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La famine s’étend avec l’augmentation des cours mondiaux

Publie le vendredi 4 avril 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

de Barry Mason

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a prévenu que la montée des cours mondiaux des denrées alimentaires réduira sa capacité à ravitailler les personnes affamées et mal nourries.

S’exprimant le mois dernier à Rome, où le PAM est installé, sa directrice exécutive, Josette Sheeran, a déclaré "Notre capacité à accéder aux gens diminue juste au moment où les besoins augmentent... Nous faisons face à un nouvel aspect de la faim, les gens sont exclus du marché de la nourriture parce qu’ils n’ont pas les moyens d’en acheter... Des situations qui n’étaient pas urgentes par le passé le deviennent maintenant. "

Dans un communiqué de presse, le PAM a présenté une nouvelle estimation des fonds dont il a besoin cette année pour son action qui s’élève à près de 3,5 milliards de dollars (un peu plus de 2,2 milliards d’euros), soit un demi-milliard de dollars de plus que l’année dernière. Cet argent est destiné aux projets approuvés qui ravitaillent 73 millions de personnes dans 78 pays de par le monde. Le communiqué fait remarquer que cet argent ne concerne que les plans d’aide alimentaire déjà établis et n’inclut pas les urgences imprévues qui pourraient se manifester.

Il note également que les personnes les plus pauvres sur Terre devront dépenser une portion croissante de leurs maigres revenus pour la nourriture. Le PAM annonce que ces gens seront contraints d’acheter moins de nourriture, ou des aliments moins nutritifs, ou de dépendre d’une aide extérieure.

Parmi les pays qui seront les plus affectés, on compte le Zimbabwe, l’Érythrée, Djibouti, la Gambie, le Togo, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Sénégal, tous sur le continent africain. Seront également affectés : Haïti, le Myanmar (ex-Birmanie), le Yémen et Cuba.

Le PAM déclare que parmi les facteurs qui poussent à l’inflation sur les aliments figurent la hausse des prix du pétrole et l’augmentation de la demande de nourriture, particulièrement la viande, en Chine et en Inde. Cette augmentation de la demande est une des conséquences de la rapide augmentation du pouvoir économique de ces pays.

Les événements météorologiques liés au réchauffement climatique ont également joué un rôle dans la hausse des prix. L’usage croissant des céréales pour produire des biocarburants est un autre facteur qui est à l’oeuvre sur le marché.

Mark Thirlwell, écrivant dans le Financial Times du 26 février, a fourni quelques données sur l’ampleur de la menace qui pèse sur les réserves de nourriture. Il fait remarquer que les cours mondiaux des denrées alimentaires ont augmenté de 75 pour cent depuis le nouveau millénaire, et ils ont augmenté de 20 pour cent, rien que l’année dernière. La consommation de viande et de soja de la Chine a augmenté de 40 pour cent ces dix dernières années, en même temps que son économie commençait à décoller.

Il fait remarquer qu’alors que par le passé, les augmentations des prix de la nourriture étaient atténuées par des augmentations ultérieures de la production, cela risque de ne pas être le cas cette fois-ci.

Il affirme que la hausse des prix du pétrole et le décollage consécutif de la production de biocarburants auront un impact à long terme sur l’offre de nourriture. De plus en plus, les champs seront cultivés pour répondre à la demande accrue en biocarburants plutôt que pour la nourriture.

Le fait que les dépenses alimentaires représentent une plus grande part des revenus des pauvres dans les pays dits sous-développés va aggraver leur situation déjà difficile. Thirlwell écrit : «  Alors que la part de la nourriture dans le panier du consommateur d’un pays riche, comme les États-Unis, est relativement faible, environ 10 pour cent, il est d’environ 30 pour cent en moyenne en Chine et de plus de 60 pour cent en Afrique sub-saharienne. Les pays qui sont les plus vulnérables sont les pays à faible revenus et importateurs nets de nourriture. Des prix alimentaires plus élevés alourdissent les factures des importations, qui ont souvent déjà été mises à rude épreuve par le prix élevé de l’énergie. Un certain nombre des économies les plus pauvres tombent dans cette catégorie et sont largement dépendantes de l’aide alimentaire pour subvenir à leurs besoins. Mais le volume global de ces aides stagne depuis les deux dernières décennies et, ce qui est pire, la quantité d’aides apportée tend à baisser avec l’augmentation des prix, étant donné qu’une grande part de ces aides correspond à une somme annuelle fixe. »

Il indique que ceux qui courent le plus grand risque sont les pauvres des zones urbaines. Alors que dans beaucoup de pays d’Afrique sub-saharienne, une grande partie de la population assure sa propre subsistance en cultivant la terre, la tendance chez les pauvres est de quitter la terre et d’aller vers les centres urbains en expansion.

La tendance à se tourner vers les cultures pour les biocarburants a un impact en Afrique. Le Ghana, le Bénin, l’Éthiopie, l’Ouganda, la Tanzanie, la Zambie et l’Afrique du Sud ont tous des projets pour produire des cultures à biocarburants.

