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Cara Carla, un portrait belge au vitriol

Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-Publishing
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Cara Carla »NICOLAS CROUSSE

mardi 12 février 2008, 15:58

P. 50 « Chère Carla, j’ai bien reçu la lettre que vous ne m’avez pas écrite. Eh oui, la formule est un peu alambiquée, mais c’est la moins malhonnête que j’ai trouvée. » Lettre à l’amante de Sarko.

lettre à Carla Bruni

Cara Carla,

J’ai bien reçu la lettre que vous ne m’avez pas écrite. Eh oui, la formule est un peu alambiquée, mais c’est la moins malhonnête que j’ai trouvée. Après tout, et même si mon prénom (quatre consonnes et trois voyelles) est aussi celui de l’homme de vos pensées, nous ne nous connaissons pas, et ma réponse est aussi imaginaire que votre lettre. Mais que voulez-vous, et comment dire… j’ai eu un flash. Je me promenais du côté d’Orléans et tout à coup j’ai entendu votre voix. Vous m’avez parlé : je vous réponds !

Je sais : qu’est-ce qui vous a pris, hein ! Dans quel pétrin vous vous êtes mise. Et avec ça toute seule, comme une grande. Ah, on ne vous changera donc jamais, Carla. Mais à la fois je vais vous dire, c’est un peu pour ça que j’ai de l’affection pour vous. Le cœur vous fait faire bêtise sur bêtise. Chaque fois, vous vous emballez comme au premier jour de vos seize ans. Chaque fois, vous êtes comme sous euphorisant (Pisang ? ecstasy ? contes de petite fille ?), et vous vous prenez à dire « oh mais lui, c’est vraiment le plus beau ; lui, il est vraiment trognon, avec lui on s’adore ». Et chaque fois, je vous le donne en mille, dans les huit semaines – quand ce n’est pas dans les huit jours – vous vous réveillez subitement. Est-ce la gueule de bois ou un sursaut de réalité ? Toujours est-il que vous vous sentez piégée – et vous savez bien que vous ne l’êtes que par vous-même !

Amoureuse. Vous êtes une éternelle amoureuse, Carla. On dirait Piaf. Une véritable môme ! Les hommes vous font tourner la tête. Vot’ manège à vous, c’est eux. Et quel manège. Quel carrousel ! Un avocat, un chanteur, un politique… Vous êtes une petite fille, et eux ils tournent, passent comme des floches autour de vous. Les hommes, ce sont des bonbons, et vous, vous adorez les bonbons. Un jour, à Disneyland Paris, vous avez vu dans un grand magasin de bonbons une sucette géante (loin de moi l’idée d’être graveleux, Carla, mais je ne vois pas d’autre image) Vous n’aviez jamais vu ça. Alors ben quoi, vous avez craqué. Et vous avez croqué. De toute façon, et votre Maman me l’a dit, quand vous avez une idée en tête, vous finissez toujours par arriver à vos fins. Rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule.

Elle m’a aussi dit qu’à force d’en engouffrer, les bonbons finissaient en général par vous écœurer. Et là, m’écrivez-vous, la nausée n’est pas loin, et vous auriez les dents du fond qui baignent. De même que vous êtes une dévoreuse de bonbons, vous êtes une incorrigible mangeuse d’hommes. Amante religieuse. Ce qui vaut pour les bonbons, vaut pour les hommes. Vous aimez ceux qui brillent. Ceux qui tchatchent. Ceux qui en jettent. Ceux qui ont la trique. Ceux qui emmènent en bateau (et si c’est en en yacht, c’est encore mieux). Ceux qui vendent du rêve, le soir au champagne. Ceux qui emballent, et emballent encore, sans jamais vous faire l’affront du grand déballage. C’est votre côté midinette, ça, Carla. Votre côté Cendrillon, mâtinée de fille à Papa. Vous faites les yeux doux, susurrez d’une voix de chatte, vous lovez dans vos jambes interminables. Alors on ne vous refuse rien. Vous a-t-on déjà refusé quelque chose ?

