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contre-pied de l’idéologie bling-bling.

Publie le samedi 8 mars 2008 par Open-Publishing
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La France s’entiche de ces Ch’tis sans chichis !

PHÉNOMÈNE SOCIAL | 00h26 Dany Boon, devenu le Fernandel du Nord, a frappé fort. Il draine des millions de spectateurs. Et au bon moment. Il prend le contre-pied de l’idéologie bling-bling.

PATHÉ FILMS | POPULAIRE Bienvenue chez les Ch’tis mouche la superproduction Astérix au box-office. Une belle revanche des gens de tous les jours sur les Rolex, les yachts et les palaces, l’univers d’un certain Nicolas Sarkozy… JEAN-NOËL CUÉNOD / PARIS | 08 Mars 2008 | 00h26

Ce film est bien plus qu ’un film ! C’est devenu un phénomène de société, une folie collective. Foin des chichis, la France s’entiche des Ch’tis , croqués par l’un des leurs, l’acteur-réalisateur Dany Boon.

Bienvenue chez les Ch’tis bat tous les records : en quelques jours, il a drainé cinq millions de spectateurs, dépassant les scores d’ Astérix et des Bronzés , ces grosses machines du cinéma français. L’engouement atteint un tel niveau que le panneau signalant la ville de Bergues a été volé par des dingues de ce film, dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est, en effet, dans ce bourg appartenant au département du Nord que le long-métrage a été tourné. Aujourd’hui même, les autorités municipales inaugurent le circuit touristique des lieux du tournage. Apparemment, les Ch’tis – le surnom des habitants de la région – ne perdent pas le Nord !

L’agaçant luxe

Comment expliquer cette passion soudaine pour le pays des corons et des terrils ? Risquons deux hypothèses, qui peuvent s’additionner. Tout d’abord, ce film intervient au moment où une grande partie des Français exprime son ras-le-bol devant le comportement de nouveau riche incarné par le président Sarkozy et son entourage. La valse des Rolex, yachts Bolloré, palaces avec belles en Prada incorporées et autres Fouquet’series leur porte sur les nerfs. Surtout à un moment où nombre de ménages lorgnent avec angoisse le prix de l’entrecôte.

Le peuple réhabilité

En illustrant l’existence simple et attachante des gens de tous les jours, le film de Dany Boon les venge de cet étalage bling-bling. Il réhabilite un mot que l’on avait oublié : le peuple. Ce mot que les médias traduisent par « les anonymes » lorsqu’il s’agit d’évoquer une foule. Eh bien justement, ils ne sont plus anonymes, les femmes et hommes de la vraie vie ! Bienvenue chez les Ch’tis leur redonne un visage. Et une fierté.

L’autre hypothèse concerne surtout les élites parisiennes. Dans les années 40 et 50, le cinéma français célébrait la Provence et Marseille. L’accent de Raimu embaumait les salles enfumées de Paris. La Provence, c’était l’étranger de chez nous. Avec un petit côté jeune et rebelle qui charmait les intellectuels. En effet, le Midi de la France votait souvent à gauche.

La provence a vieilli

Et puis, la Provence a vieilli. Les retraités ont réchauffé leur âge à son soleil. Le vote Front National s’est répandu. Et c’est tout juste si, de Paris, le Sud était encore fréquentable. En tout cas, il a perdu sa capacité à fournir du rêve. Et il n’est désormais plus très gratifiant de s’y référer.

A l’opposé, cette région méprisée qu’était le Nord-Pas-de-Calais s’est relevée courageusement des ruines de la métallurgie et du charbonnage. Elle s’est mobilisée pour reconstruire sa société, qui est devenue plus ouverte. Le pays de Germinal s’est mué en modèle sympathique. Dès lors, Paris a placé sa boussole au Nord. Et s’est trouvé en Dany Boon un nouveau Fernandel.

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