aux jeunes, aux femmes, aux ouvriers et à l’ensemble du monde du travail et de la création, de vivre leur dignité dans une pratique fraternelle où ils seront tous considérés comme les co-décideurs et où tous ensemble ils propageront dans la société, par leur corportement et pas seulement par leurs idées, cette démocratie révolutionnaire qui renouvellera profondément la politique. C’est un parti qui ne doit faire aucune concession à tout ce qui fait et fera reculer cette dignité. C’est un parti qui aide à surmonter les divisions et les contradictions entre les gens pour ne retenir que la contradiction essentielle et antagonique entre la classe des capitalistes et la classe travailleuse afin de rassembler les victimes de ce système dans la lutte pour s’en émanciper. C’est un parti qui doit permettre à chacune et chacun et inséparablement de devenir chaque jour plus citoyen, plus solidaire de ses voisins, de ses collègues comme des autres peuples du monde.

Ce qui se passe en Amérique latine peut avoir des répercussions extrêment positives dans les quartiers populaires de nos cités si nous savons aussi montrer avec des exemples concrets que dans les quartiers populaires du Vénézuéla, des femmes, des hommes, des jeunes, ont relevé la tête, luttent pour s’arracher de la misère et de la pauvreté et qu’ils ont emporté de premiers succès économiques, sociaux, politiques dont celui non négligeable d’avoir l’une des Constitutions les plus progressistes du monde donnant des droits de participation des citoyens inconnus jusque-là au Vénézuéla et dans le monde, comme celui de révoquer les élus à mi-mandat par référendum populaire et bien d’autres droits qui renforcent la souveraineté du peuple au moment même ou en Europe la majorité des citoyens n’ont pas été consultés sur la Constitution et où ce sont les gouvernements ultra-libéraux qui en définitive ont eu le dernier mot.

Rappelons la célèbre phrase de Jean Jaurès :"Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène" . Quelle vérité ! La gauche, les communistes l’auraient-ils oublié ? Au moment de la préparation du congrès du PCF non seulement il serait suicidaire de s’enfermer en vase clos mais il faut tout au contraire redoubler de présence et d’activité dans les entreprises et les quartiers populaires avec l’appel à risposter à l’agression Sarkozyste qui ne pourra se faire de façon efficace qu’en mettant en cause le capitalisme et l’impérialisme.

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