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Rapport de Marie George Buffet au Conseil national du 9 janvier 2008

Publie le jeudi 10 janvier 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Chers camarades,

Tout d’abord, je veux vous présenter, ainsi qu’à tous les communistes, tous mes voeux de bonheur et de réussite pour cette année nouvelle.

Bonheur pour vous et vos proches, beaucoup d’amour et de fraternité, de la réussite dans vos projets. Avec au cœur, l’espoir et l’envie d’un monde meilleur pour cette génération et les générations futures.

Ces vœux ne sont pas formels pour nous ; ils sont la raison d’être de notre engagement ! Mais nous le savons, pour qu’ils se concrétisent, il va nous falloir beaucoup de créativité, de dynamisme et d’ouverture dans notre militantisme.

Cette volonté exprimée par une large majorité de communistes dans la première phase du débat préparatoire au congrès doit être pour nous une grande motivation.

Aussi je veux, avec ce rapport, ouvrir un conseil national entièrement consacré à la mise en œuvre du mandat que nous ont donné les délégué-es des sections lors de notre assemblée nationale. Un mandat ambitieux dans la riposte à la droite, dans la conquête électorale de nouveaux espaces de résistances et d’innovations. Un mandat audacieux pour assurer le rayonnement d’une politique de changement. Un mandat porteur d’une ambition européenne et internationale.

Un mandat qui appelle à ne rien figer, à tout examiner dans notre bilan, à chercher, à débattre et à innover.

Toute autre attitude serait d’ailleurs étonnante de la part d’hommes et de femmes s’inscrivant dans une démarche révolutionnaire !

Notre responsabilité de dirigeants-es est lourde, car c’est une année ô combien importante qui s’ouvre. Année importante pour nos concitoyens et concitoyennes, tant l’horizon est plein de nuages de régressions sociales, démocratiques, humanistes, écologiques… tant aussi se cherchent les luttes, les solidarités, les issues face à la campagne idéologique et aux coups de la droite.

Importante, en ce sens, pour les chantiers de reconstruction d’un grand parti populaire. Un parti réactif sur tous les sujets du quotidien comme aux enjeux du monde, présent avec audace dans le débat d’idées, un parti porteur de grandes réformes aptes à desserrer l’étau du capitalisme mondialisé et des politiques libérales, un parti qui sans relâche agit pour contribuer à des rassemblements les plus larges possibles, des fronts durables.

Oui, nous avons une feuille de route chargée pour 2008, alors nous toutes et tous, ici au conseil national, unissons nos énergies, croisons enfin nos idées avec un but commun : un projet, des initiatives, une organisation utiles à notre peuple !

Et pour cela, nous ne serons pas de ceux qui croient à ce conte : La lutte des classes serait derrière nous ! On ne peut y croire car rarement on a vu la classe possédante aussi agressive contre les acquis sociaux et démocratiques, aussi décomplexée dans son rapport à l’argent ! Rarement, on a vu une droite aussi servile devant les exigences des nantis.

Et cette droite a déjà un bilan : zéro pointé pour l’immense majorité des Français. Pour le quotidien le compte n’y est pas ! La fameuse « rupture » reprend bien des vielles recettes : cadeaux fiscaux aux riches, franchises médicales pour les salarié-es, baisse des pensions pour les retraités, coups contre l’école…

Et pour les droits humains, la ligne rouge est franchie : précarité, insécurités, immigration choisie, chasse aux sans papiers, matraquage sur les bords de Seine des sans logis.

Et déjà, il y a quelque part comme un constat d’échec de la politique de Nicolas Sarkozy. Déjà certains de ces électeurs qui l’ont élu se sentent floués. Sa politique inquiète, sa cote de popularité chute, des mouvements se développent sur les salaires, la protection sociale, l’hôpital, l’université, la justice, les droits des individus, l’écologie. Et en même temps, derrière les mots et les discours sur une politique de civilisation, il n’y a pas que cela. Comme il l’a montré pendant toute sa conférence de presse d’hier, il y a une volonté politique d’imposer un changement régressif. C’est la fin des 35 heures. C’est le nouveau préambule annoncé pour la Constitution. C’est l’attaque frontale contre l’école et l’hôpital. Sur ce point, je vous propose que le jeudi 17 nous organisions une grande journée nationale de rencontre avec les personnels hospitaliers. Ce sont aussi les grandes conférences sociales annoncées en décembre. Et sur ce thème, nous allons rencontrer l’ensemble des forces syndicales.

Nicolas Sarkozy porte bien un véritable changement, mais un changement qui ferait disparaître les valeurs démocratiques, sociales, laïques qui ont nourri les mouvements révolutionnaires et populaires et fondé la République. Il veut faire émerger une nouvelle société faite de toujours plus d’inégalités et de violences.

