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Arrestation de Marina Petrella, une volonté politique ?

Publie le samedi 25 août 2007 par Open-Publishing

Marina Petrella : signez la pétition de soutien ici

Justice . Plusieurs faits troublants mettent à mal la thèse officielle du hasard dans l’interpellation de l’ex-activiste italienne.

de Sophie Bouniot

Guet-apens ou infortune aux conséquences dramatiques ? La question mérite d’être posée au lendemain de l’arrestation de Marina Petrella, ex-membre des Brigades rouges. Convoquée au commissariat d’Argenteuil pour une vague histoire d’accident impliquant un véhicule ne lui appartenant plus, celle qui a déjà passé huit ans dans les geôles italiennes a depuis été incarcérée « sous écrou extraditionnel » à la maison d’arrêt de Versailles (lire notre édition d’hier).

Difficile d’imaginer que les forces de l’ordre ignoraient le profil de la future auditionnée. Un simple clic de vérification sur leurs fichiers informatisés, comme le veut la procédure, leur a vraisemblablement suffit pour trouver que Marina Petrella était fichée avec une demande d’arrestation immédiate. De plus, les services de renseignements français n’ont jamais perdu la trace de celle qui - au côté de onze autres ex-activistes - figure sur la liste négociée entre la France et l’Italie en 2002, concernant les réfugiés à extrader en priorité.

La réaction quasi immédiate de Romano Prodi, suite à l’interpellation de Marina Petrella, met également à mal la thèse officielle du simple hasard. Le président du Conseil italien n’a-t-il pas remercié le gouvernement français et les « hommes de l’antiterrorisme français qui ont mené cette opération importante » ? « Quand je suis arrivé en France en 1982, je ne prenais pas au sérieux les mises en garde de nos soutiens français qui répétaient que les coups tordus se faisaient après le 15 août, témoigne l’ancien activiste Oreste Scalzone, animateur du comité de soutien à Marina Petrella (1). Depuis, l’histoire m’a donné tort. J’ai moi-même été arrêté fin août, tout comme Paolo Persichetti (extradé il y a cinq ans, jour pour jour) ou d’autres qui, eux, ont été relâchés. Sans verser dans la paranoïa et voir des complots partout, difficile de croire à une simple coïncidence. »

Quid de l’avenir judiciaire de Marina Petrella qui a fêté, hier, ses cinquante-quatre ans derrière les barreaux ? Son avocate, Irène Terrel, confirme que sa cliente « va s’opposer à son extradition ». Le conseil entend, dans les jours à venir, faire une demande de mise en liberté. Si elle était rejetée, sa cliente devra attendre entre vingt et trente jours la décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles, chargée de juger de la validité des documents extraditionnels envoyés par les autorités transalpines. En cas d’avis favorable, la procédure d’extradition pourra être contestée devant la Cour de cassation. Si la haute autorité confirmait le renvoi en Italie, le premier ministre signera un décret d’extradition qui pourra être attaqué devant le Conseil d’État et, plus symboliquement, face à la Cour européenne des droits de l’homme. Le bras de fer judiciaire ne fait que commencer.

(1) Une réunion publique se tiendra aujourd’hui à 18 heures au CICP, 21 ter, rue Voltaire à Paris.

http://www.humanite.fr/2007-08-24_S...