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François Bayrou battu à Pau

Publie le dimanche 16 mars 2008 par Open-Publishing
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de Samuel Potier

Coup de tonnerre à Pau : selon les résultats officiels, le président du MoDem serait battu de 450 voix par son adversaire socialiste. Les bureaux de vote à peine fermés, ses partisans n’y croyaient déjà plus.

Moins de 1% des voix. A peine 450 voix d’écart. A 20 h 08, une puissante douche froide s’est abattue sur la tête de François Bayrou. Il ne sera pas le prochain maire de Pau. A peine les chiffres officiels indiqués par le bureau centralisateur des résultats situé au Pavillon des arts, la socialiste Martine Lignières-Cassou s’est proclamée vainqueur. Quelques minutes auparavant, les partisans de François Bayrou avaient pourtant explosé de joie en voyant les télévisions annoncer leur champion à égalité avec la candidate PS, à 39,3%.

Depuis la fermeture des bureaux de vote à 18h, les premiers bruissements et autres rumeurs s’étaient amplifiés minute après minute à la brasserie Royale, le QG de François Bayrou sur la place de la mairie. Confusion totale alors que le dépouillement s’accélérait : des dizaines de journalistes et de badauds ne savaient pas à quel chiffre se vouer. « Urieta, il n’avait qu’un but : ramener la tête de Bayrou à Nicolas Sarkozy », peste soudain une militante MoDem contre Yves Urieta, le maire sortant de Pau ex-PS soutenu par l’UMP. Depuis le premier tour (27,80% des voix), ses voix se sont évaporées. Pas suffisant pour que Bayrou rattrape son retard.

Ses ultimes coups de boutoir les jours précédents se seront donc révélés inefficaces. Dans des termes taillés à la serpe qu’il n’a pas l’habitude d’employer, il s’était posé en rempart contre « le socialisme archaïque, une gauche dogmatique avec une vision nuisible » qu’incarnerait Martine Lignières Cassou. S’emparant d’un sondage qui le donnait nettement battu au second tour (35% contre 41%), il avait tenté de galvaniser ses électeurs abstentionnistes du 9 mars…

Et de ramener les partisans de droite d’Yves Urieta dans son giron. « L’élection apparaît enfin clairement, ce n’est pas une triangulaire, sans ambiguïté, mais un duel », avait claironné Bayrou lors de sa dernière réunion publique jeudi soir. Sur le terrain jusqu’au bout, il s’était même montré samedi après-midi lors d’un match de rugby de Pro D2, perdu par la section paloise face à Béziers.

« Pas là pour faire tomber un homme »

La campagne s’est ensuite officiellement achevée samedi à minuit. Officiellement seulement, pas sur le terrain… La journée de dimanche a ressemblé à une partie de cache-cache entre les trois candidats. Arrivé peu après 9 h à son bureau de vote, au groupe scolaire, le député béarnais a distribué bises et poignées de main aux grands-mères, s’arrêtant à plusieurs reprises pour écouter et enregistrer des doléances.

A deux kilomètres de là, au Pavillon des arts où sont centralisés tous les résultats de la ville, Yves Urieta et Martine Lignières-Cassou glissaient à leur tour un bulletin dans l’urne. Interrogée par lefigaro.fr pour savoir si elle se voyait déjà comme la nouvelle Michèle Delaunay - la tombeuse d’Alain Juppé aux législatives -, elle jouait la carte modestie. « Les résultats seront beaucoup plus serrés que prévu. Je ne suis pas là pour faire tomber un homme, mais pour gagner à Pau. Uniquement. »

« On ne se débarrassera pas de moi ! »

Mais au fond, elle se voyait déjà maire, posant devant les photographes sur la corniche avec en arrière-plan la vallée d’Aspe et la chaîne des Pyrénées. Décor de carte postale qu’elle a également pu ensuite encore apprécier depuis la brasserie d’Aragon. Elle, à l’intérieur. Lui, à l’extérieur sur la terrasse, au soleil. Lui ? François Bayrou avait choisi le même endroit pour prendre son café. Elle viendra poliment lui serrer la main. Devant les caméras, sans un mot de plus. Elle n’entendra pas le leader du MoDem distiller une flopée de confidences aux journalistes au sujet de l’actualité politique nationale.

A Paris, à droite comme à gauche, ses adversaires se réjouissent d’ailleurs déjà de la chute du « Rastignac béarnais », comme ils le surnomment sans pitié. La capitale du Béarn ne deviendra pas le « laboratoire » du président du MoDem pour faire valider ses idées et son mode de gouvernance en vue de la seule échéance qui l’intéresse : la présidentielle de 2012. Pas dupes, une majorité d’électeurs viennent de lui faire payer. Dur, très dur, pour un « enfant du pays » qui vient d’hypothéquer en partie son avenir politique. Mais François Bayrou, qui a passé son dimanche après-midi en famille - marche et lecture au menu - l’a clairement redit au figaro.fr : « Je suis têtu, on ne se débarrassera pas facilement de moi ! »

[-http://www.leparisien.fr/home/info/politique/articles/PAU-BAYROU-BATTU_296139838]

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