Et pour cela il mène une bataille idéologique attisant toutes les contradictions régnant dans notre société.

Ainsi en est il du pouvoir d’achat qui est en pointe des préoccupations de nos concitoyens. Bien sûr, on le voit en écoutant les salariés de nombreuses entreprises en grève pour l’augmentation des salaires, cette exigence porte encore l’idée progressiste que chacun et chacune doit disposer des moyens de vivre et qu’il est pour cela légitime d’augmenter les salaires. C’est une question qui rassemble les Français.

Et en même temps, nous aurions tort de ne pas voir combien, après des années de stagnation des salaires, après des décennies de pédagogie du renoncement, la question du pouvoir d’achat est utilisée contre des acquis structurants. Et la droite avance sur la fin des dimanches, sur la semaine de travail régie par les 48 heures des standards européens ou la remise en cause du CDI.

Ces contradictions, on les retrouve aussi sur le logement. L’aspiration à un logement de qualité pour tous et toutes est partagée. La revendication d’une ville sachant s’enrichir de toute sa diversité aussi. Mais là encore, la pénurie est telle qu’elle sert à faire passer des idées régressives. Et la droite avance pour réserver le logement social aux plus pauvres, culpabiliser les autres, segmenter la ville par niveaux de richesses, et plus largement assimiler l’idée que le social n’est pas partie prenante d’une vision de la société, mais simplement la charité vers les plus démunis.

Ces contradictions, on les retrouve jusqu’au coeur du fonctionnement de notre République. Nos concitoyens veulent pouvoir décider et en même temps le pouvoir politique a tellement déçu ces dernières années qu’une partie non négligeable de la population peut aussi se laisser tenter par l’illusion d’un pouvoir fort, d’un homme décidant sur tout et de tout. C’est cette tentation qu’utilise Nicolas Sarkozy pour au nom de l’action, caricaturer la négociation sociale et nier tout droit à l’opposition. On le voit bien : la réalité quotidienne est pleine de contradictions. Et toutes ces contradictions sont au coeur du problème politique qui nous est soumis.

Le rejet des conséquences concrètes des choix politiques de la droite est majoritaire. Mais le cadre idéologique libéral qui a motivé ses mêmes divisions reste intériorisé comme le seul possible.

Aussi, face à la droite, rien ne pourra advenir sans chercher à modifier en profondeur ce rapport de forces qui nous est défavorable. Et ce n’est pas gagné, nous le voyons bien en écoutant tous ces responsables socialistes aussi critiques sur la forme que silencieux sur le fond, et l’annonce du boycott du Congrès par les parlementaires socialistes ne va pas éclaircir les choses, en écoutant Ségolène Royal énoncer ses ambitions politiques et sa vision d’une modernisation de la gauche qui annonce surtout des renoncements.

Et ce n’est pas gagné quand nous voyons combien d’hommes et de femmes peuvent se laisser tenter, faute de croire en une alternative à gauche, par une posture simplement contestataire. Aussi, il est impératif de chercher à bouger les rapports de force face à la droite. Là est toute notre responsabilité.

Cela nécessite de construire, sur chaque problème, sur chaque lutte, sur chaque échéance électorale, des majorités sources de mobilisation, d’acquis concrets et d’avancées idéologiques, à partir de débats d’idées sur les contenus.

Et à partir de ces rassemblements et alliances, nous avons à mener le débat pour consolider ces fronts et peu à peu en faire des majorités d’idées mais aussi des majorités politiques. Car, je l’ai dit en conclusion de nos travaux à la Défense, si le rassemblement ne peut être un objectif en soi, il n’en reste pas moins, en démocratie, un moyen indispensable pour avancer sur chaque enjeu.

Et je reste persuadée de la nécessité de travailler à des « fronts populaires et citoyens » porteurs de grandes réformes changeant vraiment la vie. C’est en les multipliant, c’est en les élargissant au maximum que l’on parviendra à construire une majorité politique. Dans ce contexte, chers camarades, nous devons cette année consacrer toutes nos forces à travers la bataille électorale, nos initiatives, le chantier du congrès à faire grandir la contestation au projet des forces réactionnaires, à ouvrir d’autres possibles et surtout à démontrer qu’ils sont à portée de la mobilisation et de l’intervention populaire. Bien sûr, nous ne sommes pas seuls, et heureusement ; il y a le mouvement social, avec de nouveaux mouvements annoncés, il y a le débat à gauche sur le projet, le rassemblement.

