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Desert ferroviaire dans le grand sud de la France

Publie le vendredi 16 avril 2004 par Open-Publishing

SUD-rail (grand sud)

Alerte au désert ferroviaire dans le sud de la France
Les syndicats SUD-rail des régions de Provence Cote d’Azur, Languedoc Roussillon, Midi Pyrénées et Aquitaine, réunis le 15 avril 2004 à Toulouse, lancent un appel public d’alerte concernant le Fret SNCF.

Destruction à grande vitesse
Nous constatons que le plan décidé par la Direction de la SNCF lors du budget 2004, détruit à grande vitesse le service de transport des marchandises de nos régions.
L’ensemble des dessertes locales sont menacées entre Marseille (Miramas) et Bordeaux (Hourcade) !

Fondé sur la logique financière qui consiste à concentrer les moyens de l’entreprise sur les trafics internationaux, le « plan Fret 2004/2007 » se traduit par :
• l’expulsion de nombreux clients à qui des augmentations tarifaires insensées sont imposées (de +30% à +100%).
• La décision d’abandonner des trafics, même quand les clients sont passés sous les fourches caudines de ces augmentations, sous des motifs divers : « le client n’est pas adapté au rail » déclare le très libéral Directeur national du Fret à propos du transport de bois ou, plus généralement « nous ne sommes pas surs d’avoir des machines pour tirer vos wagons à partir de juin », s’entendent répondre les chargeurs par les services commerciaux. Le remplacement des machines envoyées à la casse n’étant pas assuré. « Un train de neuf wagons n’est pas rentable » déclare Mr Gallois à Fos.

Une logique financière et simpliste
La politique de la technocratie-libérale qui dirige la SNCF est d’une logique simpliste : segmenter les trafics pour séparer les comptes entre « grands axes » et « zones locales ». Ce dernier secteur qui correspond aux dessertes de nos régions est ainsi mis en déficit et étranglé.

Premiers effets de la concurrence
L’ouverture à la concurrence du trafic Fret Ferroviaire se traduit ainsi, immédiatement, par une concentration des moyens sur les trafics internationaux.La SNCF dont la structuration (avec la création de RFF(1997)et la gestion par activité (2001)a été mise en place pour cela, accélère le pas après la décision d’ouverture de la concurrence dès 2007.

Aux milliers de suppressions d’emplois de cheminots qui résultent de cette politique, s’ajoute la disparition d’une part importante du tissu industriel de nos régions.
La suppression de toute activité de triage entre Marseille et Bordeaux illustre cette situation.
Les activités transférées entraînent les suppressions des activités triage de Nîmes et St Jory et se traduisent par une augmentation de la productivité sur Hourcade et Miramas où le manque d’effectif se fait déjà sentir.

La privatisation en marche
Cette politique d’entreprise s’inscrit dans la volonté de privatisation du transport.
- La SNCF fonctionne comme une entreprise privée, en se concentrant sur les objectifs financiers. Ce faisant elle se met au service de la politique des délocalisations et de l’explosion des trafics internationaux.
- Une part importante du Fret est transférée sur la route.
- Les sociétés privées de chemin de fer sont en attente des financements publics pour ensuite, s’attaquer aux zones saturées par les camions.

Abandon d’une politique d’aménagement du territoire, casse des statuts sociaux, sont les enjeux de cette privatisation.

Une autre politique est possible

La notion de service public des transports de marchandises doit permettre :
- Une organisation des transports qui repose sur des décisions maîtrisées pour l’aménagement du territoire, l’environnement, la pollution atmosphérique, l’énergie.
- Une complémentarité entre les modes qui s’oppose à la concurrence sauvage qui domine aujourd’hui.

Le coût du transport de marchandises doit être évalué, avant de décider de délocalisations ou de concentrations.

Il ne suffit plus de beaux discours électoralistes sur le développement du ferroviaire, il faut se donner les moyens de réaliser ces ambitions.
Il faut remettre en cause l’éclatement de l’entreprise et revenir à son unicité.
La politique mise en œuvre au plan européen (et inscrite dans l’AGCS) se traduit par une casse du service ferroviaire ici, comme dans d’autres pays d’Europe.

Geler ce plan pour ouvrir une concertation démocratique
- nous demandons l’arrêt urgent de la désertification
- pour permettre un débat démocratique

Il faut geler immédiatement le plan Fret de la SNCF et nous donner les moyens d’assurer le service et de maintenir des tarifs acceptables pour les dessertes locales.

Toulouse le 15 avril 2004