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Après trente ans de recul, la pauvreté menace de regagner du terrain

Publie le vendredi 9 avril 2004 par Open-Publishing
3 commentaires

L’Observatoire national de la pauvreté, dans un rapport rendu public jeudi 8
avril, montre que le taux de pauvreté a été divisé par deux en trente ans
mais soutient que la hausse du chômage et la réforme de l’indemnisation des
demandeurs d’emploi risque de retourner la tendance.

Depuis plusieurs décennies, la pauvreté recule en France. Après avoir marqué
le pas entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, ce
mouvement de baisse a repris. Mais la courbe risque fort de s’inverser, à
compter de 2002, du fait de la détérioration du marché du travail et de la
réforme du régime d’assurance-chômage, qui a durci les conditions
d’indemnisation des demandeurs d’emploi. C’est, en tout cas, l’un des
constats dressés par l’Observatoire national de la pauvreté dans son
troisième rapport, rendu public jeudi 8 avril. Il a retenu toute l’attention
du gouvernement, quelques jours après le vote-sanction des 21 et 28 mars,
qui traduisait "une exigence" de "justice sociale", selon les mots du
président de la République, Jacques Chirac. Nelly Ollin, la nouvelle
ministre déléguée à la lutte contre la précarité, a, en effet, indiqué,
jeudi, que le rapport de l’Observatoire constituerait "une des bases de
travail pour la Conférence nationale de lutte contre l’exclusion",
programmée dans quelques mois.

Sur le "long terme", les grandes tendances, remises en lumière par
l’Observatoire, sont plutôt réconfortantes. Le taux de pauvreté a, en effet,
été divisé par deux en une trentaine d’années. En 2001, 6,1 % des ménages
vivaient sous le seuil de pauvreté (qui s’établissait à 602 euros par mois
et par adulte, contre 650 en 2003), alors qu’ils étaient 15 % à connaître
cette situation trente et un ans plus tôt. Fournis par l’enquête "Revenus
fiscaux" de l’Insee, ces chiffres seraient toutefois plus élevés si l’on
retenait les critères d’Eurostat, l’Office statistique des communautés
européennes, qui fixe le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian (contre
50 % en France) : à cette aune, la proportion de familles pauvres en France
se monterait à 12,4 % pour l’année 2001 (soit plus de 7,1 millions de
personnes).

De tels dénombrements sont, par ailleurs, incomplets, puisqu’ils ne portent
que sur la France métropolitaine. Du coup, les populations démunies des
DOM-TOM passent à la trappe, alors même qu’elles ne sont pas quantité
négligeable : à la fin juin 2003, il y avait environ 142 000 RMistes en
Guadeloupe, en Guyane, à la Martinique et à la Réunion. Autre facteur
d’imprécision : les enquêtes exploitées par l’Observatoire n’intègrent pas
"les personnes accueillies dans des centres d’hébergement, des foyers, des
maisons de retraite, des hôpitaux (...) ou encore dans des prisons". Or
celles-ci représentent "à peu près 2 % de la population française".

CHÔMAGE DE MASSE

Même si elle est sous-estimée, la pauvreté a indéniablement régressé depuis
le début des années 1970. Cette évolution est particulièrement nette pour
les personnes âgées. Leurs ressources se sont, en effet, améliorées, "grâce
à la maturité du système de retraite par répartition", souligne le rapport.
Résultat : moins de 4 % des retraités étaient pauvres en 2001, contre 30 %
trente et un ans auparavant. A l’inverse, le taux de pauvreté des salariés
s’est accru de 38 % sur la même période, en raison de la persistance d’un
chômage de masse et de la prolifération des emplois dits "atypiques" (temps
partiel rémunéré au smic horaire, CDD, intérim, stages...). "Le mouvement
long de réduction de la pauvreté s’est donc accompagné du développement
d’une nouvelle forme de pauvreté : celle des actifs", analyse
l’Observatoire. En 2001, l’Insee recensait un million de "travailleurs
pauvres" (définis comme des personnes actives pendant au moins six mois dans
l’année, ayant effectivement occupé un emploi durant au moins un mois et
vivant dans un ménage en dessous du seuil de pauvreté). Plus de 60 % d’entre
eux avaient exercé une activité tout au long de l’année, ce qui prouve que
"les titulaires d’un emploi stable ne sont pas épargnés par la pauvreté".