Un rapport publié dans l’Indépendant, le 16 février, expliquait qu’une réunion du Réseau africain pour la biodiversité s’était tenue en Afrique du Sud pour débattre de la production de biocarburants. L’article cite un environnementaliste nigérian respecté, Nnimmo Bassey, qui a déclaré : « L’Afrique est un continent largement ouvert et l’industrie énergétique veut en profiter... C’est un retour aux plantations coloniales. »

L’article poursuit : « Des savanes de l’Afrique de l’Ouest aux forêts tropicales du Congo, les plaines de Tanzanie et les zones sauvages Éthiopie, les gouvernements accordent d’immenses portions de terre aux compagnies privées pour convertir la biomasse cultivée sur de grandes plantations en carburants liquides pour les marchés d’exportation. Les dirigeants africains comme le sénégalais Aboulaye Wade prédisent une "révolution verte" et lorgnent avec espoir vers des exportations lucratives. »

Le changement climatique affectera aussi la production agricole en Afrique. Un rapport récent de l’Université de Stanford prédit une baisse de près d’un tiers de la culture de base qu’est le maïs, en conséquence du changement climatique, pendant les vingt années à venir.

Une autre étude menée par le Centre pour les politiques environnementales et économiques en Afrique (CEEPA), qui est installée en Afrique du Sud, affirme que l’Afrique perdra environ 4 pour cent de ses terres cultivables au cours des 30 prochaines années, et qu’elle en aura perdu environ 18 pour cent à la fin du siècle.

L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a annoncé qu’elle allait réduire la quantité d’aide alimentaire qu’elle fournit. Elle justifie cette décision par la récente augmentation marquée du prix des marchandises, qui l’ont laissée avec un déficit budgétaire de 120 millions de dollars.

Amy Barry, une porte-parole d’Oxfam [confédération d’associations de lutte contre la pauvreté] sur le commerce, a déclaré dans l’Observer du 2 mars : « De plus en plus de gens vont devoir faire face à des pénuries de nourriture à l’avenir... Étant donné ce qui se passe à cause de la hausse des prix de la nourriture, nous devons réfléchir aux effets que cela aura sur les gens [dans les pays en voie de développement] qui dépensent jusqu’à 80 pour cent de leurs revenus en nourriture. »

L’impact de la crise économique du système capitaliste aura un effet dévastateur sur les vies de certains des habitants les plus pauvres de la planète.

http://internationalnews.over-blog.com/article-18450564.html

Article original en anglais, WSWS, paru le 29 mars 2008.

Messages

  • Josette Sheeran avait déjà fait une intervention devant la parlement européen. Jacques Diouf le directeur de la FAO en fin 2007 s’était alarmé de cette situation, mais surtout début 2007 Castro avait dénoncé le transfert des denrées alimentaires vers les agro-carburants. Donc la primauté est mise sur l’agro-business afin de faire fonctionner les bagnoles, et non pour nourrir les humains, jour après jour on s’aperçoit des catastrophes humanitaires en devenir. D’ailleurs la propension à vouloir imposer les OGM fait partie du programme des capitalistes qui par ce biais voudrait augmenter la production de matière premiers végétales pour fabriquer de l’éthanol, marché juteux à l’avenir fleurissant...

  • Tout ça pour enrichir les spéculateurs. Spéculateurs qui sont, principalement, les banques, les fonds et les Etats. Etats qui nous disent d’un autre côté qu’il faut nous serrer la ceinture, voir l’innénarable représentant des frontistes avinés au pouvoir.

    90% des échanges boursiers sont spéculatifs. Si les matières premières flambent, si l’énergie flambent c’est parce que les gros investisseurs achètent à fond. Tout en s’arrangeant pour que les rumeurs de baisse d’extraction, de difficulté de production enflent, grace aux suceurs des médias publics et privés.

    Evidemment, on reçoit des factures qui sont aujourd’hui, pour l’énergie, 4-5 fois plus élevées qu’il y a deux ou trois ans, évidemment le pain a été multiplié par 2 depuis 7 ans, évidemment les prix, quoiqu’en conclue la commission bidule des mercenaires au pouvoir, augmentent de 30% à 50 en un an, évdimment quelques dizainess de noirs, d’arabes et d’asiatiques vont rester au tapis, l’estomac définitivement vide.

    Who cares ?...

    Quand est-ce qu’on descend dans la rue pour de bon ?...C’est-à-dire sans attendre ni espérer les mots d’ordres, l’ébranlement des partis et syndicats du système ?...

    Soleil Sombre

  • L’OLIGARCHIE ET LA DROITE ULTRA CONSERVATRICE AFFAMENT LES PAUVRES

    Le SCANDALE numéro un de l’année 2008 et qui risque de durer si on ne fait rien est traité dans un petit article en pages intérieures une journée pas plus, ou pire encore censuré dans la majorité des media. Le sujet fait peut être désordre pour les groupes de l’oligarchie propriétaires des media ou prescripteurs de la manne publicitaire. 1% des 1000 milliards de dollars de recettes pub permettrait de résoudre le problème.

