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Selon François Chérèque, "la CFDT a manqué d’à-propos" sur l’intermittence

Publie le samedi 17 avril 2004 par Open-Publishing

Le secrétaire général du syndicat signataire de l’accord du 26 juin 2003 s’est exprimé jeudi 15 sur la chaîne Public Sénat. Il a défendu ses positions, mais reconnu quelques erreurs d’appréciatio.

C’est un petit mea culpa. Mais il en dit long sur les états d’âme de la CFDT, qui essuie actuellement de nombreuses critiques sur le dossier des intermittents du spectacle. Jeudi 15 avril, sur la chaîne Public Sénat, son secrétaire général, François Chérèque, a estimé que la CFDT - signataire de l’accord du 26 juin 2003, avec la CFTC, la CGC, le Medef, la CGPME et l’UPA - s’était mal fait comprendre. "Il faut que la CFDT reconnaissance son manque d’explication. On n’a pas suffisamment interpellé la population. On a manqué d’à-propos", a déclaré M. Chérèque sans, pour autant, remettre en cause la réforme sur le fond.

M. Chérèque l’a au contraire défendue bec et ongles : "Ceux qui disent que [le protocole] n’est pas un bon accord sont ceux qui ne le financent pas", a estimé M. Chérèque, en répondant, notamment, à Jacques Chirac qui, le 1er avril, avait déclaré que certaines "conséquences" de la réforme des intermittents avaient été "mal appréciées" (Le Monde du 3 avril). Pour autant, M. Chérèque "ne se sen [t] pas lâché par le gouvernement", a-t-il assuré.

La réforme, a-t-il dit, reste "très favorable" et "correspond à la réalité"du travail des intermittents : elle réduit, notamment, la période de référence de 12 mois à 11 mois (en 2004) pour comptabiliser les 507 heures ouvrant droit à l’indemnisation. "Si on veut faire plus, il faut que l’Etat mette plus. J’appelle ça lutter contre le libéralisme !", a lancé M. Chérèque, en ajoutant que "l’Unedic est le gros financeur de la culture en Europe". Selon l’Unedic, les annexes 8 et 10 relatives aux intermittents accusent un déficit de 828 millions d’euros en 2002.

Pour compléter l’assurance-chômage des intermittents, M. Chérèque a proposé, au début du mois de mars, de créer une "caisse complémentaire de solidarité" qui serait financée par l’Etat, les collectivités locales et les entreprises de spectacle (Le Monde du 13 mars). "Ce n’est pas en baissant l’impôt qu’on va arriver", a grincé M. Chérèque, sur Public Sénat, en faisant aussi référence à l’indemnisation des chômeurs du régime général. "J’espère que le gouvernement va étudier cette proposition de caisse complémentaire", espère-t-il malgré tout.

Secrétaire générale de la CFDT culture-communication, Danièle Rived a défendu l’idée lors d’un entretien avec le ministre de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de Vabres (Le Monde daté 11-12 avril). Interrogé sur les abus du système, M. Chérèque a dit que "c’est l’Etat - et non les syndicats - qui a la responsabilité de lutter contre les abus". Il s’est par ailleurs prononcé en faveur d’"une négociation de branche pour décider qui a droit au régime de l’intermittence". Pointant la flexibilité du système actuel, M. Chérèque a ajouté : "C’est assez fantastique que la Coordination [nationale des intermittents], des gens souvent d’extrême gauche, défende un modèle aussi libéral".

A l’issue de sa prestation télévisée, dans les couloirs du Sénat, M. Chérèque s’en est pris, aussi, au député (UMP) et président de la mission parlementaire sur les métiers artistiques, Dominique Paillé. Récemment, celui-ci a rendu des conclusions très critiques, en soulignant que "l’accord n’a pour l’instant permis de réduire ni le déficit du régime ni les abus et fraudes" (Le Monde du 12 mars). "Paillé n’arrête pas de dire que je suis crispé, rigide, mais on n’a jamais échangé un mot !", s’est agacé M. Chérèque. En revanche, M. Chérèque a jugé "très intéressantes"les propositions du sociologue Pierre-Michel Menger, présentées dans une tribune du Monde du 15 avril. Directeur de recherche au CNRS, et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), M. Menger propose de mettre en place "une modulation des cotisations d’assurance-chômage", à la charge des employeurs, selon le degré de recours à l’intermittence.

LE MONDE