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Fin de l’Histoire, fin de la politique (zaz)

Publie le jeudi 16 août 2007 par Open-Publishing
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 1. Introductif : 1990, fin de l’Histoire, fin de la politique en vérité

Le Mur tombé, l’URSS se désagrégeait à la vitesse grand V, Francis Fukuyama trouvant ça excellent annonçait à toutes volées que ce n’était pas moins que la fin de l’Histoire. Non pas que les horloges, les TGV, les divas du ciné, de la mode, des arts, et même les mimiles de la télé, allaient s’arrêter de tourner, de marcher, en croisant les jambes devant, mais globalement les foules allaient se calmer, n’allaient plus politiser idéologiquement comme avant. Le progrès individuel était là de fait en acte dans votre vie, dans les vitrines, il était prêt à consommer . Fini donc les messes unitaires des masses populaires, fini l’homme nouveau, assez musclé certes, mais qui s’ennuyait de trop. L’Histoire allait devenir l’histoire au sens occidental et normal du grand fleuve sur grand écran des gens tout simplement heureux dans la super-largeur. Encore n’avait-on pas pleinement dans l’idée, le truc de l’épanouissement qui allait s’ajouter tout de suite après : celui du PC, du téléphone portable et du baladeur MP3.

Donc, fini la révolution, fini Babeuf si tu voulais vraiment Babeuf, fini la démocratie dite progressiste à vocation ultra-égalitaire qui était quand même beaucoup trop sévère. Fini le plan (surtout le quinquennal, tellement morfal, tellement vachard), fini l’appartement collectif pour tous, pas cher, pas comme en France en ce moment, mais avec la lunette de WC privée à transporter sur l’épaule quand on voulait y aller et que ça pressait.

Donc vous l’avez compris, le monde, le monde « juste » était fixé, breveté comme il devait dûment l’être dans les esprits : la démocratie c’était la liberté (notamment la libre-propriété, la libre-entreprise) c’était la liberté de dire et d’écouter de la musique. C’était la liberté d’élire aussi, primo, prima, primus ! Tu vois si c’est bien la preuve là qu’on t’invente pas des trucs n’importe quoi !

« Liberté, élections, Etat de droit, libre-entreprise, libre-marché sans distorsions », oui , c’était sans plus chercher le pentalogue sacré de la démocratie épanouie.

C’était, il est vrai, tout autour très mûr déjà pour que ça puisse parfaitement s’admettre, se vouloir, se faire, on peut bien dire en gros que tout le monde a applaudi très fort : on n’imagine pas dix-sept ans plus tard qu’on puisse revenir en arrière, qu’il puisse y avoir l’ombre d’un retour comblé à la vision ante. Le monde après 1990 a d’un coup changé irrémédiablement de paradigme.

Nous marquerons encore, toutefois, pour ceux qui sont lents à comprendre, deux- trois choses fondamentales dans ce mouvement : a/ la sortie absolue du concept « maudit » (criminel selon certains) et supposément contre-performant de l’égalité. b/ le remplacement du « diamat » par une vraie science cette fois complètement garantie et appelée économie libérale. c/ l’idée encore que la fin de l’histoire est en fait en vérité la fin du politique et qu’on n’aurait plus longtemps -avec un peu de chance- à gérer les hommes (à savoir : employer matraques et lacrymos), mais qu’on allait désormais pouvoir gérer les choses (ie agir soft).

 2. On entrait en théorie donc dans un bonheur, un grand calme reposant et plat, bref dans une logique strictement scientifique, non-philosophique, non-intello

 Ho-la ! stop ! halte ! cette image postulée d’un Système global a priori en route pour le bonheur oublie les preuves terriblement contraires que furent ou sont : les Twin Towers, la guerre d’Irak, l’Afghanistan également !

 Ok ! assurément le « trend » commun de tous vers un monde nanti, plus peinard, souffre-t-il quelques regrettables exceptions ! Mais les difficultés, note-le, viennent de la périphérie (d’une certaine périphérie), l’essentiel, l’hinterland, demeure totalement dans le « bon » schéma qu’on t’a indiqué obligeamment supra.

En fait, pour poursuivre la démonstration, ce qu’il faut voir qui fout quand même le camp dans la nouvelle donne, c’est la possibilité même d’une idéologie différente, d’une utopie, d’une alternative politique. Le monde version Larzac, pour ne retenir que cette hypothèse bucolique, somme toute récente, n’est plus un must tellement jouable. Attac a tenté un revival : Sao Paulo, tout ça ! la démo participative, le développement durable. T’as vu aux élections le résultat des écolos, de José et des alter ? M’est avis que c’est pas demain dans l’enthousiasme que tu développeras des phalanstères.

Pour revenir à notre affaire donc, comment pouvait-on lutter contre la machine, sa presse, ses banques, Sciences-po, son blablabla et contre la réalité même, non-éphémère ? En fait, la mondialisation décriée triomphait, elle triomphe, dans une défense sans conteste (si tu prends méthodiquement les chiffres par le haut). Il ne faut pas rester sur le bord de la route, c’est une première leçon, technique. La seconde est éthique, la mondialisation est « enfin » perçue comme la redistribution équitable à l’échelle de la planète, l’abolition des égoïsmes. Chaque chef d’entreprise y devient l’authentique acteur caritatif qu’il pressentait être mais qu’il avait longtemps continué par humilité à ignorer. Ainsi axiomatiquement, et par agrégation, se constitue le monde de la pensée nouvelle.