Mais, prenons la part qui est la nôtre, prenons le temps d’examiner ce que nous, nous pouvons faire ! Et si nous le faisons bien, peut être que cela sera utile pour l’ensemble. Pour ma part, je le pense. Je vais revenir sur tous les points du mandat dans un instant mais arrêtons nous sur le comment ?

J’ai évoqué les contradictions qui traversaient notre société, comment entrons nous dans le vif du débat pour interpeller, argumenter ? Dès maintenant, sans attendre, nous devrons mieux ancrer notre communication sur ces réalités contradictoires et apprendre à faire cheminer nos discours à partir des opinions de chaque individu. Cela demande de gommer nos réflexes encore un peu teintés d’avant-gardisme selon lesquels ils suffirait d’énoncer nos propositions pour lever en soi les doutes dans les têtes. Nous devons aller vers un véritable débat contradictoire sur les moyens et les finalités de notre discours.

Pour cela, sachons mieux mettre en avant non pas toutes les noirceurs du monde mais les potentialités qu’il recèle et que l’action des individus peut libérer. Ainsi en est-il de notre façon d’aborder la mondialisation ou l’Europe.

N’ayons pas peur de mieux prendre appui sur cette aspiration à la réussite individuelle qui peut loin de tout individualisme, se conjuguer en exigences porteuses d’avancées pour tout le monde.

Sachons mieux faire de la démocratie le chemin d’un nouveau rapport de forces : permettre à nos concitoyens de se saisir des enjeux, des problématiques, leur donner à voir de la portée de leurs prises de paroles, ne peut conduire qu’à faire grandir le besoin et l’action pour le changement.

Faisons aussi mieux vivre nos avancées théoriques dans nos actions militantes quotidiennes. Deux exemples : non nous n’attendons pas le « grand soir ». alors veillons à mieux apparaître comme ceux qui font leur possible, à l’échelle locale, nationale comme internationale, pour ici gagner un droit nouveau, une mesure de justice, là arracher un pouvoir, ici encore faire vraiment avancer une idée, un projet ! Oui nous sommes féministes et écologistes. Traduisons donc mieux cela en actes et discours quotidiens !

100 dollars le baril, ce n’est plus un problème économique ponctuel mais un véritable enjeu révolutionnaire : allons nous permettre à nos enfants de vivre sans masques à gaz sur cette planète, allons nous empêcher les exodes climatiques, allons-nous permettre à chaque être humain d’avoir accès à l’énergie dont il a besoin pour vivre dignement ?

Cherchons nous suffisamment à travailler solidairement au plan national des initiatives dont les contenus et les formes donnent sens, image de l’action des communistes ?

Tout cela ne présage en rien des choix que nous allons effectuer à notre congrès. Tout cela ne suffira évidemment pas à résoudre nos difficultés. Mais sans attendre et à partir de ce que je ressens à partir de mon activité, je pense que nous pourrions d’ores et déjà travailler sur tous ces points dans toutes les campagnes que nous avons à mener en 2008 ! Celles que nous avons retenues dans le mandat, et celles que l’actualité nous dictera.

Une date est déjà fixée : dans 62 jours, nous votons. Et c’est une droite déterminée et sûre d’elle-même qui part en campagne. On nous annonce déjà le président et le Premier ministre en soutien de candidats UMP locaux en de nombreux endroits. Et bien sûr la droite fera tout pour brouiller encore les repères et au nom de l’ouverture rassembler sur ses listes des hommes et des femmes dont les vieux penchants conservateurs restaient inavoués. Certains à gauche semblent aussi tentés par ce jeu du débauchage des déçus du camp d’en face. Je dis attention. Attention à ces brouillages des repères qui feront toujours le jeu des idées dominantes !

Dans cette campagne, il n’y aura pas les partisans de l’ouverture contre ceux qui la refusent. Il y aura les portes paroles, les exécuteurs de la politique du gouvernement et ceux qui s’y opposent. Et la droite voudra dans ce cadre faire avaliser, à nouveau, la politique qu’elle met en oeuvre depuis un an.

Les candidats locaux et départementaux de l’UMP portent la déclinaison locale de la vision de société du président : que les riches s’enrichissent, que les autres travaillent sans limites pour les enrichir, et surtout qu’ils n’habitent pas dans nos bonnes villes de Neuilly ou du Raincy ! A nous de les battre en donnant à voir du bilan des mairies et des conseils généraux animés par la gauche et particulièrement par des élu-es communistes.

Je pense à nos 13000 élu-es qui sont des leviers avec l’ANECR d’actions, d’innovations, de solutions concrètes pour le bien être de leurs populations.

A nous de battre la droite en portant avec la population des programmes novateurs et je sais que nos candidats et candidates, jour après jour, débattent, consultent, construisent.