    La réalité du marché mondial de l’alimentation devrait être enseignée dans toutes les écoles du monde. Ce n’est pas la loi du marché équitable telle que nous le serine la propagande réactionnaire, mais la loi des plus riches. L’offre est sous la coupe des grands groupes spécialisés et financiers qui manipulent les cours. La demande priorise les riches (marchés du biocarburant, de la viande) et exclut le milliard de très pauvres. Le marché oligarchique tue. Retenons ces statistiques : 1000 MILLIARDS de $ payés par les banques centrales et contribuables pour les environ 100 groupes de l’oligarchie financiére privée à qui la droite en France et ailleurs a déjà donné le privilège exorbitant de la création monétaire. Mais on ne peut pas accorder soi disant 100 MILLIONS de $ pour les un milliard de très pauvres dont beaucoup sont en train de passer de la malnutrition à la disette puis à la famine : 10 MILLIARDS de$ quasi certains par groupe d’un côté, 10 CENTS, et ça reste encore trop pour l’oligarchie, par très pauvre de l’autre.

    La droite qui a picoré quelques années à gauche (Kouchner et son quartet de social traitres) présente au nom de toute la droite la chose en premier lieu comme une catastrophe "naturelle" alors qu’il s’agit bien sûr d’une catastrophe économique, sociale et surtout politique. On sait ce qu’il faut faire, le problème est à 99% politique, par exemple : 1- accroitre fortement l’aide alimentaire d’urgence 2-taxer les agrocarburants qui sont plus rentables que la nourriture pour les pauvres ; 3-informer et taxer le cas échéant la surconsommation de viande des riches à l’origine de multiples maladies et prioriser les protéines d’origine végétale qui consomment sept fois moins de céréales que par ex. la viande de boeuf ; 4- réorienter la politique agricole des pays pauvres prioritairement vers les produits alimentaires de base autoconsommés et non vers les exportations ; 5- Rétablir d’urgence le protectionnisme agricole pour les pays en développement qui sont soumis au dumping des céréales subventionnées du Nord. 6-Prioriser l’éducation de base de tous, particulièrement des filles et femmes les plus opprimées et analphabètes, ce qui permettra d’ajusterprogressivement la fécondité en fonction de la baisse de la mortalité dans les pays les plus pauvres et d’améliorer les techniques et la production.

    • UNE MINUTE DE REFLEXION !!!!!!
      Avril 14, 2008 at 2:50 | In Economie, Politique, Société | No Comments | Edit this post
      Tags : UNE MINUTE DE REFLEXION !!!!!!

      1 Minute de réflexion :

      A toutes les Vaches à lait de France mais aussi de toute l’Europe.

      1) - un peu d’histoire

      En l’an de grâce 2000 après JC
      nous avions 1 Dollar à 1.2 Euros et 1 Baril de Pétrole à 60 Dollars
      soit le Baril à 72 Euros
      et on payait 1.00 Euro / litre de gazole

      2) - de nos Jours en 2008 après JC
      Nous avons 1 Dollar à 0.65 centimes d’Euro et 1 Baril de pétrole qui a explosé à prêt de 100 Dollars.
      soit le Baril à 65 Euros (puisque son cours s’exprime en dollars)
      et on paye 1.25 Euros / litre de gazole et même1.35 €

      Et là, très chères Vaches à lait
      Posez-vous la question suivante :
      Si le Baril est moins cher pour nous, en Europe, qu’en 2000
      Pourquoi l’essence est elle 25% à 30 % plus chère qu’en 2000 ?

      Il y en a qui doivent se remplir les poches !!!!!

      Les pétroliers, évidemment, mais aussi les Etats, à travers les taxes qu’ils prélèvent et pas seulement eux, voyez plus bas.

      Alors très chères Vaches à lait
      continuez de travailler sagement car le jour viendra ou le dollar remontera et là je vous dis même pas les conséquences ! « On » vous expliquera que, comme le dollar augmente, « on » est obligé d’augmenter le gazole !!

      Mais, si nous voulons relier cette question avec le prix des matières premières et les Emeutes de la faim dont nous avons parlé sur ce blog, nous dirons que la question est voisine.

      Les matières premières flambent parce que les Hedge Funds et tous les spéculateurs mondiaux, après les pertes enregistrées sur les marchés actions, ont investi massivement les marchés de matières premières – dont le pétrole mais pas seulement le pétrole – La finance mondialisée a aussi investi les marchés des matières premières !!

      C’est donc pour plus de profit que les plus riches de la planète affament aujourd’hui les plus pauvres.

      Pendant ce temps, les Etats qui ont abdiqué toute indépendance, regardent le spectacle mais n’oublient cependant pas de prélever leurs taxes !! Faut bien vivre, n’est-ce pas et, pourquoi pas, s’agissant de la France, faire le cadeau d’un « paquet fiscal » aux amis !!

      Et que dit la « vieille gauche » ?

      Rien, messieurs-dames !! Elle ne dit rien !!

      Elle n’a plus rien à dire !!

      Guy Dutron
      14 - 04 - 2008

      voir aussi sur :
      http://dutron.wordpress.com/