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Nucléaire : La vérité inquiète

Publie le vendredi 28 mars 2008 par Open-Publishing

Nucléaire : La vérité inquiète

Pour avoir rendu public un document classé "confidentiel défense", Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire", a été placé en garde à vue mardi, dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire. Le document en question prouve que les réacteurs de type EPR ne sont pas conçus pour résister au choc d’un avion de ligne. Il risque cinq années d’emprisonnement.

L’annonce a été faite par José Bové. Mardi en début d’après-midi, le militant écologiste annonçait que Stéphane Lhomme avait été placé en garde à vue dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST).

En mai 2006, le porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire" s’était procuré, par l’intermédiaire d’un employé d’EDF, un document prouvant que les réacteurs EPR, comme celui qui est actuellement en construction à Flamanville (Manche), ne sont pas en mesure de résister à un "crash suicide". La simple détention de ce document classé "confidentiel défense" l’expose à une peine de cinq années d’emprisonnement et à une amende de 75 000 euros.

Ce n’est pourtant pas pour le document en lui-même que Stéphane Lhomme a rejoint les locaux de la DST, mais pour l’avoir rendu public en le diffusant sur internet. En mai 2006, au commencement de l’affaire donc, la DST avait, sur ordre de la section antiterroriste du parquet de Paris, perquisitionné le domicile du militant bordelais et saisi du matériel informatique et des dizaines de documents, dont une copie du document à l’origine de la perquisition. Le lendemain de cette action policière, l’association décidait de rendre publique l’information en la diffusant sur son site internet.

"Je suis prêt à assumer les conséquences"

Stéphane Lhomme, s’il encourt une lourde sanction, n’est pas la principale cible de la DST, qui s’intéresse davantage à la source du problème, l’employé d’EDF. "Les policiers de la DST ont tenté d’identifier la source de l’information chez EDF. Ils m’ont présenté une liste d’une vingtaine de personnes travaillant dans l’entreprise mais ils n’ont pas avancé sur cet aspect du dossier", a déclaré le militant. Après dix heures de garde à vue et d’interrogatoires, l’homme a en effet été relâché.

Dès sa sortie, l’association "Sortir du Nucléaire" confirmait les dires de son porte-parole : "Au cours de son interrogatoire, Stéphane Lhomme n’a donné aucune information qui permette de remonter jusqu’à la personne d’EDF qui a pris le risque et la responsabilité de transmettre ce document", pouvait-on lire dans un communiqué.

Pour Denis Baupin, élu Vert de la mairie de Paris, "Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire a le seul tort d’avoir alerté le grand public sur les risques avérés, et secrètement exposés par EDF, en cas d’attaque aérienne sur le nouveau réacteur nucléaire EPR. La seule réponse du pouvoir : s’abriter derrière le secret défense et menacer et poursuivre les lanceurs d’alerte."

Soutenu par l’ensemble des acteurs du milieu associatif écologiste, Stéphane Lhomme pourrait être poursuivi pour "compromission du secret de la défense nationale", un délit passible de cinq ans de prison et 75000 euros d’amende. "On m’a très clairement laissé entendre que je serai mis en cause dans le cadre d’un procès", a-t-il confirmé, avant de revendiquer son acte : "Je suis prêt à assumer les conséquences d’un acte citoyen consistant à faire connaître la vérité sur un sujet aussi grave que l’énergie nucléaire et les risques extrêmes qu’elle fait courir."