Plusieurs partielles, je pense à l’Allier, au Val d’Oise et d’autres montrent que ce travail peut nous permettre de conquérir ou de reconquérir de nouveau cantons, de nouvelles villes.

A nous de faire de ces élections un moyen de résister à la politique de la droite et d’obtenir des conditions de vie meilleures dans chaque collectivité ! Et pour cela, veillons à ce que dans chaque canton, dans chaque ville, il y ait bien des candidats et candidates communistes. Et quand d’autres au PS manoeuvrent – un peu de MODEM - et divisent, gardons le cap de la responsabilité et de l’union ! Sachons rassembler largement tous les progressistes et toutes celles et ceux qui dans leur ville veulent faire gagner la gauche, gagner la solidarité, gagner la démocratie.

Je sais que les élus communistes, les candidats communistes qui sont confrontés à cette situation de division s’adressent ainsi aux hommes et aux femmes de gauche, je veux leur dire en votre nom notre confiance dans leur action et leur chance de rassembler à gauche et de battre la droite.

Tous les pôles du CN doivent être engagés dans cette bataille électorale : argumentaires, élément de communication, bataille pour la présence de candidats dans les médias… Deux affiches nationales et un kit pour les candidats seront bientôt à leur disposition.

Partons en campagne l’esprit offensif, avec la volonté de ne céder aucun pouce de terrain à la droite. Cette campagne électorale ne donnera de bons résultats qu’avec de grandes actions du PCF. Je pense par exemple aux initiatives fortes qu’organisent nos camarades du Rhône en réponse à la visite de Nicolas Sarkozy le 22 janvier à Vaulx-en-Velin.

Chers camarades,

Sur l’Europe, le calendrier institutionnel presse ; nous le savons. Et les partisans du nouveau traité européen font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher tout débat public sur l’avenir de l’Europe.

Le Congrès de Versailles qui selon eux sera le moment fort de la ratification de ce traité, est prévu pour le 4 février.

La campagne pour le référendum n’est pas une campagne que nous menons pour l’honneur. Nous voulons gagner car c’est la question de la démocratie, du droit des peuples à décider de leur avenir, et aussi de l’avenir même de l’Europe !

Sans l’intervention populaire, l’Europe de la paix, du progrès, de la démocratie ne verra pas le jour.

Nous devons donc poursuivre notre campagne d’information. L’Assemblée nationale sera saisie du projet de loi le 15 janvier. Le même jour, nos députés feront discuter, en niche parlementaire, un texte pour demander un référendum. Dès maintenant, il nous faut nous adresser à chaque parlementaire pour leur demander de venir à Versailles et de voter contre le projet de révision constitutionnelle. Et avec le CNR, tenons le 2 février, à la veille du Congrès un grand rendez-vous national des pétitions et d’intervention auprès des parlementaires pour que la parole soit rendue au peuple.

Et avec le PGE, inscrivons notre bataille dans celle plus large pour la consultation des peuples à l’échelle de l’Europe.

Au second semestre, la France occupera la présidence de l’Union, le Président va utiliser cette période pour activer la mise en œuvre de sa politique et imposer par exemple cette flexibilité générale au travail décrite partout comme l’alpha et l’oméga de la modernité. En 2009, des élections européennes auront lieu, elles seront un moment essentiel pour peser sur le cours de la construction européenne.

Ce que nous sèmerons ces prochaines semaines sera donc extrêmement utile ces prochains mois, au niveau des contenus alternatifs pour une autre Europe, mais aussi dans la constitution à partir des actions communes menées depuis 2005 d’un véritable front des organisations et des citoyens qui veulent durablement mener ce combat pour une autre Europe.

Maintenons donc la mobilisation !

La démocratie, le droit des peuples à maîtriser leur destin doit redevenir une option fondamentale de notre projet, car au plan international, en Europe comme en France, elle est malmenée.

Ainsi en matière institutionnelle, le projet annoncé il y a quelques mois comme une grande réforme constitutionnelle se réduit jour après jour en un seul objectif : permettre à Nicolas Sarkozy de s’exprimer à l’Assemblée Nationale.

Mais ce n’est pas qu’une réforme d’agrément personnel, elle vise à marquer l’opinion sur la seule personne qui au final détiendrait la légitimité du pouvoir : le président.

Nous avons nos propositions pour une 6ème République, nous sommes présents et reconnus dans les milieux concernés sur ce domaine des libertés et de la démocratie. Mais sommes-nous reconnus comme tels dans la grande majorité de la population ?

Aussi, travaillons à faire s’exprimer dans tous les lieux, dans tous les domaines l’envie de participer, de décider collectivement ; travaillons à faire germer les libertés. Profitons de ce débat pour faire avancer dans l’opinion la nécessité de partager tous les pouvoirs, dans la cité comme à l’entreprise, tout en s’attachant, au Parlement, à faire battre le projet de réforme institutionnelle.