Le p’tit Nicolas, vous l’avez d’abord jaugé dans le magasin de jouets. Pas franchement beau, ça non. Pas sexy pour un sou. (Quoi que, me soufflent quelques dames égarées…) Mais c’est un vendeur de bagnoles. Dans Les portes de la gloire, ce type vous aurait cloué Poelvoorde en deux temps trois mouvements. Sur un marché, Nicolas c’est le gars qui vous vendrait des salades pourries pour un prix d’or. Et ça, respect. Au fond, Nicolas c’est un magicien. Un peu votre David Copperfield. Bon, c’est vrai, taille grincheux, dans la famille des sept nains. Mais justement, si doué, le bougre, qu’il en ferait oublier sa nature profonde : il est petit, il ressemble à une tête d’œuf et ses salades sont pourries. C’est tout mignon, non ? Et vous, Blanche Neige, vous vous dites que comme dans les contes de fées, l’amour peut tout sauver. C’est votre côté infirmière romantique, ça Carla ! Vrai, non ? Vous êtes le genre de demoiselle, à la limite, convaincue en son for intérieur que si le p’tit Adolf était tombé en 1914 sur une brave fille comme vous, la face du monde en aurait été changée. Et vous savez quoi, Cléopâtre ? Vous n’avez sans doute pas tout à fait tort. Mais je m’égare. Et je précise donc : c’est une métaphore, hein ! Loin de moi l’idée de comparer votre grand homme à un souvenir du troisième Reich.

Vous voulez que je vous dise ? Là, en ce moment, vous n’êtes pas dans votre assiette. Vous êtes un peu à la masse. Un peu en colère, aussi, prête à taper du pied très fort si on continue de vous embêter. Jouer à la poupée et à docteur avec Nicolas rien que pour embêter les autres, au début c’était gai. Faut dire que les autres, ils faisaient vachement les embêtés. Et ils prenaient un peu la voix indignée de vos parents, du temps où vous faisiez le mur. « C’est in-ad-mis-si-ble, Carla ! » Trop drôle, vraiment. Avec des tas de photos dans les journaux, des racontars et des jugements derniers. Alors, en cover de Match, Gala ou Voici, vous la jouiez femme fatale, superbe d’orgueil, jaugeant les Lilliputiens de la brigade des mœurs, comme ça, pour les enrager. D’un côté vous, l’artiste à la voix rauque, égérie des Inrocks et de Libé. De l’autre, lui, moitié Louis De Funès du Figaro, moitié Nikos de la Star Ac.

Nicolas et Carla ? Allons, avouez : c’est votre happening romantique à vous. Votre remake de Roméo le Montaigu et Juliette la Capulet. Ou de Portier de nuit. Vous savez ? Ce film de Liliana Cavani, dans lequel Charlotte Rampling, alias une toute jeune et jolie juive, retrouve Dirk Bogarde, alias un officier nazi qui a abusé d’elle durant la guerre. Le désir et la transgression, main dans la main. C’est joli, non ?

Nicolas, c’est un peu votre officier allemand, non ? Ou votre Roméo : ces hérétiques de Capulet ne peuvent pas comprendre. Etes-vous une héroïne de romans d’amour ? Ou la méchante sorcière qui finira brûlée ? Suspense. Ce que moi je crois, quand même, c’est que vous êtes une grande sotte. Quand vous vous piquez d’être amoureuse (ce qui ne revient pas à dire que vous l’êtes), vous faites un peu n’importe quoi.

