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Pierre Méneton gagne son procès contre le lobby du sel

Publie le vendredi 14 mars 2008 par Open-Publishing

BONNE NOUVELLE / ET MERCI A TOUS CEUX QUI AVAIENT SIGNE LA PETITION DE SOUTIEN A CE CHERCHEUR INSERM

Pierre Méneton gagne son procès contre le lobby du sel
Un jugement qui confirme la nécessité d’une loi pour la protection des lanceurs d’alerte et de l’expertise indépendante

Paris, le 13 mars 2008 - Aujourd’hui à 13h30 la 17e chambre du TGI de Paris a rendu le verdict en délibéré du procès de Pierre Méneton. Le tribunal a acquitté le chercheur de l’INSERM dans le procès en diffamation intenté à son encontre par le lobby du sel, et a reconnu l’action de désinformation des lobbies, dont la plainte a été déboutée. La Fondation Sciences Citoyennes se félicite de ce verdict et renouvelle sa demande d’une loi de protection des lanceurs d’alerte et de l’expertise pluraliste et contradictoire.

Pour Pierre Méneton, « ce jugement reconnaît l’existence d’un lobbying actif autour du problème de l’excès de sel, et reconnaît surtout le lien entre lobbying et désinformation. Cette reconnaissance du travail de désinformation des lobbies est très importante, car il s’agit d’un problème récurrent dans les relations entre le monde économique et la sphère politique, qui affecte de nombreux enjeux sanitaires et environnementaux. »

André Cicolella de la Fondation Sciences Citoyennes estime que « ce jugement sur Pierre Méneton confirme la nécessité d’une loi donnant un statut aux lanceurs d’alerte et garantissant une expertise pluraliste. On ne peut accepter qu’un chercheur ou un citoyen soulevant une alerte touchant à la santé ou à l’environnement soit
traîné en justice. »

Pierre Méneton, qui travaille sur le sel au sein du département de Santé Publique et d’Information Médicale de l’INSERM, était poursuivi en diffamation par le Comité des salines de France (CSF), pour avoir affirmé lors d’une interview pour le magazine TOC en 2006 : « Le lobby des producteurs de sel et du secteur agroalimentaire industriel
est très actif. Il désinforme les professionnels de la santé et les médias ». Le tribunal n’a pas retenu le caractère diffamatoire de l’article. En France, l’excès de sel conduit à des milliers d’accidents cardiovasculaires par an.

Vendredi 14 mars, un autre lanceur d’alerte, Véronique Lapides, doit comparaître devant le Tribunal Correctionnel de Créteil en tant que présidente de l’association Collectif Vigilance Franklin (CVF). Mais, le maire de Vincennes ayant demandé le report de l’audience, et l’usage étant que le tribunal accepte ce report s’il y a accord entre les parties, ce qui est le cas, il est très vraisemblable que l’audience sera renvoyée à une date ultérieure.

Le CVF a lancé une alerte sanitaire en 2001, suite à l’apparition d’un excès de cas de cancers chez des enfants de l’école maternelle Franklin Roosevelt, située sur l’ex-site de l’usine Kodak à Vincennes. Malgré une pollution avérée, aucune mesure de dépollution du site n’a été entreprise, alors que cela a été fait sur un autre site Kodak à Sevran. En 2006 le CVF, cosignataire d’un tract mettant en cause la Préfecture et la Mairie pour leur refus de prendre leurs
responsabilités quant à la nécessaire dépollution du site, est assigné en justice pour diffamation par le Maire de Vincennes.

A l’invitation de Mme Blandin et de la Fondation Sciences Citoyennes, des lanceurs d’alerte comme Christian Vélot, Pierre Méneton, Véronique Lapides, Maurice Goudoin, des politiques comme Corinne Lepage ou Michèle Rivasi, des juristes, sociologues, représentants de syndicats et d’associations en discuteront le jeudi 27 mars au Sénat à l’occasion du colloque « Lanceurs d’alerte et système d’expertise : vers une législation exemplaire en 2008 ? »