Les élections nationales, l’Europe, la démocratie, nous avons à être présents sur tous ces fronts, mais je pense que nous avons besoin en plus d’une campagne, d’une campagne identifiant les communistes, une campagne qui donne cohérence et sens à toutes nos initiatives.

Ce fil rouge de notre combat politique pour cette année, ce doit être une campagne au coeur des contradictions de la période ; une campagne au coeur des problèmes de chacun de nos concitoyens. Une campagne qui donne à voir de tous les trésors de la planète confisqués ou gâchés par le capitalisme et les politiques qui sont à son service. Une campagne qui donne à voir de la dangerosité des logiques faisant de l’argent une fin en soi.

Alors nous devons lancer la bataille sur cette question centrale. Nous devons la lancer pour dire que l’efficacité économique n’est pas dans l’accumulation de profits et qu’au contraire l’économie fonctionnerait mieux libérée des contraintes de rentabilité imposées par les marchés. Nous devons la lancer pour démontrer qu’il n’y a aucune fatalité à ces deux mondes, celui de la frénésie consommatrice dans les boutiques de luxe des Champs-Elysées et celui de ces parents devant compter jusqu’au dernier centime les maigres achats qu’ils peuvent s’autoriser pour nourrir leur famille.

Nous devons la lancer pour dire que les différences considérables de salaires et de richesse ne sont pas la conséquence du mérite des uns et de la paresse des autres ! Nous devons la lancer pour dire que les jeunes n’ont pas choisi la précarité et le chômage. Aussi, nous devons revendiquer la pleine reconnaissance de la valeur du travail de chacun, de chacune, de son utilité sociale, pas de celle dictée par les marchés. Nous devons la lancer pour dire que les Etats ont la faculté de maîtriser ces immenses flux financiers qui circulent au dessus de nos têtes et de les orienter pour créer du bonheur pour tous et toutes. Et cette campagne, il nous faudra la bâtir autour de batailles concrètes et claires.

Ainsi du pouvoir d’achat !

Tout augmente sauf les salaires. Alors parlons des salaires. L’Etat peut augmenter le SMIC et les traitements des fonctionnaires. Il peut, comme les salariés l’y ont contraint en 1968 fermement inciter les branches à modifier les grilles de salaire. Il peut combattre la précarité imposée, les temps partiels et donc les salaires partiels imposés aux femmes ! Aucun impératif de compétitivité oblige Carrefour ou Auchan à exploiter leurs salariées !

Et en même temps oui il faut limiter l’explosion des prix. La place de cinéma à plus de neuf euros ce n’est pas tolérable. A ces familles qui culpabilisent de ne pouvoir acheter les fameux cinq fruits et légumes par jour, montrons leur qu’avec elles, nous pouvons imposer des solutions pour y arriver. Alors oui il faut baisser la TVA, il faut la supprimer pour les produits de la vie de tous les jours ! Et pour assurer le droit au transport, il faut baisser la TIPP, taxer les profits de Total et non pas soumettre les banlieusards à l’octroi que certains proposent de recréer à Paris. Il faut bloquer les loyers. Il faut arrêter la privatisation des services publics qui est celle du prix du gaz qui explose et qui fait de l’accès de soin une source de profit. Il faut juste se donner les moyens de rendre accessible à chacun et chacune ce dont l’on a impérativement besoin pour vivre !

Et au-delà de la question du pouvoir d’achat, il faudra mener cette campagne à partir des questions de retraite, de précarité, de sécurité d’emploi et de formation.

Notre but avec cette campagne, ce doit bien être d’ébranler le discours de la droite et le fatalisme ambiant à gauche et ainsi de semer plus largement tout le champ politique d’idées nouvelles, ancrées dans la vie d’aujourd’hui.

Cette campagne, elle doit être lancée en urgence. Quelques camarades y travaillent déjà. Elle doit se décliner en mots d’ordres populaires avec un logo qui identifiera le sens de notre combat. Sans attendre, nous allons éditer une affiche sur le pouvoir d’achat. Et très vite nous devrons décliner cette campagne en affiches, tracts, opérations militantes devant les sièges des banques, des grandes multinationales ou bien encore devant les grandes surfaces !

