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Solidarité contre Répression anti-syndicale en Guadeloupe

Publie le jeudi 8 avril 2004 par Open-Publishing

Ci-dessous le texte que l’UGTG (Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe) a envoyé pour diffusion large et implication de la société civile et du mouvement ouvrier français.

Il s’agit d’une lutte à caractère social, anti-colonialiste, anti-raciste des damnés de la terre guadeloupéens contre l’Etat Colonial Français et les Descendants des Maîtres Esclavagistes Blancs...

Merci d’interpeller énergiquement forums sociaux, associations, syndicats...

Merci de secouer les associations en cette année symbolique du bi-centenaire de l’abolition de l’esclavage et de l’accession à l’indépendance de Haïti !

Fè pou fè an nou fouté fè !

A PROPOS DE L’AFFAIRE LUCIANO LENDO

Le France-Antilles du 3 avril 2004 revient sur l’affaire Luciano LENDO avec force de publicité et ne manque pas de rappeler que la Cour de Cassation ayant rejeté le pourvoi de ce dernier, sa condamnation en appel à une peine de quatre mois fermes d’emprisonnement devient donc effective.

Tout d ’abord il est important de rappeler à la conscience guadeloupéenne que M. Luciano LENDO a été condamné en première instance à une peine de trois mois d’emprisonnement avec sursis, la justice et aucun témoin n’ayant jamais apporté la preuve qu’il se trouvait sur les lieux des incidents survenus en 2001. De surcroît, M. Luciano LENDO, qui a toujours nié ces faits et s’être trouvé sur place (un témoin a même apporté la preuve au tribunal que M. Luciano LENDO n’était pas sur les lieux de la manifestation), a été désigné coupables par les représentants du GHTG (groupement des hôteliers de la Guadeloupe), avec à sa tête, M. VIAL-COLLET (c’est drôle, encore lui dès que cela sent mauvais pour la Guadeloupe), à la suite de la parution d’une photographie du Bureau de l’UTHTR (Union des Travailleurs de l’Hôtellerie, du Tourisme et de la Restauration). Personne, ni la victime, ni les représentants du GHTG n’a pu apporter la preuve, à la barre ! du Tribunal, que M. Luciano LENDO se trouvait sur place et/ou avait porté des coups à M. MAROT.

Depuis ces faits, la situation dans le milieu du tourisme en Guadeloupe s’est considérablement dégradée, avec les affirmations fallacieuses et mensongères du Groupe Accor sur la qualité de l’accueil chez nous, affirmations qui lui permettaient, en accusant les Guadeloupéens, de tirer sa révérence après avoir largement profité des avantages de défiscalisation dans notre pays. Il est vrai que l’attrait de la République Dominicaine, pays sans véritable politique sociale, où il est facile de se faire du fric sur le dos d’une population quasi affamée, justifiait les moyens.

Bien évidemment, lorsque les avocats de M. Luciano LENDO ont fait appel du jugement en première instance, la tension était telle en Guadeloupe - tension véhiculée et relayée par les acteurs du pouvoir (on pourrait citer l’Etat français, avec sa ministre Girardin, ainsi qu’une partie de nos propres sommités politiques) - que les magistrats l’ont condamné à une peine plus lourde : 4 mois fermes d’emprisonnement, non pas sur la certitude qu’il avait commis les actes qui lui sont reprochés, mais bien parce que, dans une telle situation sociale, il fallait encore courber l’échine devant le pouvoir français (qui rêve de se débarrasser des syndicats en Guadeloupe, et plus particulièrement de l’UGTG et de ses sections) et pouvoir se justifier par la suite en disant : « Regardez comme on est gentils, on en a pris un, on va l’enfermer et tout va s’arranger ».

Cependant, il faut également porter à la connaissance de tous que M. Philippe MAROT, la victime, a été l’objet de pressions du GHTG pour désigner M. Luciano LENDO coupable des actes qu’il a subis et ne l’a vaguement reconnu qu’à partir d’une photographie illustrant un article de presse. Depuis le jugement en appel (4 mois fermes d’emprisonnement), M. Philippe MAROT a été licencié à grand renfort de coups de pieds au derrière par le GHTG. Il ne travaille même plus en Guadeloupe et a ainsi été particulièrement bien remercié pour le service rendu au groupement.

M. Luciano LENDO, père de famille, est un salarié comme un autre qui n’a jamais demandé quoi que ce soit à qui que ce soit. Guadeloupéen et fier de l’être, il s’est engagé dans la voie syndicale, non pas pour bénéficier de quelque largesse, mais bien pour défendre les droits des travailleurs comme lui, qui sont souvent victimes de la non-application des principes fondamentaux du droit du travail. Il est également secrétaire de Comité d’entreprise dans l’entreprise dans laquelle il travaille. M. Luciano LENDO est aussi membre d’une chorale qui anime les messes !

