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« casse-toi, pauv’ con » bien des interrogations et les municipales

Publie le samedi 8 mars 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Le Temps I International I Article

« Sarkozy a des complexes qu’il ne surmonte pas »

Nicolas Sarkozy :« Le trait narcissique-compensatoire a des aspects positifs : c’est une personnalité inventive, imaginative, qui n’a pas peur de bousculer les règles établies. »

FRANCE. Le « casse-toi, pauv’ con » suscite bien des interrogations. Décryptage avec Pascal de Sutter, spécialiste du psychisme des hommes politiques.

Sylvain Besson, Paris
Samedi 8 mars 2008

Tapez « Sarkozy est-il fou ? » sur Google et vous obtiendrez 150000 réponses. Dont bon nombre sont effectivement des sites consacrés à la santé mentale du président français. Depuis le « casse-toi alors, pauv’ con » lâché à un importun au Salon de l’agriculture, le 23 février, la psychologie du chef de l’Etat est devenue l’objet d’analyses innombrables, quoique souvent farfelues.

François Léotard, ancien ministre de droite qui vient de publier un pamphlet anti-Sarkozy (Ça va mal finir, chez Grasset), livre un bon résumé des doutes qui pèsent sur le psychisme présidentiel. Les hommes politiques ont tous leur petit grain de folie, explique-t-il au Temps, car « la recherche du pouvoir implique un ego un peu différent ». Mais la « psychologie défaillante » de Nicolas Sarkozy l’inquiète : il décèle chez lui une « forme de narcissisme très forte », de l’agressivité et un « comportement infantile » qui seraient « le résultat d’une incertitude profonde sur lui-même ».

Ces critiques ne sont pas isolées. Sur Internet et dans les médias, le président français est décrit comme névrosé, borderline, dépressif... mais pour le psychologue belge Pascal de Sutter, professeur à l’Université de Louvain-la-Neuve, tous ces diagnostics sont faux. Interview.

Le Temps : Avant l’élection présidentielle, vous aviez décrit Nicolas Sarkozy comme une personnalité « ambitieuse-dominante » avec une tendance « narcissique-compensatoire ». Ce profil est-il encore valable aujourd’hui ?

Pascal de Sutter : Je pense que oui. Nicolas Sarkozy a fondamentalement des complexes sous-jacents qu’il ne parvient pas à surmonter. Même après avoir été élu, il doit prouver à tout le monde qu’il peut faire des choses extraordinaires. Contrairement à Jacques Chirac qui est devenu beaucoup plus calme après son élection, il doit toujours en faire trop parce qu’il a besoin d’être aimé, reconnu, admiré.

 D’où viennent les complexes que vous évoquez ?

 On a ri du fait qu’il ait évoqué son « enfance difficile » alors qu’il a grandi dans les quartiers bourgeois de l’ouest parisien. Mais dans ce milieu, il était le pauvre parmi les riches : son père avait plus ou moins disparu, sa mère dépendait de son oncle, on s’est beaucoup moqué de lui, de sa taille. Certes, il allait en vacances à Saint-Tropez, mais c’était dans la villa des autres. Normalement, une fonction de prestige permet de surmonter ces humiliations. Mais lui doit compenser continuellement, car même être président, ce n’est pas assez.

 Le fait d’être « narcissique-compensatoire » pose-t-il problème pour exercer ses fonctions ?

 Là où c’est embêtant, c’est sur la scène internationale, où son manque de retenue risque de le faire passer pour un guignol. C’est lié à sa difficulté à la modération : avant, il avait une carotte - devenir président - qui pouvait modérer son côté excessif, bagarreur de bas de gamme. Maintenant qu’il est au sommet, il n’a plus tellement de garde-fous. Cela dit, je ne m’inquiète pas trop pour lui car il va sûrement rebondir à la faveur d’un incident, d’une crise quelconque. Le trait narcissique-compensatoire a des aspects positifs : c’est une personnalité inventive, imaginative, qui n’a pas peur de bousculer les règles établies.

 La psychologie de Nicolas Sarkozy se rapproche-t-elle de celles d’autres dirigeants ?

 Churchill et de Gaulle étaient un peu dépressifs, François Mitterrand mégalomane... Je le comparerais plutôt à Napoléon, Mussolini ou au président américain Jimmy Carter.

 Nicolas Sarkozy est-il « fou », comme l’ont prétendu certains ?