Mais quitte à parler cinéma et à verser dans un registre plus populaire, votre Nicolas évoque davantage De Funès que Bogarde. Vous le dégarnissez un rien et vous le laissez vous appeler « ma biche » : c’est pile poil Le gendarme se marie. Quoi ! Vous n’aimez pas non plus ? Vous n’avez pas la tête de Claude Gensac, c’est ça ? Certes ! Mais que vous dire, alors… La vérité ? Pardon : « ma » vérité ? Comment dire ? Je crois qu’à la fois vous êtes faits pour vous entendre… et que pour cette raison même vous allez vous autodétruire en moins de temps qu’il ne vous aura fallu pour vous marier. Nicolas ajouterait : « Et il est probable que ce sera déjà fait quand vous l’aurez appris. »

Vous êtes faits pour vous entendre, donc, et voilà bien le hic. Vous rêvez tous deux de gérer le magasin de jouets. Tous deux d’être Le plus beau du quartier, titre d’une de vos chansons. Tous deux de décrocher la Une. Mais avec Nicolas, le vrai numero Uno c’est bien lui. Le magasin de jouets, c’est lui qui y est. Et, je suppose que vous n’êtes pas dupe, le statut de Première Dame ne sera jamais que le synonyme de super femme de ménage (y a du boulot à l’Elysée), passeuse de plats, représentante de commerce. A la limite danseuse du ventre. Ou chanteuse de fins de banquets, avec Poutine, Bigard et Kadhafi beuglant au bout de la nuit « Carla, une chanson, Carla, une chanson… » C’était pas ça l’idée, hein. Je sais. On fait des conneries, puis on regrette. Je connais.

Non, ça ne va pas très fort, Carla. Je sais. Je vois. Je sens. Et je compatis. Au fond, vous êtes une grande godiche. On vous donne du Cruella. La vérité, c’est que l’amour vous rend sotte. Le Pisang est consommé, et avec lui le parfum d’un conte de fées ranci. La nuit fut arrosée. Le marchand de sable est passé. Un bonimenteur vous a fait boire. Vous a tenu des propos incohérents (« Non à 68, oui à 69 », « J’ai ta guitare qui me démange »…), qui à défaut de vous arracher des larmes vous ont fait pleurer de rire. Allons : vous étiez un peu ivre. Vous avez dit des choses que vous ne pensiez pas. Vous avez tiré sur le pétard avec le grand schtroumpf. Tout cela n’est plus très clair. Sauf ceci : là, vous émergez. Enfin, là vous allez émerger. C’est sûr : vous allez vous réveiller.

Ps : attention, l’alcool étant encore dans le sang, ne passez pas tout de suite aux antidépresseurs. On tient à vous. Vous avez du talent. Au plaisir.

Carla Bruni, la dame de cœur

Il était prévisible que les éditeurs ne laissent pas passer une telle aubaine sans réagir. Après les trois livres consacrés à Cécilia (ex-)Sarkozy, voici, en prévision, une même triplette consacrée à dame Bruni.

Le premier à nous arriver dans les librairies est le fait d’un éditeur belge : Luc Pire. Sous la signature de notre collègue Thierry Coljon. Un joli coup, comme on dit dans le métier, d’un David de l’édition face aux Goliath français.

Ce livre, réalisé en un temps record dès le lendemain de la promenade chez Mickey, est dès lors davantage un portrait bienveillant qu’une réelle biographie aux révélations croustillantes. En près de cent pages, Coljon aborde tous les aspects de la personnalité de celle qui fit la joie des magas people cet hiver. Et ce n’est pas fini. On y reviendra certainement lors de l’officialisation du mariage.

Carla Bruni, la dame de cœur nous emmène dans le Piémont de l’enfance de la belle, avant d’aborder les sunlights de la mode et les couloirs de la chanson, qu’elle fréquente auréolée de gloire publique, comme de reconnaissance critique. Avant un dernier chapitre sobrement intitulé « Nicolas ».

Ce qui nous permet de mieux faire connaissance avec cette « croqueuse de vie », gâtée et séductrice, qui trouble tous ceux qui la croisent. À commencer par l’auteur de ce livre.

Un joli cahier photos complète un ouvrage qui se lit comme un roman, celui d’une destinée exceptionnelle qui n’a pas fini de nous intriguer.

Carla Bruni,
la dame de cœur
Thierry Coljon
Editions Luc Pire, 96 pages + cahier photos de 8 pages,
15 euros

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