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ITALIE : appel de 125 membres du Parti de la Refondation communiste (PRC) de Florence

Publie le lundi 24 décembre 2007 par Open-Publishing
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Appel de 125 militants et dirigeants des sections du Parti de la Refondation communiste (PRC) de Florence , automne 2007

Nous sommes des camarades de Rifondazione Comunista. Nous avons défendu diverses motions au Congrès de Venise. Nous adressons un appel pressant pour que la préparation du Congrès dans les prochains mois favorise la participation et garantisse la souveraineté de toutes et de tous les camarades. Il en va de l’avenir du Parti.

Seul un débat transparent et démocratique, portant sur des propositions politiques précises, même différentes voire alternatives, un débat qui, loin de les dissimuler, mette en évidence les options existant aujourd’hui au sein du Parti, jusque dans son groupe dirigeant, sur les questions capitales qui se posent à nous, seul ce débat pourra aboutir à des choix clairs et à des synthèses fécondes pour relancer, consolider et unir le Parti, ce que nous souhaitons tous.

Nous sommes très inquiets devant l’actualité politique et le recul de la démocratie dans le Parti ces derniers mois.

Contrairement à ce qu’a indiqué la Conférence d’organisation, l’état actuel du Parti se caractérise par une chute du nombre des militants, une division des groupes dirigeants, un déficit de démocratie, une tendance à en rabattre dans les institutions au nom de la « gouvernabilité », comme en témoigne notre entrée récente dans l’exécutif régional de Toscane, en milieu de mandature et sans le moindre programme commun.

Les résultats des dernières élections administratives, l’échec de la manifestation du 9 juin sur la piazza del Popolo à Rome, la critique diffuse à l’égard de la classe politique, le mécontentement sur les lieux de travail attestent incontestablement de la montée de la désillusion populaire vis-à-vis du gouvernement Prodi. Ils laissent voir un risque de divorce entre, d’un côté, les organisations politiques de gauche et de l’autre, la société et les luttes les plus significatives qui se sont développées dans notre pays depuis le sommet du G8 de Gênes en 2001.

Dans la suite de la dérive centriste de la politique du gouvernement Prodi, les derniers événements (des accords sur les retraites et les dépenses sociales jusqu’aux orientations autoritaires et racistes sur le thème de la sécurité) marquent une véritable déchirure avec les positions fondamentales de notre Parti et de la gauche alternative.

Les problèmes ont commencé dès le début au sein du gouvernement Prodi. Nos efforts, nos dénonciations n’ont pas réussi à neutraliser la forte pression que la Confindustria [le MEDEF italien] et les puissances d’argent ont exercé sur le budget 2007, pas plus qu’à inverser la tendance à la perte de pouvoir d’achat des salariés et retraités. Elle nourrit la montée de la pauvreté et de l’insécurité sociale, face à des fortunes de plus en plus grandes et insolentes.

Nous avons également échoué à bloquer l’accord inacceptable sur les retraites, qui était en violation flagrante avec le programme électoral exigeant l’abrogation du « scalone Maroni » [loi votée sous Berlusconi] frappant tous les travailleurs et les segments les plus vulnérables de la société.

Immédiatement après cela, nous avons dû subir – en dehors de tout procédure de concertation – l’accord sur les dépenses publiques, qui renforce les dispositions de la loi 30 [sur l’emploi et les contrats de travail] au lieu de les dépasser ainsi qu’il était prévu dans le programme de l’Union de Prodi.

Nous n’avons pu obtenir ni la réduction des dépenses militaires, ni la fin de la participation italienne à la guerre d’Afghanistan, pas plus que la conférence de paix qui avait été promise.

Nous avons subi la décision du gouvernement – jamais soumise au Parlement – de collaborer avec les États-Unis au bouclier antimissile et à la construction d’une nouvelle base militaire étasunienne à Vicence, malgré l’imposante manifestation populaire du 17 février 2007. Nous n’avons pas pu, non plus, arrêter le projet de TGV Lyon-Turin, l’établissement d’incinérateurs, ni faire approuver la loi sur les unions civiles, fût-ce dans la version édulcorée des « DICO », en raison de l’obéissance évidente du pouvoir au Vatican. Quant à l’école, les déclarations du ministre Fioroni ne sont guère rassurantes. Pour ne pas parler de la dernière campagne sur le thème de la sécurité, aux relents racistes, qui a eu pour protagonistes le ministre Amato et deux importants maires du Partito Democratico naissant, à savoir Domenici [Florence] et Cofferati [Bologne].

Pour l’essentiel, notre gouvernement a paru et paraît davantage soumis aux puissants (Confindustria, Etats-Unis, Union européenne, Vatican) qu’attentif aux mouvements de lutte et aux intérêts populaires.