Celle-ci reste, cependant, sensible aux évolutions du marché du travail. De
1996 à 2001, le nombre de pauvres est passé de 4 millions à un peu plus de
3,5 millions. Cette diminution, "en phase avec la reprise économique"
observée sur la période, a essentiellement concerné "les personnes les plus
proches" de l’emploi. "Mais la baisse du chômage ne suffit pas à faire
reculer toutes les formes de pauvreté", ajoute l’Observatoire. La proportion
de pauvres s’est, en effet, accrue dans certaines franges de la population
(familles monoparentales, adultes handicapés...). Celles-ci sont, bien
souvent, peu qualifiées et éloignées du monde du travail.

Depuis que la croissance a commencé à s’essouffler, il y a trois ans, la
pauvreté a probablement regagné du terrain. Le rapport de l’Observatoire
soutient cette thèse - malgré l’absence de statistiques de l’Insee
postérieures à 2001 - en s’appuyant sur d’autres indicateurs. Ainsi, après
deux années de baisse, le nombre de RMistes est reparti à la hausse (+ 1,4 %
en 2002, + 4,9 % en 2003). De même, la proportion de familles en butte à des
"contraintes budgétaires" et à des "restrictions de consommation" a
progressé entre 2001 et 2003, d’après l’"Enquête permanente sur les
conditions de vie des ménages". "La réforme de l’assurance-chômage devrait a
priori renforcer cette tendance", poursuit l’Observatoire. Désormais
couverts par les Assedic sur des périodes moins longues, certains demandeurs
d’emploi vont basculer d’une manière "plus précoce" vers les minima sociaux
(RMI, allocation de solidarité spécifique accordée aux chômeurs en fin de
droits...).

"WORKING POOR"

De telles évolutions peuvent toutefois être amorties grâce à l’intervention
de l’Etat-providence. Le rapport rappelle en effet "l’importance des
transferts sociaux" : si ceux-ci n’existaient pas, la part de ménages
pauvres, en 2001, s’élèverait non pas à 6,1 %, mais à 13,1 %. "Les
prestations sociales font baisser de plus de moitié le taux de pauvreté des
familles monoparentales et de plus de 60 % celui des familles nombreuses",
précise l’Observatoire. Elles représentent plus de la moitié des ressources
des foyers les plus modestes.

Compte tenu de leur poids, ces aides ne dissuadent-elles pas les plus
démunis de travailler ? La question "parcourt l’opinion", a rappelé Bertrand
Fragonard, le président de l’Observatoire. Mais pour lui, le retour à
l’emploi n’obéit pas uniquement à des considérations monétaires. Ainsi, en
1998, un tiers des allocataires de minima sociaux ayant repris une activité
déclaraient n’y avoir aucun intérêt financier ; 12 % d’entre eux affirmaient
même "y perdre". Le fait de remettre un pied dans le monde du travail, de
toucher un "vrai" salaire - et non pas un transfert social - peut
représenter, à lui seul, un facteur de motivation. De plus, les
bénéficiaires du RMI, de l’allocation parent isolé (API) ou de l’allocation
de solidarité spécifique (ASS) ne sont pas coupés de l’emploi, puisqu’un
quart d’entre eux exercent une activité. Enfin, l’écart entre le RMI et le
revenu des "working poor" s’est creusé au cours des dernières années grâce à
une succession de mesures (hausse du smic, instauration de la prime pour
l’emploi, réforme de la taxe d’habitation...). Celles-ci ont rendu "le
travail financièrement plus attractif".

LE MONDE

Messages

  • ...et la révolte sera pour demain...c’est le moment..révolution sociale...ici et maintenant..socialisme ou barbarie..La patience EST terminée.les prolo.sont prets ..organisons- nous,.. ET AUSSI...vous tous.....,.avant que...........soit..la fin .....

  • Il ne se passe plus une semaine sans que des centaines de personnes ne battent le pavé !
    Ces gens là sont pauvres, irrémédiablement. Ce sont les exclus de la révolution économique, les pestiférés du nouveau millénaire.
    A cause de la mondialisation, mais aussi par manque de diplômes et de compétences.
    Les riches sont de plus en plus riches et le nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter.
    « Verrons-nous des enfants mendier dans la rue ? »
    « Devons-nous craindre que notre fils devienne dealer ? La tentation est forte et l’avenir tellement bouché. »
    « Nous sommes à leurs pieds, ils nous marchent dessus ! »
    Le danger, c’est que les riches deviennent si riches et les pauvres si pauvres que les liens sociaux qui structurent le pays ne finissent par se rompre.
    C’est ainsi que naissent les révolutions.
    A suivre ...

  • Assez !!!

