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France 3. Chaque seconde compte ?

Publie le vendredi 19 mars 2004 par Open-Publishing

Le SNJ-CGT dénonce l’externalisation de la production.

À la mi-avril, le dimanche vers 18 heures, France 3 lancera Chaque seconde compte, une émission produite par Capa : " Ce n’est pas du magazine - il n’y a ni plateau ni présentateur - mais du documentaire, filmé en temps réel sans rapport avec l’actualité puisqu’abordant des sujets comme une greffe à l’hôpital ou une journée dans un collège ", explique-t-on à France 3.

Le lancement de cette émission a mis le feu aux poudres dans une rédaction se souvenant qu’à l’issue des 22 jours de grève fin 2002, Marc Tessier, PDG de France Télévisions, s’était engagé dans une " charte des priorités " à ce que le maximum d’émissions possibles soient produites en interne. " En effet. Normalement, pour ce qui est des magazines et des documentaires, la direction doit, en CE, nous expliquer pourquoi telle émission est produite ou non en interne, explique Jean-François Téaldi, du SNJ-CGT. Là, à propos de cette émission, on nous a expliqué qu’"en raison des attentes d’audiences, nous ne pouvons pas prendre de risque dans la réalisation de ce magazine" et que "nous n’avons pas, en interne, de journaliste dont le profil, les capacités et même le talent nous permettraient de réaliser ce type d’émission" ! "

Du côté de la chaîne, on parle de " malentendu. Car, de fait, on ne produit jamais de documentaire en interne ". Qu’importe, la rédaction a interpellé Rémy Pfimlin, la CGT réclamant la mise en place d’une unité de production magazine, " associant journalistes, JRI (journalistes reporters d’images) et techniciens. La direction a beau mettre en avant Pièces à convictions - produit en interne - on attend encore le magazine d’information emblématique de ce que le service public est capable de faire. Car le magazine, c’est un moyen de lever le nez de l’actualité, de prendre le temps d’enquêter. Or, c’est de plus en plus dur à Paris comme en région ". En témoigne la disparition de Sagacités et le combat que nécessite le maintien de ceux produits en région.

" Pour les magazines, la direction n’a aucune excuse, si ce n’est un choix de politique industrielle, en clair, priorité à l’audience, dénonce le syndicaliste. Quant aux documentaires, si les décrets Tasca nous obligent à réaliser un certain nombre de coproductions avec le privé, on est bien au-delà des quotas. Sans parler de ces chasses gardées que sont Thalassa ou Faut pas rêver, des émissions qui devraient être entièrement produites en interne. " C’est aussi un moyen, pour le syndicaliste " de maintenir les gens dans la précarité. Car le privé n’est pas régi par nos conventions collectives et cela permet de faire travailler des pigistes, des précaires sans avoir besoin de les requalifier. Et ça coûte plus cher ".

Quelques semaines après " l’affaire Pujadas " sur France 2, cette levée de boucliers intervient dans un contexte on ne peut plus tendu. En effet, " l’analyse des conducteurs des JT sur les dernières semaines montre que sur les 519 sujets diffusés, seuls 88 ont été tournés par une équipe de la rédaction nationale, 245 étant réalisés à partir de ces banques d’images que sont les EVN, dénonce-t-on à la CGT. En clair, alors qu’on nous refuse toute possibilité de faire du magazine, on nous confine à faire de l’information au rabais ". À France 3, on temporise, en parlant des recherches de synergie à mettre en place. Et en rappelant que, d’après le cahier des charges de la chaîne, " hors info, la production en interne est marginale. D’autant que nous sommes tenus d’encourager la création. Qui passe aussi par de la production en externe"

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-03-18/2004-03-18-390286