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Hortefion à la tête de l’UMP ? Perpignan ? La france bascule...

Publie le lundi 17 mars 2008 par Open-Publishing

La France bascule, Sarkozy remanie
JOELLE MESKENS

lundi 17 mars 2008, 14:32

Nicolas Sarkozy essuie un sévère avertissement aux élections municipales. Seule Marseille reste à droite. La plupart des autres grandes villes basculent. Un vote sanction qui devrait pousser le Président à (ré)agir. Par ailleurs, le président d’un bureau de vote de Perpignan, soupçonné de fraude, a été placé en garde à vue.
L’édito de Joëlle Meskens : "Un avertissement cinglant à Nicolas Sarkozy".


Le président d’un bureau de vote toujours en garde à vue
« L’individu, actuellement auditionné par la police judiciaire, a été surpris dimanche soir, au moment du dépouillement, avec sept enveloppes, contenant toutes des bulletins de la liste Alduy, et trois bulletins de la même liste dans ses chaussettes », a expliqué la police.

D’après le code électoral, une fraude avérée serait passible de cinq ans d’emprisonnement et 22.500 euros d’amende.

Dimanche soir à l’Hôtel de Ville, Jean-Paul Alduy élu avec 45,48 % des suffrages, contre 44,11 % à son adversaire de la liste PS/MoDem, a proclamé sa victoire et a déclaré son intention de porter plainte contre le président du bureau de vote, frère d’un de ses adjoints.

Jacqueline Amiel-Donat, à la tête de l’alliance PS/MoDem qui s’est constituée entre les deux tours, entend déposer un recours en annulation auprès du tribunal administratif de Montpellier. Elle a invité ses sympathisants à venir manifester lundi soir à 18h devant la mairie, en agitant une chaussette à la main, pour rappeler la fraude présumée de dimanche soir.


PARIS

DE NOTRE ENVOYÉE PERMANENTE

De nombreuses grandes villes qui basculent de droite à gauche : Toulouse, Strasbourg, Saint-Etienne, Metz, Amiens, Reims, Caen, Blois. Des maires socialistes qui sont brillamment réélus, comme Martine Aubry à Lille et selon toute vraisemblance Bertrand Delanoë à Paris. Victoires symboliques pour le PS, comme la ville de Pau, qui échappe au président du MoDem François Bayrou. Des combats personnels perdus pour le gouvernement, tel celui du ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos à Périgueux.

Même si elle a pu conserver Marseille d’un cheveu, la droite a subi un cinglant revers, dimanche, au deuxième tour des municipales. La gauche a amplifié la poussée enregistrée dimanche dernier. Alors que l’abstention atteint un record (35 %), le rapport des forces national donne 49 % à la gauche et 47 à la droite.

Neuf mois après l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, la droite a reconnu sa première défaite électorale. Même si elle a refusé d’y voir un vote sanction contre la politique du gouvernement.

« En 2001, lors des dernières municipales, la droite et le centre l’avaient emporté. La gauche a partiellement rétabli la situation, a réagi le premier ministre François Fillon. Mais chaque commune a sa spécificité et vu la faible participation, le vote ne doit pas être instrumentalisé. »

Le chef de l’exécutif en tire la conclusion : son propre électorat a marqué son impatience et le gouvernement doit donc redoubler d’efforts pour réformer la France. François Fillon se dit convaincu que, si le doute s’est installé, c’est d’abord parce que les premières réformes socio-économiques n’ont pas encore produit leurs résultats. Et pour calmer le malaise social, il promet de redoubler d’efforts pour améliorer le pouvoir d’achat.

A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste avait averti les ambitieux, ces derniers jours : pas question de ramener la couverture à soi en cas de victoire.

Ségolène Royal, prenant des accents entendus lors de la dernière bataille présidentielle, ne s’est pas pour autant privée de parler de « vote d’espérance », en évoquant le message des Français qui souffrent d’« inégalité » et de « précarité ».

Une façon de se positionner avant le prochain congrès qui tranchera le futur leadership du PS ? Alors que François Hollande passera la main à l’automne prochain, la rivalité promet désormais de s’exacerber entre Ségolène Royal et son principal rival Bertrand Delanoë. Et leur duel promet d’être aussi une affaire de stratégie. Avec qui voudront-ils constituer une force d’alternance ? Avec les alliés traditionnels de la gauche ou avec le centre ? Cette élection municipale alimentera leur réflexion.

Car si François Bayrou échoue personnellement à Pau, son MoDem réussit dans bien des villes à faire pencher la balance là où il veut. Mais jusqu’ici, pas question pour le troisième homme de la présidentielle, même affaibli, de renoncer à sa nouvelle stratégie de constituer un grand centre indépendant des deux grands blocs politiques. « Un centre fort, c’est le seul moyen de mettre fin à l’instabilité chronique de notre vie politique », dit-il.

Comme la semaine dernière, Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de réagir « à chaud » dimanche soir. Le président, après de longs mois de décrochage dans l’opinion, cherche à prendre de la hauteur et à incarner différemment sa fonction. Depuis quelques jours, il se disait à l’Elysée qu’un remaniement « technique » du gouvernement pourrait avoir lieu dès cette semaine. Mais le Président, compte tenu de l’ampleur de la défaite, pourra-t-il se contenter de nommer quelques nouveaux secrétariats d’Etat ?

L’Elysée veut aussi revoir sa façon de communiquer. Un objectif essentiel pour Nicolas Sarkozy, selon qui le désamour de l’opinion reposerait sur des malentendus et sur l’exploitation de rumeurs. Son porte-parole David Martinon serait ainsi remercié au profit du fidèle Frank Louvrier, déjà responsable de la cellule « communication » lors de la campagne présidentielle. Une cellule de riposte aux attaques serait, elle aussi, à l’étude.

Quant au sort de Patrick Devedjian au secrétariat général de l’UMP, il n’est pas encore scellé. Mais l’homme passe déjà pour l’un des principaux responsables de la sévère défaite. En cause : mobilisation insuffisante de ses troupes, gestion désastreuse de la campagne municipale de Neuilly et main effrontément tendue à François Bayrou à qui il proposa une alliance nationale. Mais s’il devait rendre les clés du parti présidentiel, il faudrait lui trouver un successeur. Seul Brice Hortefeux aurait la carrure, dit-on. Mais Sarkozy devrait alors se priver de l’un de ses plus proches amis au ministère, très exposé, de l’Immigration et de l’Identité nationale.