De là une crise dans la coalition qui profite dangereusement à la droite fasciste, raciste, à la Ligue du Nord et qui nourrit le résignation et la crise de la politique elle-même. Ainsi, le bilan de plus d’une année de participation au gouvernement est globalement négatif. Puisque pour nous, à la différence d’autres, le gouvernement est un moyen et non une fin en soi, nous estimons que la participation du PRC à cet exécutif ne peut qu’être subordonnée à l’obtention, maintenant et dans les prochains mois, d’un tournant réel dans les contenus de la politique du gouvernement, à partir d’objectifs et de mesures définis précisément.

Pour rendre possible ce changement, une nouvelle saison de luttes est nécessaire dans la suite de la manifestation du 20 octobre, de luttes qui portent la critique sociale – ô combien nécessaire – des éléments qui dominent au gouvernement, telle qu’elle s’est exprimée, de façon emblématique, lors du vote négatif, si important, émis sur les accords de juillet par la FIOM [Fédération de la métallurgie]. Nous exprimons à ces travailleurs toute notre solidarité en nous engageant concrètement à leurs côtés ainsi que dans la société pour dire notre retentissant NON à ces accords sur les retraites, sur la précarité et sur les dépenses sociales.

Mais si un tel tournant n’était pas pris, nous demandons au Congrès et à tout le Parti d’en tirer les conséquences, pour que le délitement social produit par les politiques libérales n’emporte pas également Rifondazione Comunista et les autres forces de la gauche.

À cette fin, il ne suffit pas de construire un regroupement de gauche plus large, pour contrebalancer la poussée vers le centre entraînée par la naissance du Partito Democratico. Il est indispensable de retrouver la pleine autonomie politique et organisationnelle du Parti pour reprendre l’initiative sociale et renouer avec le mouvement des luttes.

Contrairement à ceux qui entendent aller « au delà », dépasser Rifondazione Comunista ou proposer des « raccourcis » [scorciatoie] organisationnels et de dangereuses limitations de souveraineté – tels que des listes électorales uniques sans notre symbole ou bien une nouvelle chose politique confédérée – nous croyons que le rôle d’un Parti Communiste refondé est encore plus irremplaçable aujourd’hui qu’autrefois. Ce n’est pas le choix de l’autarcie, mais celui du moteur indispensable pour un rassemblement large et diversifié de la gauche anticapitaliste.

En particulier les sections [cercles], instances de base du Parti, doivent retrouver leur capacité d’initiative même au-delà de la dimension locale, faire entendre leur voix ainsi qu’il est arrivé à Florence et ailleurs.

Voilà pourquoi nous avons besoin d’une pleine autonomie politique et d’organisation, la seule à même de bâtir une véritable unité d’action des différents courants politiques et sociaux de la gauche (même au niveau électoral), de dépasser les différences par le développement de l’action sociale et de favoriser la reprise des mouvements de lutte.

Nous adressons, donc, à tous les camarades dans les sections, un appel vibrant à ne pas abandonner leur engagement, à participer au prochain Congrès, pour contrer et battre les tentatives de liquidation de notre Parti, dont l’autonomie et l’initiative sont aujourd’hui plus encore que par le passé utiles à la société italienne.

Messages

  • Seul un débat transparent et démocratique, portant sur des propositions politiques précises, même différentes voire alternatives, un débat qui, loin de les dissimuler, mette en évidence les options existant aujourd’hui au sein du Parti, jusque dans son groupe dirigeant, sur les questions capitales qui se posent à nous, seul ce débat pourra aboutir à des choix clairs et à des synthèses fécondes pour relancer, consolider et unir le Parti, ce que nous souhaitons tous.

    Contrairement à ce qu’a indiqué la Conférence d’organisation, l’état actuel du Parti se caractérise par une chute du nombre des militants, une division des groupes dirigeants, un déficit de démocratie, une tendance à en rabattre dans les institutions au nom de la « gouvernabilité », comme en témoigne notre entrée récente dans l’exécutif régional de Toscane, en milieu de mandature et sans le moindre programme commun.

    À cette fin, il ne suffit pas de construire un regroupement de gauche plus large, pour contrebalancer la poussée vers le centre entraînée par la naissance du Partito Democratico. Il est indispensable de retrouver la pleine autonomie politique et organisationnelle du Parti pour reprendre l’initiative sociale et renouer avec le mouvement des luttes.

    Des questions remarquablement similaires se posent des deux côtés des Alpes, même si on trouve ici ou là des différences, dont la plus importante est la participation à un gouvernement menant une politique lourdement opposée aux travailleurs.

    PRC est en limite de rupture et la question n’est effectivement pas de s’allier un peu plus à droite pour occuper un espace politique mais plus à gauche pour occuper le seul espace qui importe, l’espace social.

    Sortir du gouvernement tout de suite !

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