Son engagement à l’UTHTR se comptabilise en termes d’heures qu’il consacre à la défense des droits salariaux, au détriment de sa propre vie de famille (il ne connaît pas de jour en famille sans qu’on l’interpelle pour résoudre un conflit et est toujours à l’écoute de ses interlocuteurs). Au détriment également de ses intérêts matériels puisque les heures prises sur son temps de travail et consacrées à son activité syndicale ne lui sont pas payées lorsque le quota d’heures de délégation syndicale est dépassé (ce qui est régulièrement le cas). Il n’a jamais demandé à aucun salarié défendu de lui rémunérer le temps qu’il lui avait consacré en dehors de ces heures de délégation.

Bien entendu, il a le profil idéal de la victime : vous savez bien, les puristes, ceux qui croient dur comme fer aux idéaux qu’ils défendent et refusent de lâcher du lest quand les choses tournent mal, parce qu’ils savent qu’ils agissent pour la bonne cause et dans l’intérêt de tous. Ceux-là même qui gênent car on sait qu’on ne les achètera pas à coup de promesses ou d’enveloppes glissées par-ci par-là, à coup de services rendus pour lesquels il faut renvoyer l’ascenseur en se taisant et en laissant faire.

Mais, rappelons-le, M. Luciano LENDO n’a commis aucun acte répréhensible. Il n’a pas volé, pas violé, pas tué. Il n’a pas détourné d’argent public ou privé, il ne trempe dans aucune affaire de corruption. Pourquoi l’emprisonner ? Parce qu’il tente de faire respecter les droits des travailleurs guadeloupéens, vos droits, nos droits ? Parce qu’il exerce des activités syndicales qui sont reconnues par la Constitution française qui, jusqu’à nouvel ordre, est applicable en Guadeloupe ? Pourquoi, dans ces conditions, n’emprisonne-t-on pas une bonne partie de nos représentants politiques qui, eux, ont régulièrement à rendre compte à la justice pour des faits de ce type ?

Il est clair qu’on ne peut pas laisser libre cours à une telle injustice. On ne peut pas laisser emprisonner M. Luciano LENDO tout simplement parce qu’il appartient à une organisation syndicale qui dérange l’Etat français et une partie de la classe politique guadeloupéenne car elle met le doigt et l’accent sur les choses qui ne vont pas. Parce que cette organisation syndicale l’oblige à prendre ses responsabilités face à la situation sociale précaire et préoccupante qu’ils ont mise en place, en se faisant, pour les uns, le relais des dysfonctionnements des autres (rappelez-vous : le personnel des communes en CDD ou sans contrat qu’elle a obligé à titulariser ; les jeunes employés de 17 ans du KFC dont elle a défendu les droits ; et plus récemment encore, les manifestants du secteur bancaire qui sont venus chercher son soutien…) parce qu’elle défend l’intérêt de tous les travailleurs guadeloupéens, VOTRE INTERET.

Il n’est pas question ici de faire de prosélytisme pour telle ou telle organisation syndicale. Il est question de faire appel à notre conscience collective de Guadeloupéens, de travailleurs guadeloupéens. D’hommes et de femmes responsables qui ne peuvent pas accepter d’être triplement roulés par l’Etat : ROULES, parce que mal formés, mal éduqués scolairement, et ceci par volonté délibérée de nous maintenir dans une situation de précarité et d’assistance (- de 30 % des guadeloupéens ont le baccalauréat ; 2/3 des fonctionnaires sont de catégorie C, donc consignés à des tâches subalternes) ; ROULES, parce que manipulés par des gens dont l’intérêt financier prime sur l’intérêt collectif, et permettent à leurs amis d’empocher le maximum d’argent possible sur notre dos et crient maintenant « au loup » en nous demandant à NOUS, GUADELOUPEENS, de faire payer nos frères, ceux qui se battent pour NOUS ; ROULES, par certains de nos fr ! ères à qui l’on promet l’impunité, à qui l’on distribue force de cadeaux et de hauts postes parce que l’on sait que seul leurs intérêt et enrichissement personnels les intéresse et qu’on pourra ainsi mieux les manipuler.

OUI, nous sommes tous victimes, et M. Luciano LENDO, plus que personne, de ce système qui veut que l’Etat fasse de notre Guadeloupe une sorte de République bananière et tente de reproduire chez nous ce qui a été fait en Afrique.

Alors, Guadeloupéens, Guadeloupéennes, il est temps de réagir et d’apporter notre soutien à M. Luciano LENDO et à ses camarades, Michel MADASSAMY et Armand TOTO, car comme on le sait si bien « Gwadloupéens, Gwadloupéenes, Gwadloup an dangé, fo nou rézisté, é pi fos é dignité ».

Pour faire valider votre soutien, merci de cliquer sur l’adresse suivante : lucianolendo@wanadoo.fr et d’envoyer votre mail, même vide, ou avec la mention : OUI J’APPORTE MON SOUTIEN A LUCIANO LENDO.

Le Comité de soutien de Luciano LENDO, à Paris.

Envoyé par : "UGTG" remon@ugtg.org