    D’un gouvernement d’irresponsables,
    d’un état défaillant,
    D’une France malade,
    d’une Société pestiférée…

    A mes Amis, mes Camarades,
    aux Prolétaires de tous Pays,
    Tous Ensemble, Tous Ensemble pour sauver notre peau

    La fermeture des Ets Roussel Desrousseaux (teinture et apprêts sur pièces) à Roubaix dans le Nord de la France en est l’exemple frappant. Le rapport de l’expert Syndex démontre en toute simplicité la viabilité de l’entreprise et la volonté farouche du groupe mondial CHARGEURS de fermer cette entreprise textile crée en 1887 par la famille Roussel.
    Défendre aujourd’hui l’emploi, passe obligatoirement par un changement de société.
    Raffarin brode depuis plusieurs mois sur le "climat de récession" en train de s’installer. C’est, en clair, le constat que l’économie va mal. C’est aussi une façon de justifier les mesures d’austérité qu’ils préparent contre le monde du travail. Le gouvernement ne manquera pas de tenter de justifier ses pires mesures contre les classes populaires par une prétendue "nécessité économique" ou encore par les "exigences de Bruxelles".

    Qu’est-ce que cela signifie, que l’économie va mal ? Pour la classe laborieuse, c’est une évidence avec les licenciements, le chômage, la baisse du niveau de vie pour tous et la pauvreté pour beaucoup. Mais en même temps, nombre de patrons publient, à l’intention de leurs actionnaires, des communiqués de victoire se réjouissant du maintien de leurs dividendes (site Internet Chargeurs), voire de l’accroissement de leurs profits.

    Mais les entreprises qui affichent des profits retentissants n’investissent pas dans la production et surtout n’embauchent pas. Les patrons ne se laissent pas guider par les discours de Chirac qui croit voir des "signes de reprise" à brève échéance. Ils savent que les dirigeants politiques, quand ils ne mentent pas, disent n’importe quoi. Eux, ils ne croient qu’au profit. S’ils n’ont pas l’espoir de réaliser plus de profit rapidement en produisant et en vendant plus, ils n’investissent pas aujourd’hui. Ils tenteront de faire autant et plus de profit en réduisant la masse salariale, en diminuant les effectifs, en freinant les salaires, en élargissant la précarité et l’instabilité pour les salariés.

    Oui, avec des hauts et des bas, leur économie va mal depuis, au bas mot, trente ans. Mais, même dans les périodes de rémission où on nous disait que l’économie allait bien, les grandes entreprises continuaient à annoncer des plans de licenciements. Qui peut oublier que les gouvernements qui se sont succédé se sont acharnés à faire des économies sur les hôpitaux, sur l’Éducation nationale, sur les services publics indispensables, pour pouvoir consacrer de plus en plus d’argent au grand patronat ? Pour les gouvernements, aider l’économie a toujours été aider le patronat à faire plus de profit, avec des cadeaux fiscaux ou des diminutions de charges sociales. Et tous comblaient les trous que cela creusait dans le budget de l’État ou de la Sécurité sociale en raclant le fond des poches des travailleurs et des plus pauvres.

    Ce n’est pas aux travailleurs de payer pour les fluctuations de la vie économique. C’est la sécurité de l’emploi et des salaires que le budget de l’État devrait garantir, pas la sécurité des profits.
    Il n’y a évidemment pas à attendre de ce gouvernement, si fier d’être le bras armé du grand patronat, qu’il mène de plein gré une autre politique que celle que lui demandent les possédants, même si cette politique mène à la catastrophe. Pas plus qu’on ne pouvait l’attendre de Jospin.

    Pourtant, la catastrophe sociale est déjà là. Le patronat et le gouvernement sont en train de ramener la société des décennies en arrière, au chômage généralisé, à l’insécurité permanente de l’emploi, aux quartiers populaires lépreux, aux retraités mourant de faim dans des taudis, à la
    réapparition de maladies liées à la misère. C’est grave pour le monde du travail. C’est grave aussi pour toute la société.

    Récession ou pas, la seule voie qui reste ouverte devant les travailleurs, la seule efficace, est de changer par leur mobilisation le rapport des forces avec le grand patronat et le gouvernement.

    Mais, au-delà d’une réaction défensive du monde du travail, se pose un problème plus général. L’économie capitaliste, l’économie de marché, est une économie folle, imprévisible et inhumaine. Sa prolongation ne réserve à l’immense majorité de la population que des crises, la régression et l’appauvrissement.

    Changer l’organisation sociale capitaliste, mettre fin à l’économie basée sur l’exploitation pour la majorité et le profit pour quelques-uns, devient une question de vie ou de mort, peut-être à brève échéance
    .