Et cette campagne, nous devons la bâtir en lien étroit avec le mouvement Jeunes Communistes et leurs propre campagnes sur les quatre chantiers : la lutte contre la précarité, pour l’éducation, le vivre ensemble, l’engagement international. Nous devons la conjuguer avec une grande mobilisation autour des droits des jeunes. Le sondage paru en fin de semaine sur « les jeunesses du monde face à leur avenir » témoigne de jeunes Français particulièrement en doute sur leur avenir ; seuls 4,2% estiment que l’avenir de la société est prometteur. Et le fait que l’on soit les derniers sur la liste témoigne peut-être de l’écart entre leur vécu et ce que a été le modèle social français ! La bataille d’idées sur les possibles mais aussi sur leur propre capacité à les faire vivre pour eux-mêmes et pour les autres est donc d’actualité.

Cette campagne, enfin, comme toutes les autres, sera aussi un point d’appui dans la préparation de notre congrès de fin d’année.

Nous avons aujourd’hui à mettre en place le collectif d’animation prévu par le mandat de l’assemblée générale extraordinaire et à nous répartir les tâches pour le mener à bien. Les propositions qui vous sont soumises ne visent que cela : organiser notre travail de direction à partir du choix effectué par cette Assemblée.

Notre direction a désormais un mandat pour préparer le congrès, pour favoriser la participation des communistes à la construction de leurs choix communs. Ce mandat nous fixe l’objectif de nous donner les moyens de relever le « défi existentiel » qui nous est soumis.

Il ne s’agit donc pas de faire dans la demi-mesure ni dans l’encéphalogramme plat. Il s’agit pour nous d’avoir suffisamment d’ambition, suffisamment d’envie pour réussir. D’avoir suffisamment d’audace pour ouvrir les chemins inexplorés qui nous le permettront. Car non seulement la peur n’évite pas le danger mais elle est très mauvaise conseillère pour qui veut transformer les choses. Au contraire, nous devons permettre à toutes et tous d’oser à partir de ce qu’ils et elles ont déjà produit comme réflexion. Après l’Assemblée extraordinaire, passons à une autre étape.

Les sujets sont désormais définis, ils ont fait l’objet de travail en ruches. Mener à bien ce chantier est désormais entre nos mains et nous ne pouvons nous satisfaire pour chaque que stion d’en rester à la surface des choses ; il nous faut au contraire chercher à approfondir chaque enjeu pour être véritablement efficace. Prendre le temps d’instruire nos débats, ce n’est pas perdre du temps, c’est en gagner.

Le collectif que nous allons mettre en place devrait pouvoir à mes yeux conduire un processus ouvert et créatif jusqu à l’été avec la mise en place de neuf ateliers composés de membres du CN, ouverts aux communistes et en capacité d’auditionner des intervenants extérieurs.

Ces ateliers auraient pour sujet :
 Le bilan critique et créatif de la période passée
 L’état du monde
 Un nouveau mode de développement
 L’unité des dominés
 La conception du projet
 Le communisme
 La conception du rassemblement
 La conception du parti, de son fonctionnement et de ses directions.
 La préparation du congrès.

Ces ateliers devraient pouvoir travailler dès le mois de janvier sur la base des comptes rendus des ruches du 9 décembre.

A partir de ces travaux et de leurs premières conclusions, il nous faut maintenant avancer pour faire émerger les éléments des choix à faire lors de notre 34è congrès.

Le collectif d’animation du débat et les ateliers mis en place devrait avoir un cahier des charges répondant à trois exigences : produire un travail rigoureux et innovant, permettre la progression du travail commun et sa mise en cohérence, cultiver notre visibilité par des actes forts.

Cela suppose de nous fixer des étapes précises, des objectifs tout aussi précis et une ambition de mise en commun et de participation du plus grand nombre possible de communistes à cette élaboration.

Nous pourrions de janvier à mars ouvrir des ateliers de travail, au niveau national, conduisant à des premiers textes de réflexion à soumettre au débat des communistes. En mai juin, nous tiendrions des conférences ou initiatives nationales sur les sujets ainsi définis, ce qui nous permettrait en juillet août d’éditer les actes de ces conférences. Cela pourrait déboucher fin août sur une université d’été pour entrer ensuite dans la phase statutaire du congrès à partir de la restitution et de l’appropriation large du travail précédemment accompli.

Le temps presse et le travail est considérable.

Si nous voulons que la nouvelle page du communisme que nous avons annoncée ne soit pas une page blanche, si nous voulons vraiment porter l’inventivité et le concret, le souhaitable et le possible, si nous voulons parler au mieux à tous les désirs de nos compatriotes, alors nous devrons travailler toutes les audaces, toutes les remises en cause et toutes les idées neuves, chercher et chercher encore, expérimenter et évaluer.

