Les ménages angoissés par le pouvoir d’achat

Les ménages angoissés par le pouvoir d’achat

nov. 29, 2007 11:03 CST

par Marc Joanny

PARIS (Reuters) - Alors que Nicolas Sarkozy doit présenter jeudi soir des réponses concrètes à ce qu’il a lui même qualifié "d’angoissante question du pouvoir d’achat", les Français broient du noir, selon l’enquête mensuelle de conjoncture réalisée auprès d’eux par l’Insee en pleine période de grèves dans les transports.

L’indicateur résumé d’opinion des ménages a chuté de cinq points en novembre pour tomber à -28 au plus bas depuis juin 2006 soit en pleine crise du CPE et à peine au-dessus de ses niveaux de la fin 2005 au plus fort des troubles qui avaient secoué les banlieues.

L’indicateur résumé du mois d’octobre a quant à lui été révisé en baisse d’un point à -23. Les économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un indicateur résumé à -24 en novembre.

"Les ménages broient du noir et c’est inquiétant pour la croissance", prévient Nicolas Bouzou, économiste du bureau d’analyses indépendant Asterès.

"C’est bien évidemment un effet direct des grèves dans les transports", poursuit-il en soulignant que l’enquête de l’Insee a été réalisée pendant les trois premières semaines de novembre, c’est-à-dire au pire moment du conflit.

"Les grèves des transports au milieu du mois ont dû peser sur le moral des ménages mais elles sont intervenues alors que celui-ci avait déjà tendance à se détériorer depuis juin", note toutefois Mathieu Kaiser, économiste à la banque BNP Paribas.

"Elles n’ont donc pu qu’amplifier le mouvement", estime-t-il en prévenant que "la tendance ne devrait pas être remise en cause dans les prochains mois".

"Le pessimisme des ménages concernant les perspectives de chômage continue de croître et le ralentissement des créations d’emploi va encore l’alimenter", note-t-il.

"En outre, les anticipations d’inflation ont bondi suite à l’accélération des prix alimentaires et énergétiques et la tension sur les marchés des matières premières ne devrait pas beaucoup diminuer dans les tout prochains mois".

Comme les loyers continuent de progresser à un rythme soutenu (supérieur à 3%), "les ménages ne peuvent que continuer à avoir le sentiment d’un pouvoir d’achat rogné par les dépenses contraintes", prévient-il.

"SARKOZY PRIS A SON PROPRE PIÈGE"

Ces évolutions confortent les craintes d’un net ralentissement de la consommation au quatrième trimestre alors que les dépenses des ménages en produits manufacturés, qui représentent un quart de leur consommation totale, ont chuté de 1,1% au mois d’octobre.

Mathieu Kaiser table sur une hausse de 0,3% de la consommation des ménages au quatrième trimestre après +0,7% au troisième.

Alors que le "choc de confiance" promis par Nicolas Sarkozy et que devait provoquer le "paquet fiscal" adopté cet été a fait long feu, le chef de l’Etat "s’est pris à son propre piège", estime Nicolas Bouzou.

"En ne cessant de marteler que le pouvoir d’achat reculait, le chef de l’Etat a certainement amplifié un sentiment par ailleurs justifié pour certains ménages", poursuit Nicolas Bouzou.

"En donnant le sentiment que le volontarisme politique lui permettrait de modifier cet état de fait, il a fait naître des attentes qui risquent se transformer en frustrations", prévient-il.

Selon l’Insee, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages devraient accélérer fortement au second semestre (plus de 4% en rythme annuel) bénéficiant du maintien de salaires toujours dynamiques tirés par l’amélioration du marché du travail et de plusieurs allègements fiscaux (baisse de l’impôt sur le revenu et exonération des cotisations salariales sur les heures supplémentaires). Sur l’ensemble de l’année 2007, l’Insee prévoit une hausse de 3,2% du pouvoir d’achat des ménages.

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