Et puis, dans cette axiomatique, tu me comprends, y a pas que le Larzac et la mondialisation, y a l’essence propre, y a le moteur. Prends le débat-projet sur l’Université. La nouvelle logique, géniale, c’est que t’as maintenant le projet, sans la lourdeur du débat philosophique, lequel ne progresse jamais en rien et te retarde en tout (Ouais, ce logos-pathos sur les finalités, humaine, démocratique, etc. Pourquoi pas l’ascenseur social pendant qu’on y est.).

Exprimons-le en clair :

a/ La vérité est reconnue d’ordre rationnel. b/ On en sait parfaitement désormais la base économique et gestionnaire. c/ La vérité étant en outre Une, la vérité moderne est forcément unidimensionnelle, il n’y a pas à s’en étonner. d/ La science, la science économique s’entend, a remplacé la politique au haut niveau.

Esthétiquement, bien sûr, pour ceux qui ont un peu de mal à se mettre dans le coup, on voit que ça peut donner incidemment l’idée d’un monde plat tant dans la presse que les médias, et parfois même chez les puissants.

 3 Bravo ! pour le moment, on te le dit, c’est la platitude en politique qu’est le plus sûr

Il est clair que si le champ du politique, défini avec un grand P. comme celui de l’attribution des valeurs et des ressources, est passé entre les mains de la programmation linéaire, il te reste peu de choix pour arriver à t’exprimer pleinement sur quelque chose ayant encore un peu de gueule. Ministricule ou ministre d’Etat t’es condamné au tout-venant. Tu imagines à l’occasion un dispositif sur la sécurité dans les manèges, ou un plan plus large concernant l’alzheimer. Au pire, n’ayant rien d’autre sous la dent, tu demandes une autopsie de l’ourse Frichka.

Dans le politique (la politique veut-on dire, et plus exactement la petite), t’as les rapports relatifs au pouvoir, t’en as le verbe et la cuisine. Là, c’est plutôt le problème de l’opposition, mais c’est pas forcément bon. Le PS a besoin d’exister, il est donc branché sur tous les hits. On a eu la Libye et les contrats malsains (c’était à tel point un dégoût qu’on a vu une lectrice dans Libé demander qu’on rende les infirmières). On a eu les vacances en Amérique, là c’est Mosco qui est monté au créneau, il reste même accroché au rideau. Mosco a du mérite, il travaille en ce moment sur le statut de Cécilia.

C’est peut-être pas idiot, note, il y a à terme les municipales ? Sauf que dans l’immédiat, Sarko se porte bien et même de mieux en mieux (il monte encore dans les sondages, je suppose là-dessus que tu as lu le JDD). Note que Sarko est un cas, on le dit d’autant plus amèrement et franchement qu’on a voté résolument contre lui. En fait, tu te dis que Sarko est peut-être un produit du PS et que sans lui il aurait jamais pu gagner, Sarko en ce sens doit beaucoup à Ségolène.

Un jour on l’aura, ok ok, mais quand ? Nicolas a une sorte de baraka en propre qui ne lui vient pas de l’UMP. Supposons qu’il soit en chute ainsi qu’espéré. Lui ? mais il a son plan B+ : Il nomme Rachida, ou alors c’est Rama Yade, premier ministre, il acquiert toute la banlieue, dès lors Sarkozy est un Peron qui aurait réussi et Cécilia devient l’Evita de toute la nation. "Don’t Cry for Me, Argentina". Ce qui nous en écarte, c’est peut-être le troisième pied qui manque encore dans le mot France.

 4 Le PS réagit. Et là-dessus, Paulo, on te tire notre pauvre conclusion

A quels lointains peut-on encore rêver ? Hum ! le PS réagit, il va bientôt nous dire, on a lu ça dans la presse, le contenu de ses propos. On sent ici qu’on va remonter fortement au paragraphe 2. Les jeunes socialistes sont explicites d’ailleurs, il faut moderniser le PS. Les Echos, La Tribune, Le Figaro l’ont toujours vivement conseillé.

Donc, pour conclure on va te dire notre sentiment en peu de mots. Dans la nouvelle tournure du monde, on se sent presque chanceux d’être franchement pessimistes. Bien sûr on peut toujours se convaincre encore que le pire n’est jamais sûr.

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Les pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
 http://ocsena.ouvaton.org
 ocsena.org@wanadoo.fr

Messages

  • Un bruit qui court est un mythe errant...
    Tout séisme révèle des vérités enfouies, la méthode " tsarko-felonienne" nous fait découvrir à quel point la structure du parti socialiste était vérolée de la base au plafond. Au secours, les termites errants sont de retour !!!! Oasis...oasis...oas... merde y’ a rien ! Putain d’mirage ! Putain d’désert ! Elle est ou la gauche ? Moralité : on a toujours besoin d’une boussole, surtout en politique.
    Seuls, d’irréductibles endoctrinés ne s’en étaient pas encore aperçus.
    Génial ! Sarko thaumaturge ! Il rend la vue aux aveugles ! S’il te plait Disney moi des mouton de Panurge... ça urge !
    Y manquerait plus que les derniers sourdingues se mettent à entendre, et ça va être la mélodie du bonheur.
    Sauf que, sa rentrée pourrait très bien ressembler à un bizutage de bruits discordants à faire passer celui des skull and bones pour une danse enfantine. N’oublies pas Nico, bouffer dans la gamelle de l’ogre c’est cracher dans la soupe populaire. Si tu nous ramène ce pantin à la maison, tu le paiera cher !
    speed air web.