Notre responsabilité est donc d’ouvrir les espaces de confrontation sur les grands sujets, de faire circuler les idées en ayant le soucis permanent de la culture du débat et en excluant toute velléité réductrice de choix – ou critères de choix – qui auraient été définis au préalable. Je voudrais insister sur le fait que nous devons aux adhérentes et adhérents de notre parti de leur donner les moyens de mener le débat au niveau des enjeux et donc sur l’obligation que nous avons – collective et individuelle- de ne pas chercher à faire le débat à leur place.

Et je le dis avec beaucoup de solennité. Nous avons à nous mobiliser pour assurer que le débat reflète réellement les opinions des communistes et ne soit accaparé par personne, ni construit sur la peur et les procès d’intention. Et il faudra que les initiatives nationales de mai-juin se donnent des règles démocratiques pour le débat.

Enfin, l’assemblée générale extraordinaire nous a mandatés pour prendre des initiatives permettant d’assurer la présence, le rayonnement et le développement de notre organisation particulièrement dans les entreprises et les quartiers populaires.

Ce n’est pas la première fois que nous nous fixons un tel objectif. Et pourtant, cette répétition dit elle-même que nous avons du mal à y arriver. Tout simplement parce que notre présence et notre influence dans les quartiers et les entreprises ne se décrètent pas. La faiblesse de notre organisation sur les lieux de travail et les quartiers populaires traduit en effet bien plus nos difficultés à incarner un espoir, une perspective qu’elle n’en est la cause.

Pour autant, ces objectifs sont décisifs. A nous de ne pas lâcher ! Par exemple, appuyons-nous d’abord sur la réflexion des militantes et militants qui vivent dans ces quartiers pour dégager avec eux, avec elles les axes d’une intervention politique efficace et percutante. De la même façon, nous pourrions nous appuyer sur l’expérience de nos camarades organisés sur leurs lieux de travail pour élargir le champ de notre intervention bien au-delà de celle que nous avons jusqu’à présent. Et dans tous les cas, il faut réfléchir à cette implantation dans les entreprises et les quartiers avec un seul objectif : notre capacité à nous adresser aux salariés et aux habitants de ces quartiers, à ouvrir le débat avec eux pour diffuser les idées de changement.

Nombreux sont les camarades qui se préoccupent de la formation des militants, de notre capacité à permettre à de nouvelles et nouveaux militants de participer pleinement à toutes les dimensions de la vie de leur parti. Cette responsabilité confiée à notre direction devrait être envisagée avec l’objectif de permettre à chacun et chacune de développer sa souveraineté, d’acquérir des « connaissances » pour mieux les soumettre au feu de leur critique. De poursuivre dans ce domaine avec notre volonté non pas de formater des consciences mais bien de permettre au plus grand nombre de maîtriser les enjeux et les questions politiques qui les préoccupent, qui les intéressent.

Notre direction est beaucoup critiquée par les camarades. On voit bien que l’on ne parvient pas à concilier correctement la question de la diversité et du respect des décisions majoritaires. Il faudra beaucoup travailler sur cette question.

Enfin le mandat nous appelle face au capitalisme mondialisé à travailler un nouvel internationalisme. Tous les événements de ces derniers jours nous en montre la pertinence et l’urgence ! Je reviens d’un séjour en Amérique latine et je vois aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères de Bolivie. Des expériences novatrices sont en cours, mais elles sont heurtées de plein fouet par les conséquences des politiques néolibérales mises en œuvre précédemment dans ces pays et par un combat sans limite au plan idéologique et économique de la part des tenants du capitalisme mondialisé. Pour desserrer l’étau les mouvements populaires latino-américains ont un besoin vital d’une solidarité durable qui ne relève pas d’un soutien enflammé mais de la construction de convergences politiques et d’un rapport de force conséquent pour une autre mondialisation. Mais réagir aux drames qui se déroulent au Kenya, en Irak, au Pakistan ou en Algérie, au sort inacceptable fait au peuple palestinien, c’est à la fois l’action sur le positionnement de la France et sur celui de l’UE, c’est l’action pour la transformation du fonctionnement et des objectifs des institutions internationales, et c’est aussi naturellement les actions de solidarité. C’est enfin l’action pour faire avancer ici et là bas les solutions alternatives à la loi de l’argent et aux pouvoirs anti-démocratiques, pour faire reculer le sous développement, les politiques de puissance et de surarmement, les ingérences et les pillages.

De tout cela notre initiative devra parler mais elle devra aussi aborder lucidement le changement d’époque qui est en œuvre, cette mutation d’ensemble du capitalisme à partir de trois facteurs essentiels étroitement mêlés : la chute des régimes d’Europe de l’est, l’extension de la marchandisation avec la globalisation capitaliste et la révolution informationnelle. Un changement qui touche la configuration d’ensemble des mouvements progressifs et communistes, la nature des combats et des projets révolutionnaires.