 Non, c’est exagéré. Ce n’est pas le diagnostic que je poserais. Etre fou, pour moi, c’est être dysfonctionnel, c’est ne plus pouvoir assumer ses fonctions. Il n’en est pas au stade où il doit être hospitalisé. En revanche, il est probable que seul un grave échec personnel, comme se faire massacrer aux élections, pourrait le guérir.

*Ces fous qui nous gouvernent, comment la psychologie permet de comprendre les hommes politiques,Pascal de Sutter, Paris, Les Arènes, 2007.

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Municipales à haut risque pour l’UMP
Plusieurs grandes villes pourraient basculer à gauche dimanche.
Sylvain Besson
Cauchemar, Berezina, vote sanction... les prédictions les plus sombres se sont multipliées pour la droite française à l’approche des élections municipales, dont le premier tour se joue dimanche. Dans un contexte peu porteur - impopularité de Nicolas Sarkozy, morosité économique -, un recul limité suffirait à satisfaire le camp au pouvoir, qui avait conquis une quarantaine de villes lors des municipales de 2001.

Malgré la prétendue remobilisation de l’électorat de droite, que les attaques contre Nicolas Sarkozy auraient écœuré, les derniers sondages demeurent favorables à la gauche : celle-ci obtiendrait 44% des intentions de vote, selon un sondage CSA publié vendredi, contre 41% à la droite et 7% aux centristes de François Bayrou. Mais ces projections nationales comptent moins que les duels qui se livreront dans quelques villes décisives.

Ainsi, les socialistes ont de bonnes chances de conquérir Strasbourg et Toulouse, alors que la compétition à Marseille, tenue par un cacique du parti présidentiel UMP, Jean-Claude Gaudin, reste très serrée. La gauche devrait conserver sans aucun problème les mairies de Lille, Lyon et Paris. A l’issue du scrutin, Nice et Bordeaux - où l’ancien premier ministre Alain Juppé peut être réélu dès le premier tour - pourraient être les dernières grandes villes encore détenues par la droite. Quant à François Bayrou, ses ambitions nationales risquent de souffrir s’il n’est pas élu à Pau, dans le Sud-Ouest.

Durant la campagne, les partisans de Nicolas Sarkozy ont constamment hésité entre deux attitudes : faire de ces élections un test de soutien à ses réformes, ou insister au contraire sur leur aspect purement local. Aujourd’hui, le président affirme que le résultat ne changera rien à sa politique, et sans doute pas grand-chose à la composition de son gouvernement. Mais une chose est sûre : en cas de déroute spectaculaire, la droite pourra difficilement faire comme si de rien n’était.

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Petites phrases qui hantent son esprit
Sylvain Besson
Dans son livre Ces fous qui nous gouvernent, Pascal de Sutter décrit les pensées, ou « cognitions », qui influencent le comportement de personnalités « narcissiques compensatoires » comme Nicolas Sarkozy : « Tout le monde doit voir ma réussite pour ne pas voir mes défauts » ; « je suis tellement imparfait que je dois être approuvé d’autres manières » ; « je dois dominer la vie » ; « je dois être exigeant avec moi-même » ; « je dois toujours avoir raison (car reconnaître mes torts est humiliant) » ; « je dois transformer le monde autour de moi pour confirmer ma propre personnalité » : « je dois être un personnage hors du commun » ; « j’ai un immense désir de donner aux gens un sentiment de sécurité »...

Messages

  • Nicolas Sarkozy est-il « fou », comme l’ont prétendu certains ?

    Non, c’est exagéré. Ce n’est pas le diagnostic que je poserais. Etre fou, pour moi, c’est être dysfonctionnel, c’est ne plus pouvoir assumer ses fonctions. Il n’en est pas au stade où il doit être hospitalisé. En revanche, il est probable que seul un grave échec personnel, comme se faire massacrer aux élections, pourrait le guérir.

    Comment guérir Sarkozy ? Ben, un échec cuisant aux élections ! Si ça pouvait être vrai !!!

  • Tout ça c’est du vent !!
    Il est bien à sa place. (celle de l’américain) ???

    il n’est pas fou, il fait très bien avec son symptôme, et ce depuis longtemps.

    Cet homme est dangereux, justement parce qu’il n’est pas fou.
    Il ne compense rien du tout, et fait avec son symptôme de manière purement égocentrique comme nombre de comédien et d’escroc.

    Et il n’est surement pas surpris, de surprendre. (à réfléchir cette parole sibylline)

    Toute les autres interprétations ne que sont des interprétations de petits "bourges" qui essayent de se rassurer sur le dos de la folie.

    Il est à la bonne place pour appuyer une guerre le moment venu.

    Rien que de politique de droite dans tout ça !!