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Contre journal ?? de lib : La DST version police politique

Publie le jeudi 27 mars 2008 par Open-Publishing
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La DST, version police politique

« Les policiers m’ont présenté des listes de responsables d’EDF pour que je désigne notre source. Je n’ai évidemment pas répondu à leurs questions » révèle Stéphane Lhomme, le porte- parole du réseau Sortir du nucléaire, placé en garde à vue pour la deuxième fois par la DST, mardi. Sous couvert d’une enquête sur les fuites, le contre-espionnage prend pour cible les écologistes.

Stéphane Lhomme : « Ce mardi 25 mars 2008, en tant que porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, j’ai été placé durant neuf heures en garde à vue au siège de la DST (Direction de la surveillance du territoire). Il s’agit de l’affaire du document "confidentiel défense" sur le réacteur nucléaire EPR, actuellement en construction à Flamanville (Manche). En novembre 2003, et à de nombreuses reprises, le réseau Sortir du nucléaire a fait savoir qu’il détenait un document d’EDF qui reconnaît, contrairement à la thèse officielle, que l’EPR n’est pas conçu pour résister à un crash suicide. J’ai même brandi ce document à la télévision, le 16 novembre 2004, lors de l’émission France Europe Express.

L’affaire n’a pas fait le bruit qu’elle méritait : en effet, l’EPR est le premier réacteur post-11 septembre 2001 et il est injustifiable que ce réacteur ne résiste pas à un crash suicide. Cette évidence a été bien perçue par les autorités françaises et les industriels du nucléaire, qui ont donc décidé de cacher la vérité. Ainsi, Mme Lauvergeon (présidente d’Areva) a déclaré à de nombreuses reprises que : "le réacteur EPR a été conçu pour résister à tout, y compris aux chutes d’avion." Or, le fameux document confidentiel défense reconnaît que : "Les hypothèses relatives à l’impact [d’un avion, ndlr] doivent assurer une couverture raisonnable du risque et ne peuvent prétendre couvrir toutes les éventualités." L’aveu est clair et sans appel. On trouve dans ce document des raisonnements biscornus : "Compte tenu qu’une centrale nucléaire ne forme pas une très grosse cible et qu’elle est nettement moins haute qu’un immeuble de grande hauteur, il est sans doute assez difficile pour un pilote non chevronné de viser très précisément une zone sensible." C’est d’autant moins convaincant que, le 11 septembre 2001, des pilotes non chevronnés ont malheureusement prouvé le contraire. Mieux : "Un impact en vol horizontal stabilisé supposerait un vol à très basse altitude, à peu près impossible à envisager, sauf peut-être pour certains sites en bord de mer". Or, l’EPR est justement prévu…pour être installé en bord de mer. Il ne résisterait pas à un crash suicide.

Conclusion claire, mais intolérable pour l’Etat pronucléaire. La DST a fait irruption dans cette affaire, en me plaçant une première fois en garde à vue, le 16 mai 2006. Je n’ai bien sûr pas répondu à la question : "Qui, à EDF, a fourni des informations sensibles au Réseau Sortir du nucléaire ?" Pour la seule détention du document confidentiel, je risque cinq ans de prison et de lourdes amendes. La DST s’est emparée chez moi de dizaines de documents et de matériel informatique dont nous attendons toujours la restitution.

Après cet épisode, le réseau Sortir du nucléaire, de nombreuses associations et plusieurs parlementaires ont simultanément mis en ligne sur leurs sites web respectifs le fameux document confidentiel défense. Par cette action de désobéissance citoyenne, nous ne mettions personne en danger puisque l’EPR n’existait alors que sur le papier, et n’est aujourd’hui encore qu’au début de sa construction. La DST a poursuivi ses "recherches". Lors de ma garde à vue mardi, les policiers m’ont présenté des listes de responsables d’EDF pour que je désigne notre source. Je n’ai évidemment pas répondu à leurs questions.

Divers décrets ont été pris ces dernières années, visant sans le dire les militants antinucléaires, afin de pouvoir les arrêter dès que "nécessaire". Cette affaire démontre une nouvelle fois que nucléaire et démocratie sont incompatibles. Et la DST est là pour surveiller, arrêter, perquisitionner les citoyens qui s’intéressent d’un peu trop près au nucléaire. »

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