Notre initiative pourrait être conçu comme un moment de travail accueillant sur chaque question les personnalités françaises et étrangères les plus en capacité de nourrir les idées, les choix politiques, les réflexions nécessaires pour faire avancer la perspective de l’émancipation humaine.

Chers camarades,

Toutes ces missions supposent un travail en profondeur. Elles exigent de ne pas tarder dans la mise en mouvement de toute notre organisation. Et donc, d’accomplir un gros travail de direction pour proposer les axes et plans de travail pour les semaines qui viennent dans chaque fédération, chaque section. Ne tardons pas notamment à réunir des assemblées de section pour faire vivre le mandat de notre assemblée nationale. C’est notre responsabilité collective et individuelle. J’espère que l’urgence de la situation comme les attentes exprimés par les communistes à l’assemblée extraordinaire sauront motiver comme il se doit chacun et chacune d’entre-vous. L’année qui s’ouvre ne sera pas de tout repos.

Alors ne tardons pas !

Messages

  • Pas un seul mot a propos de "notre" manif du 4 fevrier...

    sa comence a me degoute tout ca...

    R.F.

    PS : par contre voila le premier adesion "important"...


    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=59059

    TCE : grand rassemblement citoyen à Versailles le 4 février

    Congrès de Versailles : les parlementaires face à leur responsabilité

    Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a déclaré que son groupe boycotterait le Congrès de Versailles du 4 février, qui doit entériner la réforme constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne. Si elle était suivie par les parlementaires socialistes, cette décision permettrait au gouvernement d’obtenir sans problème les 3/5 de voix nécessaires à l’adoption de la réforme, puisque seuls seront comptabilisés les suffrages exprimés.

    Autant dire qu’une telle décision ne sert à rien, sinon à traduire un réel embarras face à l’exigence démocratique exprimée aussi bien par les citoyen-ne-s que par les nombreux parlementaires qui demandent une ratification du traité par référendum.

    Dans les jours qui viennent, la pression populaire doit s’intensifier pour que les députés et les sénateurs aillent à Versailles et qu’ils votent « non » à la réforme constitutionnelle, quelles que soient les consignes de leur direction. C’est le moyen le plus efficace d’obtenir un référendum, et de permettre ainsi aux électrices et aux électeurs de s’exprimer à nouveau sur un texte à peu près identique à celui qu’ils avaient rejeté en 2005. Attac mettra tout en œuvre pour y parvenir, et appelle, quoi qu’il arrive, à un grand rassemblement citoyen à Versailles le 4 février, s’associant à l’initiative construite autour du site http://www.tousaversaillesle4fevrier2008.fr/

    Attac France,

    Montreuil, le 9 janvier 2008

    http://france.attac.org/spip.php?article8056

  • D’accord avec : « …apprendre à faire cheminer NOS discours à partir des opinions de chaque individu. Cela demande de gommer NOS réflexes encore un peu teintés d’avant-gardisme... »

    D’accord avec : « Si NOUS voulons que la nouvelle page du communisme que NOUS avons annoncée ne soit pas une page blanche, si NOUS voulons vraiment porter l’inventivité et le concret, le souhaitable et le possible, si NOUS voulons parler au mieux à TOUS les désirs de NOS compatriotes, alors NOUS devrons TRAVAILLER TOUTES les audaces, TOUTES les remises en cause et TOUTES les idées neuves, chercher et chercher encore, expérimenter et évaluer. »

    D’accord avec : « NOTRE direction est beaucoup critiquée par les camarades. On voit bien que l’on ne parvient pas à concilier correctement la question de la diversité et du respect des décisions majoritaires. Il faudra beaucoup TRAVAILLER sur cette question. »

    D’accord pour... que « nous »« travaillions » ! Mais est-ce que cela même suffit pour que « nous » n’oublions rien ?

    Ainsi, chère Marie-George Buffet : sans remonter aux calendes grecques, comment se fait-il que, même furtivement, même sans « trancher », alors qu’il s’agit de « TOUT » mettre à plat, l’Assemblée du PCF de début décembre n’ait même pas évoqué la question de sa cohérence, depuis son dernier congrès : la question de savoir si la présentation de votre candidature aux Présidentielles était ou non conforme à l’orientation de celui-ci ?

    Même si, entre temps, une « majorité de communiste » s’est exprimée, la question méritait d’être posée d’un genre « d’inflexion logique » que celle-ci aurait fait subir à « la ligne » !...

    Je ne dis pas cela pour « embêter » ni, en aucun cas, pour diminuer votre valeur !… Mais cela faisait pourtant partie, à mon sens, de « la Diversité ( pas si « extraordinaire » que ça), des questions à explorer », sans exclusive...

    Aubert Dulac.